Aurore — Le mystère de l'enfant martyre
   
 

La Presse 23 avril 1920, p. 1

APRES LA MARATRE, LE MARI

LE PERE D'AURORE GAGNON, L'ENFANT MARTYRE, COMPARAIT CE MATIN AUX ASSISES DE QUEBEC

Télesphore Gagnon aura à répondre du meurtre de sa propre fille, crime pour lequel sa femme a été condamnée à mourir sur l'échafaud le 1er octobre.

L'HONORABLE JUGE DESY PRESIDE

[ Le Soleil 23 avril 1920, Le Soleil (Québec), Socami  ](Du correspondant de la PRESSE)
Québec, 23.-Le deuxième acte de la tragédie de Sainte-Philomène a commencé ce matin. C'est le procès de Télesphore Gagnon, 37 ans, accusé du meurtre d'Aurore Gagnon, sa propre fille, meurtre pour lequel sa triste femme, la marâtre Marie-Anne Houde, a été condamnée à être pendue le 1er octobre. Le procès est présidé par l'honorable juge Désy. L'accusé est défendu par l'honorable J.-N. Francoeur, qui a défendu aussi Marie-Anne Houde, avec M. Marc-Aurèle Lemieux, comme conseil. Les substituts du procureur-général sont encore MM. Lachance et Arthur Fitzpatrick. Le juge Désy conduit les procédures avec une célérité qui permet de croire que le procès sera moins long que celui de la femme Gagnon. La séance de cet avant-midi a été consacrée au choix du jury.

Les avocats des deux parties, ont été très circonspects dans le choix des personnes qui vont être appelés à juger l'accusé. Plusieurs jurés déclarent qu'ils ont une opinion formée en cette affaire, et que cela provient de la lecture des rapports des journaux. Quelques-uns de ces jurés, dont l'opinion est ainsi formée, se disent cependant prêts à rendre justice à l'accusé, mais ils sont recusés péremptoirement par la défense.

Les deux côtés s'entendent pour n'admettre aucun juré anglais ne comprenant pas suffisamment le français. On récuse aussi généralement la plupart des jurés qui ont servi dans le procès précédent. L'accusé se tient constamment debout durant le procès. C'est un homme de très haute taille, mince et osseux. Il a une figure indiquant une grande faiblesse de caractère. Il porte sur la basque de son habit un insigne religieux.

A midi, on avait choisi les jurés suivants:

Herménégilde Dubuc, de Saint-Antoine de Tilly; Xavier Simard, de Sainte-Anne de Beaupré; Philippe-T. Blainey, de Saint-Marc des Carrières; François Beaumont, de Sainte-Catherine de Portneuf; Charles Bégin, de Saint-David; Michel Martel, de Saint-Ambroise de Lorette; Adjutor Thibandeau, de Sainte-Christine de Portneuf; Edouard Chalifour, de Beauport; Joseph Leduc, de Donnacona; Adélard Blanchet, de Saint-Edouard de Lotbinière.

On peut dire que cette affaire provoquera le même intérêt passionnant que celui qui a marqué le débat judiciaire dans la cause de la marâtre.

Source: Correspondant La Presse, "Après la marâtre, le mari. Le père d'Aurore Gagnon, l'enfant martyre, comparait ce matin aux Assises de Québec," La Presse (Montréal), avril 23, 1920.

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