WOHNEDA LODGE
Situé dans un cadre enchanteur
près du célèbre bassin d’Annapolis
et près des territoires de chasse
A. M. Gidney, Propriétaire

Smith’s Cove, N.-É., 5 sept. 1908

L’honorable A.W. Savary
Annapolis

Cher juge Savary

J’ai reçu votre missive, je vous envoie la réponse à vos questions au sujet de « Jérôme. » En passant, je ne l’ai jamais entendu employer les mots Jérôme ou Colombo. Il est possible que ce dernier ait été le nom du bateau sur lequel il avait voyagé clandestinement.

M. Samuel Gidney en route de Sandy Cove vers Boston a accosté à Machins (Maine) un des habitants de l’endroit est monté sur son bateau et en apprenant que la goélette venait de Sandy Cove a demandé si Gidney avait déjà entendu parler d’un homme sans jambes laissé sur le rivage de l’endroit. Il a ensuite raconté l’histoire suivante. Un passager clandestin sur un bateau italien qui avait embarqué de la marchandise dans un port du N.-B. entre Saint John et l’État du Maine avait été débarqué. En tentant de traverser un étang sur des billots il avait perdu l’équilibre et était tombé dans l’eau. Après être sorti de l’étang, il a passé la nuit dans un moulin à scie. C’était en plein mois de mars et comme la température était extrêmement froide ses jambes étaient grièvement gelées. C’est pourquoi il avait été nécessaire de les amputer.

Les gens de l’endroit avaient donné à l’Américain qui pêchait le long de la côte du N.-B., dans un petit bateau, cinq dollars pour aller porter l’infirme en Nouvelle-Écosse. C’est ce qu’il a fait en le déposant à Sandy Cove.

Quand je l’ai vu j’ai vu Jérôme le lendemain qu’il ait été débarqué sur le rivage il a répondu ou du moins tenté de répondre volontiers aux questions.

Il a nommé le gréement de différents navires de la Baie.

J’ai entendu les mots « Si Si » souvent et à voir la façon qu’il avait de les utiliser, j’ai cru qu’ils signifiaient « oui »

Il semblait être plutôt faible d’esprit. Peut-être que cette impression était due au fait qu’il ne parlait pas notre langue.

Je serai enchanté monsieur vous avez en tout temps Si vous décidez de venir à Smith’s Cove cette semaine envoyez-moi une note et je vous retrouverai à la gare avec un cheval.

Veuillez agréer mes sentiments les plus sincères A. M. Gidney

Source: Nova Scotia Archives and Records Management, A.W. Savary Correspondance, MG 100 Vol. 169 #23d, A. M. Gidney, "Lettre d’A. M. Gidney à A. W. Savary, 05/09/1908," 5 septembre 1908.

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