Aurore — Le mystère de l'enfant martyre
   
 

Le devoir 27 avril 1920, p. 3

DES TEMOIGNAGES PEU RASSURANTS

LES ENFANTS DE GAGNON DEPOSENT CONTRE LUI — TOUJOURS LA VIOLENCE ET LA BRUTALITÉ.

Québec, 27 (D. N. C.).-Le procès de Télesphore Gagnon s'est continué, hier après-midi. On a entendu la petite Marie-Jeanne Gagnon, fille de l'accusé, qui a continué son témoignage, et Gérard Gagnon, enfant de la femme Gagnon.

La petite fille a déclaré que son père avait dit qu'il avait battu Aurore plus qu'il ne battait ses chevaux. La victime était docile et bonne, et c'est sa mère qui lui attribuait toutes sortes de défauts pour la faire battre. Le reste de son témoignage a été la répétition de ce qu'elle avait dit aux séances antérieures.

Le petit Gérard a vu son père battre la victime avec un manche de hache et un fouet à mise tressée. Une fois, après qu'il l'eut ainsi battue, elle avait les yeux noircis.

Mme Télesphore Badeau, qui fut le dernier témoin entendu à la séance d'hier, a raconté que l'accusé lui a dit avoir battu l'enfant assez pour en rester dessus. Elle lui a demandé s'il n'avait pas peur de la tuer et il n'a pas répondu.

On croit que le procès prendra fin aujourd'hui et qu'un verdict sera rendu ce soir.

Québec,27 — (D.N.C.) — A la reprise du procès de Télesphore Gagnon, on a entendu le jeune Georges-Etienne Gagnon, âgé de 7 ans, qui a affirmé que son père battait sa fille Aurore avec des fouets et des harts, sur les racontars que lui faisait sa mère. L'enfant dit que le père ne l'aurait pas battu, s'il n'avait été exaspéré par les dires de la femme Gagnon.

M. Odilon Auger a raconté que l'accusé lui a dit avoir battu son enfant jusqu'au sang parce qu'elle était têtue et qu'il avait décidé de ne plus la battre parce que c'était inutile.

Les derniers témoins de la Couronne furent M. Onésime Lemay et Mlle Saint-Onge, qui a fait la classe à la petite Aurore et qui déclare qu'elle était bonne et intelligente.

La défense a ensuite commencé sa preuve. M. le curé Massé fut le premier témoin important. A sa visite paroissiale la femme Gagnon a accusé la petite Aurore de toutes sortes de vices et entre autres d'avoir volé dans l'église. Le curé a trouvé cela triste parce qu'il savait que ce n'était pas vrai.

Source: Correspondant Le Devoir, "Des témoignages peu rassurants," Le Devoir (Montréal), avril 27, 1920.

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