Aurore — Le mystère de l'enfant martyre
   
 

Le Devoir 17 avril 1920, p. 3

LA FEMME GAGNON SERAIT FOLLE

C'EST LE MOYEN QU'EVOQUE SON DEFENSEUR, Me FRANCOEUR

[ Le Soleil 17 avril 1920, Le Soleil (Québec),   ]Québec, 17 — (D.N.C.) — Des développements inattendus se sont produits, hier après-midi, au procès de la femme Gagnon, accusée d'avoir causé la mort de la fille de son mari, par de mauvais traitements.

Lorsque la Couronne a déclaré sa preuve close, à la séance d'hier après-midi, la défense a annoncé son intention d'ajouter à son plaidoyer d'innocence, celui de folie. Me Francoeur a déclaré que sans admettre la veracité des faits révélés, ceux-ci étaient, si extraordinaires qu'il ne pouvait en venir à d'autre conclusion que sa cliente serait folle si elle les avait accomplis. Il a demandé à la cour la nomination d'une commission d'expertise médicale pour examiner l'accusée et faire connaître son état mental. Le procureur de la défense a déclaré que les faits dévoilés sont si stupéfiants qu'il ne sait plus où il en est.

La cour s'est ajournée pour quelques minutes. A la reprise de la séance, Me Francoeur a réitéré son intention de plaider folie et a demandé d'ajourner la cause à ce matin, afin de lui permettre de voir à son affaire. On essayera aujourd'hui d'établir que l'accusée est irresponsable, et il est probable que le juge nommera ensuite une commission pour examiner l'accusée, afin de renseigner parfaitement le jury.

C'était d'abord l'intention de la défense d'alléguer que la mort était due, non pas à des mauvais traitements, mais à une affection de la moelle épinière, mais il a fallu se rendre à l'évidence, à la suite des derniers témoignages entendus dans cette malheureuse affaire. Les derniers témoins de la Couronne ont été M. Mailhot, juge de paix, et à M. Arcaduis Lemay et Adjutor Gagnon, qui sont allés avec lui voir la petite Aurore le jour de sa mort. C'est le curé de la paroisse qui a demandé au juge de paix d'aller avec lui chez Gagnon, parce qu'il s'était aperçu qu'il se passait quelque chose d'étrange.

MM. Lemay et Gagnon ont déclaré qu'ils ont trouvé l'enfant dans un état affreux. M. Gagnon dit qu'il l'a trouvé tellement "décomposée", pour employer sa propre expression, qu'il n'a pu supporter ce spectacle et est parti aussitôt.

On commencera, ce matin, l'enquête sur l'état mental de la femme Gagnon.

Source: Correspondant Le Devoir, "La femme Gagnon serait folle," Le Devoir (Montréal), avril 17, 1920.

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