Aurore - Le mystère de l'enfant martyre
   
 

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Document traduit

H-600

Pénitencier de Kingston

Acc. réc. 22 sept. SSU

Cette lettre n’est pas de la main de la détenue.

Date 16 sept. 30

[tampon du KINGSTON PENITENTIARY-CENSOR No1-SEPT 16 1930]

«Cher Monsieur:»- Étant donné que j’aurai fait dix ans le 30 sept. (à partir du moment de la commutation) je désire vous soumettre humblement, Monsieur, mon application pour une libération conditionnelle. Mon cas, qui a soulevé l’opinion publique contre moi et dont vous avez les détails en votre possession, en est un qui m’a causé une tristesse atroce. Mon cœur, en plus d’un sentiment d’impuissance, est rempli de désespoir. Il m’arrive de croire Monsieur que, même si on a rien à reprocher ici à mon comportement, le cœur des hommes sera à jamais fermé à mes supplications. Mon mari (Télesphore Gagnon) a été condamné à partager la même peine d’emprisonnement que la mienne et il a été relâché après cinq ans. Il n’est jamais entré en contact avec moi et n’a jamais apporté une contribution pour les enfants. Ceux-ci ont été les vraies victimes dans cette affaire. Au moment de mon arrestation, j'étais sur le point de donner naissance; j’ai ensuite perdu mes deux petits, nés dans des circonstances si tragiques. Si l’enfant qui a été tuée par ma main pouvait parler, elle vous dirait que j’ai pris plus soin d’elle que d’aucun autre de nos enfants. Je ne peux dire Monsieur ce qui m’a poussée ou m’a possédée à faire ce que le monde a prouvé que j’ai fait. Je donnerais ma vie pour que cela ne soit jamais arrivé. Pendant dix longues années, j’ai prié et j’ai sacrifié même les petites choses que j’aurais pu avoir ici qui auraient pu me rendre heureuse. Je l’ai fait afin de réparer. Mais, cette petite vie ne peut être rappelée. Monsieur, je ne pourrai jamais en faire plus afin de réparer ce que j’ai fait. Mon cœur sera brisé tant que je vivrai. Si vous avez de la pitié pour moi et si vous me donnez la chance que les miens m’ont retirée, je croirai les paroles de Dieu «Un cœur brisé et repentant ne sera pas méprisé». Je ne veux pas demander plus que ce que je mérite et pour lequel j’ai travaillé fort. Je place ma confiance et mon avenir entre vos mains, Cher Monsieur.

Veuillez croire en mes,

sentiments respectueux.
Mary Anne Houde (Gagnon)

[tampon du DEPARTMENT OF JUSTICE-REMISSION BRANCH-SEPT 18 1930]

Source: ANC, , RG 13, Box 1507, File Houde Marie-Anne, vol. 1, part. 1, Marie-Anne Houde, Letter from Marie-Anne Houde to the Minister of Justice, octobre 16, 1930, 1.

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