Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

Seymour à Cardwell, no 69

En lien avec les dépêches notées dans la marge*, j’ai l’honneur de vous informer que les chefs chilcotins Klatsassin et Telloot ainsi que trois de leurs complices qui avaient activement participé aux massacres des Blancs ont été exécutés dans le village de Quesnel Mouth le mercredi 26 octobre à 7 h du matin. Le Shérif m’a informé « qu’environ 250 personnes étaient présentes, qu’elles se sont bien comportées et que toute l’affaire s’est déroulée avec dignité et décorum ».

2. Les meurtriers ont été jugés au cours d’un procès mené de manière formelle. J’ai examiné le procès-verbal du juge avec les membres du Conseil et les preuves contre les prisonniers étaient concluantes. Ils ont reconnu leur culpabilité même s’ils étaient représentés par un avocat. Le juge leur a demandé quel était le châtiment des meurtriers dans leur loi. Ils ont répondu : « la mort ». J’ai donné instruction de permettre à Klatsassin de se pendre lui-même, tel qu’il l’avait demandé lors de sa reddition, mais, au dernier moment, il a préféré mourir comme les autres. Un ministre du culte a accompagné les meurtriers au cours des derniers jours de leur vie. Ils ont admis la justesse de leur sentence et sont morts dans le plus grand calme.

3. Sur l’échafaud, Telloot, qui était un vieil homme, s’est adressé aux Indiens d’Alexandria. Sa dernière prière était qu’ils fassent la paix avec les Chilcotins et il les a exhortés à arrêter de se battre contre leurs voisins autochtones et contre les Blancs.

4. J’avais demandé au juge Begbie de s’enquérir auprès de Klatsassin sur les raisons de sa reddition. Le Juge a visité les prisonniers après que la sentence eût été prononcée et lui a posé la question. Il semble que Klatsassin espérait que je sois encore avec les volontaires. La protection que j’avais accordée à Ulnas l’a amené à espérer une quelconque clémence. Cependant, il a admis que son cas était désespéré. Il n’avait plus de farine, ne pouvait pas chasser, n’avait aucun poisson et ne pouvait allumer aucun feu.

5. Deux prisonniers ont été acquittés bien que Klatsassin eût déclaré qu’ils étaient des meurtriers. Un autre s’est échappé en route vers New Westminster pour subir son procès.

6. Les malheurs résultant du massacre de Bute Inlet et la rébellion qui s’en est suivie ne sont pas encore terminés. Malheureusement pour lui et pour son peuple, Anaheim, le chef chilcotin dont le territoire s’étend du sommet des montagnes Cascade jusqu'à proximité du lac Benshee, ne s’est rendu qu’après la fin de la saison de la pêche et de la récolte des fruits. Nos volontaires ont bien fait leur travail et l’on rapporte que les partisans d’Anaheim, hommes, femmes et enfants, sont affamés. Je joins copie de la correspondance que j’ai échangée avec le contre-amiral Denman à ce sujet. Vous remarquerez que j’envoie de la farine pour nourrir nos anciens ennemis.

7. M. Ogilvy, le gentleman chargé de cette mission, possède une connaissance intime du caractère indien. Je crois qu’il a lui-même du sang indien. Il a été commandant adjoint des forces de M. Cox après la mort de M. McLean. Il pense que ma démarche aura un effet des plus salutaires sur les autochtones.

8. Je me permets de mentionner dans cette dépêche, qui je l’espère sera la dernière au sujet des massacres, que je présenterai à M. Brew et à M. Cox, avec le consentement du Conseil exécutif, de très belles pièces d’argenterie d’une grande valeur intrinsèque, en reconnaissance des services rendus pour la répression de la récente insurrection.

Veuillez agréer etc.

*Gouverneur au secrétaire d’état :
No 7, 20 mai 1864
No 25, 30 août 1864
No 37, 9 septembre 1864

Pour le procès-verbal, voir la dernière page des pièces jointes
TFE 14 juillet

M. Elliot

Accuser réception du rapport de l’exécution des cinq Indiens trouvés coupables du meurtre des travailleurs des chantiers routiers à Bute Inlet.

Les volontaires semblent avoir été presque trop efficaces dans leur travail puisque les familles des Chilcotins qui ont été poursuivis avec tant d’acharnement n’ont pu faire leurs réserves pour l’hiver et sont maintenant victimes de la famine. Touchées par cette détresse, les autorités coloniales leur font parvenir de la nourriture. Il est à espérer que la sévérité du châtiment ainsi que la générosité des autorités produiront une longue et saine impression parmi les Indiens de Colombie-Britannique et qu’ils n’auront plus recours à ces crimes si violents et non provoqués tels que ceux qui ont été commis à Bute Inlet.

M. Cardwell approuvera probablement la décision du gouverneur Seymour d’envoyer des vivres aux Indiens dans ces circonstances et, bien que je ne sois pas partisan d’éloges abondants, je pense que puisque l’expédition a connu un dénouement si positif, sauf pour les Indiens qui ont été pendus, les volontaires auront bien mérité des félicitations* de la part de M. Cardwell pour les services rendus et pour leur conduite remplie d’ardeur et d’efficacité.
ABd 14 février

*J’ai appris par la suite que d’amples louanges ont été adressées par M. Cardwell à toutes les personnes concernées dans une dépêche en date du 1er décembre dernier.
ABd 14/2

Tout de même, quelques mots pour exprimer toute notre satisfaction ne seraient-ils pas appropriés?

TFE 14/2
CF

Exprimer notre satisfaction du fait que justice ait été rendue et que nous espérons que cela produira une impression salutaire sur la race autochtone.

Ajouter que j’approuve entièrement les mesures prises par le gouverneur Seymour, mesures guidées par un sentiment d’humanité et, sans aucun doute, par de réels principes de gouvernance, afin d’apporter secours aux Indiens qui souffrent de famine.
EC 20 fév.

Pièces jointes :

Seymour au contre-amiral Denman, 14 novembre 1864, demandant qu’Ogilvy soit amené à Bella Coola dans une canonnière pour surveiller les Indiens qui s’installent dans la région et dont on a rapporté qu’ils étaient affamés.

Denman à Seymour, 24 novembre 1864, l’informant que le Forward serait envoyé à Bentinck Arm si le Gouverneur était certain qu’une telle action était nécessaire.

Seymour à Denman, 28 novembre 1864, l’informant que l’utilisation de la canonnière serait des plus souhaitables étant donné qu’il pourrait y avoir de l’agitation causée par des autochtones souffrant de la faim.

Également :

Projet de réponse, Cardwell à Seymour, no 10, 24 février 1865.

Source: Great Britain Public Record Office, Colonial Office Records, CO 60/19, p. 386, 1374, Frederick Seymour, Lettre à Cardwell, no 69, sent 23 novembre 1864, received 13 février 1865.

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