Aurore - Le mystère de l'enfant martyre
   
 

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CANADA,
PROVINCE DE QUEBEC,
BUREAU DE LA PAIX.
DISTRICT DE QUEBEC,

- 22 -

Cité de Québec.

(Instruction préliminaire)

L'interrogatoire de LAUREAT COUTURE, de la cité de Québec, constable de la police provinciale, --------------

pris sous serment ce vingt-quatrième -----jour de février, -----dans l'année de Notre Seigneur mil neuf cent vingt, ------ dans la Cité de Québec, dans le district susdit, devant le soussigné, Juge des Sessions de la Paix, dans et pour la Cité de Québec, en présence de l'accusé Télesphore Gagnon.

Interrogé par Mtre.Arthur Fitzpatrick, Substitut du Procureur Général:-

Q. M.Couture, vous êtes constable à l'emploi de la police provinciale?

R. Oui monsieur.

Q. Voulez-vous nous dire si vous avez reçu instructions de vous rendre à Ste-Philomène de Fortierville, faire enquête au sujet de cette cause-ci?

R. Oui monsieur.

Q. Vous êtes-vous rendu à Ste-Philomène?

R. Oui monsieur.

Q. Avec qui vous êtes-vous rendu?

R. Avec le coroner Jolicoeur et le docteur Marois.

Q. Voulez-vous nous dire, après que vous vous êtes rendu à Ste-Philomène de Fortierville avec le coroner Jolicoeur et le docteur Marois, si vous avez fait certaines recherches dans la maison de l'accusé?

R. C'est-à-dire, quand j'ai été rendu à Ste-Philomène, le docteur Marois m'a donné ordre de faire transporter le cadavre à la sacristie, ainsi que d'amener des témoins; Le lendemain après l'arrestation des accusés.

Q. C'est vous-même qui les avez arrêtés?

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R. Oui monsieur, je les ai arrêtés en revenant du service de la défunte. Je me suis rendu à la maison de l'accusé pour faire certaines recherches; j'ai monté à la chambre de la défunte, et j'ai trouvé la chambre très malpropre,pour commencer.

Q. Qui vous a dit que c'était la chambre de la défunte?

R. Le petit garçon, le fils de l'accusé, et Madame Lemay. J'ai trouvé aussi une hart déjà produite comme exhibit P.3, dans la chambre de la défunte; dans un coin de la chambre, j'ai trouvé un lit......

Q. Quand vous dites un lit, est-ce ce que vous nous montrez que vous appelez un lit?

R. Oui monsieur, c'est ce que je montre, qui était par terre dans un coin, et ceci comme oreiller. Je produis le tout, enveloppé et attaché, comme exhibit P.4.

Q.Est-ce qu'il y a du sang sur cette paillasse?

R. Oui monsieur.

Q. Est-ce qu'il y a du sang sur l'oreiller?

R. Non monsieur.

Q. Quels autres effets avez-vous trouvés dans la chambre?

R. C'est tout ce que j'ai trouvé dans la chambre. Voici un "piqué" avec du sang dessus, que je produis comme exhibit P.5. Et sa jaquette que je produis comme exhibit P.6.

Q. Y a-t-il des marques de sang dessus?

R. Oui monsieur.

Q. Maintenant, la jaquette que vous produisez, et le piqué, est-ce que c'a été trouvé dans la chambre de la défunte?

R. Non monsieur.

Q. Où ont-ils été trouvés?

R. C'estMadame Lemay qui a enseveli l'enfant qui a ôté ces choses-là, et qui me les a montrées. C'était dans un hangar, enveloppés ensemble; le reste a été trouvé en haut.

- 24 -

Q. Maintenant, avez-vous fait un examen minutieux de la chambre dans laquelle couchait la défunte?

R. Oui monsieur.

Q. Voulez-vous nous dire dans quel état vous avez trouvé cette chambre-là?

R. D'abord, je l'ai trouvée malpropre; ensuite j'ai trouvé beaucoup de sang sur le plancher et sur le mur.

Q. Avez-vous trouvé autre chose dans la chambre, M.Couture, que les effets qui sont produits devant la Cour.

R. Non monsieur.

Q. Maintenant, M.Couture, voulez-vous regarder l'exhibit P.1 qui appert être un manche de hache, et me dire où vous avez trouvé ce manche de hache-là, et dans quelles circonstances?

R. J'ai trouvé ce manche de hache-là, c'est son petit frère à la défunte.......

Q. Quel est son nom?

R. Gérard, qui m'a dit que son père l'avait battue...

Objecté à toute preuve de ouï-dire.

Q. Qu'est-ce que vous aviez demandé au petit frère?

R. Je luiai demandé s'il savait quelque chose qui regardait cette cause-ci, et il m'a........

Objecté à cette preuve.

Preuve permise pour le moment.

Q.Je veux savoir comment vous avez trouvé ce manche de hache-là.

R. C'est le petit garçon qui a été le chercher dans le hangar, et qui me l'a donné.

Q.Maintenant, est-ce que vous reconnaissez le manche de hache que vous avez maintenant dans les mains, comme celui qui vous a été remis par le petit garçon de l'accusé?

