Aurore - Le mystère de l'enfant martyre
   
 

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CANADA
PROVINCE DE QUEBEC
DISTRICT DE QUEBEC

DANS LA COUR DU BANC DU ROI
( JURIDICTION CRIMINELLE )

PRESENT:

L'HONORA LE JUGE L. P. PELLETIER

LE ROI

vs

MARIE ANNE HOUDE, accusée de meurtre

Le seizième jour d'avril mil neuf cent vingt a comparu Arcadius Lemay, de Ste Philomène, cultivateur, agée de cinquante trois ans, témoin produit de la part de la Couronne, lequel, après serment prêté sur les Saints Evangiles, dépose et dit:

Q. Vous y êtes allé le jour qu'elle est morte?

R. Oui.

Q. Maintenant, avec qui êtes vous allé là?

R. Je suis allé avec M. Mailhot et M. Chandonet.

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Q. Voulez vous racconter aux jurés ce que vous avez constaté la journée que vous y êtes allé. Qu'est-ce que vous avez vu dans la maison? comment l'avez vous trouvée?

R. Bien, j'ai trouvé la petite fille bien massacrée.

Q. Vous avez trouvé la petite fille "bien massacrée ", qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

R. Elle était couvert de plaies, les genoux, depuis les pieds à venir jusqu'aux genoux, encore.

Q. A quelle heure vous êtes vous rendu là?

R. Vers trois heures.

Q. Vers trois heures?

R. ....

Q. Etiez vous seul, vous étiez avec M. Chandonnet?

R. Avec M. Chandonnet et M. Mailhot.

Q. Avez vous rencontré quelqu'un à la maison?

R. Il y en avait, oui, il y avait du monde dans la maison.

Q. Qui était là?

R. Ma femme y était et puis ma brue, il y avait des parents -- je parle des étrangers.

. Il y avait des parents à part ça?

R. Oui.

Q. L'enfant était-elle sans connaissance?

R. Oui.

Q. Comment était-elle couchée?

R. Sur le coté, couchée.

Q. Est-ce que vous pouviez voir dans quel état elle était à la regarder comme ça, dans le lit?

R. Non, j'étais pas assez connaissant pour ça.

Q. Vous n'étiez pas assez connaissant pourça?

R. Non.

Q. Mais quand vous dites qu'elle avait des plaies, comment vous êtes vous aperçu de ça?

R. Parce que je l'ai désabrillée.

Q. Vous l'avez désabrillée?

R. C'est M. Mailhot qui l'a désabrillée, pour me montrer ses jambes.

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Q. Pour vous montrer ses jambes?

R. Oui.

Q. Maintenant, étiez vous là quand elle est morte, cette enfant là ?

R. Oui.

Q. Vous étiez là?

R. J'ai retourné, j'ai parti de là, après, j'ai monté là mon voyage, je suis revenu à six heures du soir.

Q. Et puis, vous étiez là, vous êtes arrivé après la mort ou avant la mort?

R. Avant sa mort, elle est morte vers sept heures.

Q. Maintenant, avez vous constaté ça immédiatement apres sa mort ou plus tard, dans quel état elle était, dans quel état le cadavre était?

R. Non.

Q. Qui est qui l'a ensevelie? après ça?

R. C'est moi même.

Q. C'est vous même qui l'avez ensevelie et en l'ensevelissant vous êtes vous aperçu de quelque chose ?

R. Je me suis aperçu qu'elle avait des plaies ailleurs...dans le dos.

Q. Avait-elle beaucoup de plaies?

R. Sept, huit ( 7-8 ) dans le dos.

Q. Etaient-ce des grosses ou des petites plaies?

R. Il y en avait de différentes grosseurs.

Q.Maintenant, sur les jambes, avez vous remarqué quelque chose?

R. J'ai remarqué qu'elle était presque couverte de plaies.

Q. Avait-elle quelque chose à la tête?

R. Oui.

Q. Qu'est-ce qu'elle avait?

R. Le docteur m'a envoyé lui mettre la main sur la tête, voir comment elle était.

Q. Lui avez vous mis la main sur la tête?

R. Oui.

Q. Qu'est-ce que vous avez constaté là?

R. J'ai constaté qu'elle avait la tête molle.

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Q. Vous avez constaté qu'elle avait la tête molle?

R. C est à dire enflée, enflée, en dessus, toujours, je voulais pas peser, dans le haut, le cuir chevelu laissait le crâne un peu.

Q. L'accusée a-t-elle parlé pendant que vous etiez là?

R. Je me rappelle pas, seulement, quand j'ai montré à M. Chandonnet comme je montrais sa main droite, j'ai dit: Regarde donc sa main droite, elle est massacrée". Elle a dit que ça avait commençé le matin, cette enflure là.

Q. La femme a dit ça?

R. Oui.

Q. C'est tout, ce que vous savez, ça, monsieur?

R. C'est tout ce que je sais.

TRASNSQUESTIONNE PAR ME J. N. FRANCOEUR C. R. DE LA

PART DE L'ACCUSEE:

Q. M. Lemay,vous êtes allé là, vous,à la demande de qui?

R. A la demande de M. Mailhot.

Q. Est-ce que vous avez consenti, de bonne grâce, à y aller ou si vous avez été....?

R. Non, je croyais pas, je croyais pas que c'était de même.

Q. Est-ce qu'il vous a ordonné...?

R. Oui.

Q. D'y aller?

R. Oui, il m'a ordonné d'y aller.

Q. Vous a-t-il dit en quelle qualité qu'il vous ordonnait d'y aller?

R. Comme juge de paix.

Q. Si le juge de paix ne vous avait pas ordonné d'aller là, vous n'y seriez pas allé?

R. Oui, j'y aurais été pareille.

Q. Vous y auriez été pareille?

R. Oui, rendu qu'il m'aurait dit à peu près comment c'est que lapetite fille était. Moi, dans le temps, je savais pas, je savais rien.

Source: ANQ, TP 999, 1960-01-362\3, 1B 014 01-04-004B-01, Cour du banc du roi, assises criminelles, district de Québec, Déposition de Arcadius Lemay, procès de Marie-Anne Houde pour meurtre, avril 16, 1920, 4.

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