Aurore — Le mystère de l'enfant martyre
   
 
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CANADA,

PROVINCE DE QUEBEC, DISTRICT DE QUEBEC,
Cité de Québec.

BUREAU DE LA PAIX.

(Instruction préliminaire)

- 53 -

L'interrogatoire de EMILIEN HAMEL, âgé de seize ans, dela paroisse de St-Jean Deschaillons, journalier, -----

pris sous serment ce vingt-quatrième ----jour de février, -----dans l'année de Notre Seigneur mil neuf cent vingt, --------
dans la Cité de Québec, dans le district susdit, devant le soussigné, Juge des Sessions de la Paix, dans et pour la Cité de Québec, en présence de l'accusé Télesphore Gagnon.

Interrogé par Mtre.Arthur Fitzpatrick, Substitut du Procureur Général:-

Q. Vous êtes le neveu de l'accusé?

R. Oui monsieur.

Q. Connaissez-vous l'accusé ici présent?

R. Oui monsieur.

Q. Avez-vous déjà travaillé pour lui?

R. Oui monsieur.

Q. Connaissiez-vous la petite Aurore Gagnon qui est morte?

R. Oui monsieur je la connaissais.

Q. L'avez-vous vue chez lui, pendant que vous travailliez chez l'accusé?

R. Oui, je l'ai vue.

Q. Connaissez-vous quelles étaient les relations entre l'accusé et sa petite fille, là, comment il la traitait pendant que vous avez été là, vous?

R. Moi, quand j'ai été là, j'ai vu qu'il l'avait battue parce qu'elle avait pas lavé sa vaisselle.

Q. Est-ce qu'il la battait souvent?

R. Ah non.

Q. Combien de fois, qu'il l'a battue?

R. Une fois, devant moi.

Q.D'autres fois, l'avez-vous entendu battre?

R. Non monsieur.

- 54 -

Q. Vous l'avez vu battre rien qu'une fois?

R. Oui monsieur.

Q. Lui, seulement qu'une fois?

R. Oui monsieur.

Q. Y a-t-ild'autres personnes qui l'ont battue?

R. Oui monsieur.

Q. Qui ça?

R. Elle.

Q. Avec quoi la battait-elle, de même?

R. Avec une hart.

Q. Une grosse hart, ou une petite hart?

R. Une petite hart.

Q. Est-ce qu'elle la battait longtemps?

R. Non, elle ne la battait pas longtemps.

Q.Pendant combien de temps qu'elle battait? Combien de coups qu'elle lui donnait?

R. J'ai pas compté ça bien bien.

Q.Est-ce que l'enfant se débattait, pleurait?

R.Elle se débattait pas, elle pleurait.

Q. Avait-elle raison de la battre, d'après vous?

R. Bien, elle avait pas lavé sa vaisselle; il me semble qu'elle avait raison.

Q. Avez-vous déjà dit au père de ne pas battre son enfant comme ça, vous?

R. Bien, je lui ai pas dit.........

Q. L'avez-vous dit, ousi vous l'avez pas dit, M.Hamel?

R. Je ne l'ai pas dit.

Q. Vous avez jamais dit au père de ne pas battre son enfant?

R. Non monsieur.

- 55 -

Q.L'avez-vous dit à la mère?

R. Non, je l'ai pas dit, parce que j'avais peur de me faire disputer.

Q. Aviez-vous peur?

R. Bien, j'étais jeune, et j'avais peur.

Q.Est-ce qu'elle la battait bien fort?

R. Moi, quand j'ai été là, elle la battait pas bien fort.

Par le Juge:-

Q. Où est-ce qu'elle la battait?

R.Sur les jambes.

Q. Avec la hart?

R. Oui monsieur.

Q.Par dessus sa robe?

R. Oui monsieur.

Q.Est-ce qu'elle avait l'air fâché?

R. Non monsieur.

Q.Est-ce qu'elle l'a battue plusieurs coups avec cette hart-là? ou bien si c'est un moment de colère?

R. Cinq ou six coups.

Q.Est-ce une hart comme celle-ci qu'il y a sur la table, là, exhibit P.2?

R. Ah non, plus petite.

Par Mtre.Art.Fitzpatrick:-

Q. Dites-vous, M.Hamel que vous l'avez vu battre seulement qu'une fois?

R. Oui monsieur.

Q. Et la mère, vous l'avez vue la battre aussi?

R. Oui monsieur.

Q. Maintenant, pourquoi êtes-vous parti de là, vous?

- 56 -

R. Il n'avait plus besoin de moi; le chantier était cassé, et je me suis en allé.

Q. Est-ce qu'ils vous ont dit pendant que vous étiez là, de ne pas parler de ce qui se passait, de ne pas répéter qu'ils battaient l'enfant?

R. Non monsieur.

Q. Vous ont-ils dit de ne pas en parler à votre mère?

R. Non monsieur, ils ne m'ont pas parlé de ça?

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Transquestionné par L'Hon. J.N. Francoeur, C.R., de la part de l'accusé:-

Q. Quand avez-vous été à l'emploi de votre oncle, comme ça?

R. A la fin de mars l'année dernière.

Q. 1919?

R. Oui monsieur.

Q. Jusqu'à quelle date?

R. Je ne peux pas dire.

Q. Avez-vous été un mois, là?

R. Non, huit ou neuf jours.

Q. Vous travailliez au bois, au chantier, avec votre oncle?

R. Oui monsieur.

Q. C'était-il un chantier qu'il faisait pour lui ou pour un autre?

R. C'était pour un M.Bernard; et des journées, on travaillait pour lui-même. Mon oncle était malade pendant ce temps-là.

Q.Pendant les huit ou neuf jours que vous avez été chez votre oncle, passiez-vous les journées à la maison ou au bois?

- 57 -

R. On allait au bois aussi.

Q. Et pendant ces huit ou neuf jours, vous avez vu M.Gagnon corriger Aurore une fois avec une hart plus petite que celle-ci?

R. Oui monsieur.

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Source: ANQ, TP12, S1, SS1, SSS1, 1960-01-357605, 3C 030 03-07-001B-01, Cour des sessions de la paix, matières criminelles, greffe de Québec, Déposition de Emilien Hamel, enquête préliminaire de Télesphore Gagnon, février 24, 1920, 5.

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