Au rédacteur en chef du Freeman.

Monsieur :- la conduite des scélérats inhumains qui, afin de libérer la paroisse de Chipman, c. de Q., de son fardeau, ont volontiers exposé un pauvre Italien handicapé aux dangers de la famine à Little River, dans l’État du Maine, a fait l’objet de commentaires durs mais justifiés dans votre parution du 15 courant. Toutefois, comme vous semblez enclin à attribuer cette conduite barbare aux contribuables de la paroisse en général ou aux juges de paix du district, je désire vous assurer que ceux-ci ne sont en aucune manière responsables d’un tel outrage contre l’humanité. Les charges sérieuses ne peuvent être portées que contre les commissaires des pauvres du district qui ont pris les arrangements, selon mes renseignements, avec le [[italic]]percepteur des impôts[[/italic]] pour amener le malheureux à la ville dans le but de s’en débarrasser en l’envoyant au consul italien de Liverpool. Ils se sont entendus, je crois, pour la somme de 100 $, et les responsables de la paroisse croyaient jusqu’à tout récemment que le travail avait été accompli selon des modalités très raisonnables. J’ai été grandement satisfait que l’enquête mène à la dénonciation de ce marché profondément injuste, ce qui prouve aux personnes impliquées qu’elles ne peuvent se rendre coupables de tels actes sans être, tout au moins, exécrées de toutes les personnes bien pensantes de la province, même si elles réussissent à échapper aux sanctions que devrait leur imposer notre société civilisée. Quant aux contribuables, tout ce qu’un grand nombre d’entre eux savent à propos de la gestion des affaires de la paroisse, tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils doivent payer leurs impôts et ils succombent, lors des élections annuelles de la paroisse, à l’influence ou au tapage de ceux qui y participent et qui, malheureusement, ne sont pas toujours des adeptes de la modération. Quelques-uns des citoyens les plus respectables et les plus âgés s’abstiennent carrément de voter, croyant à tort qu’il est inutile de tenter de s’opposer, alors que des hommes de la trempe de ceux qui sont maintenant catalogués comme responsables d’un important crime public sont ceux que la paroisse choisit pour remplir ses fonctions. Vu l’état actuel des choses, certains commencent à se demander sérieusement s’il ne serait pas mieux de retourner à l’ancien système de gestion de la paroisse, alors que le pouvoir était conféré, si je ne m’abuse, aux assemblées de comté, plutôt que de laisser ses affaires dans les mains de paroissiens ignorants et sans scrupule. Les juges de paix du district pourraient bien se sentir contrariés par vos commentaires dans lesquels vous les dénigrez, et je vous demande donc de rendre la présente publique pour ne pas qu’il y ait une tache si disgracieuse à leur réputation. Ils ont plusieurs lacunes, certes, mais celles-ci ne sont pas tant attribuables à une faute de leur part qu’à un système qui laisse l’administration du système judiciaire entre les mains de partisans politiques paroissiaux, sans tenir compte de leurs réalisations, mais de cet acte inhumain, doit les déclarer publiquement [[italic]]non coupables[[/italic]].

Bien à vous,etc.,

UN CONTRIBUABLE DE CHIPMAN, C. DE Q.

Source: A Rate-Payer of Chipman, Q. C., "Au rédacteur en chef du Freeman," Morning Freeman (St. John, NB), 22 septembre 1863.

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