R. Oui monsieur.

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Q. Voulez-vous dire qui a mis les trois coches sur ce manche de hache-là?

R. Je ne peux pas le dire.

Q. Est-ce vous qui les avez mises?

R. Non, c'était comme ça quand je l'ai eu.

Q. Pouvez-vous me dire qui a coupé le manche de hache comme ça?

R. Je ne sais pas.

Q. Est-ce que c'est frais coupé?

R. Oui monsieur, ça m'a l'air frais coupé; c'est facile à voir.

Q. Est-ce qu'il était dans le même état quand il vous a été remis?

R. Oui monsieur.

Q. Maintenant, je vous montre un fouet, exhibit P.2, ou un manche de fouet; voulez-vous me dire si c'est vous-même qui avez trouvé ce manche de fouet-là, ou si quelqu'un vous l'a remis?

R. C'est quelqu'un qui me l'a remis.

Q. Qui?

R. Le petit garçon Gérard.

Q. Le petit garçon de qui?

R. De l'accusé.

Q. Vous l'a-t-il remis en même temps que le manche de hache?

R. Oui monsieur.

Q. Où l'a-t-il pris?

R. Il l'a trouvé dans l'écurie.

Q. C'est vous qui avez arrêté les deux accusés, et qui les avez descendus ici à Québec?

R. Oui monsieur.

Q.Maintenant, M.Couture, vous avez reçu instructions aussi, n'est-ce pas, de voir aux témoins qui pourraient éclairer la justice dans cette cause-ci?

R. Oui monsieur.

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Transquestionné par l'Hon.J.N.Francoeur, C.R., de la part de l'accusé:-

Q. La chambre de la défunte, à quel étage est-elle?

R. Au deuxième étage.

Q. Au-dessus de quel appartement se trouve-t-elle?

R. C'est très difficile pour moi de dire au-dessus de quel appartement, par rapport que la chambre où était la défunte était une grande chambre. En bas, ça m'a l'air de petites chambres séparées.

Q. C'est pas au-dessus de la cuisine?

R. Ca peut contenir une partie de la cuisine.

Q. Dans cette chambre-là, est-ce qu'il n'y avait que le lit ou matelas que vous avez exhibé là?

R. Il y avait un autre lit.

Q. Semblable?

R. Non monsieur; c'était une couchette en bois, pas de matelas, tassée d'un côté.

Q.Ce que vous avez exhibé comme un matelas, là, était-ce dans le lit, ça?

R. Pardon, par terre.

Q. Il n'y avait pas de couvertures?

R. Non monsieur.

Q. Etait-ce roulé ou bien étendu?

R. Etendu.

Q. Il n'y avait pas de paille, à côté?

R.Très peu.

Q. Il y en avait?

R. Oui monsieur.

Q.Etait-ce de la paille sèche ou humide?

R. Elle était sèche et humide. C'est-à-dire qu'il y avait certaines parties humides, et d'autres parties qui étaient sèches.

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Q. Est-ce qu'il y avait de la paille dans la paillasse là?

R. Très peu.

Q. Quand vous êtes allé là, ça faisait une journée ou deux que l'enfant était morte?

R. On m'a dit que l'enfant était morte le 12, et je suis allée là le 13.

Q. Le lendemain, alors?

R. Oui monsieur.

Q. Quand vous êtes allé chercher le cadavre de l'enfant, il n'était pas dans cette chambre-là?

R. Non monsieur, il était en bas.

Q. Etiez-vous seul quand vous avez fait la visite de la chambre?

R. En haut, oui monsieur; la première fois, j'étais seul, la journée de l'arrestation, le 14.

Q. Quand avez-vous visité cette chambre-là pour la première fois?

R. Le 14.au matin.

Q. Etiez-vous seul?

R. Oui monsieur.

Q. A quelle heure avez-vous fait cette visite?

R. Il était dans les environs de neuf heures du matin.

Q. Vous l'avez visitée de nouveau ensuite?

R. Oui monsieur.

Q. La même journée?

R. Non monsieur.

Q. Quand?

R.Le mardi suivant, le 17.

Q. Etiez-vous seul?

R. J'étais seul encore.

Q. L'avez-vous visitée de nouveau?

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R. Oui monsieur, le mercredi le 18,avec deux autres; j'ai emmené Madame Arcade Lemay, et un M.OdilonAuger, de Ste-Philomène.

Q. Vous dites que sur le grabat, là, il y a du sang et autres matières; comment pouvez-vous jurer que c'est du sang?

R. Par la couleur.

Q. Par la couleur seulement?

R. Oui monsieur.

Q. Vous pensez que c'est du sang ?

R. Pour moi, c'est du sang.

Q. Et vous prenez sur vous de jurer que c'est du sang?

R. Oui monsieur, c'est du sang.

Q. Si c'était de la teinture d'iode?

R. Si c'était de la teinture d'iode, c'aurait coûté pas mal cher d'en garnir aussi grand que ça.

Q. Avez-vous déjà fait des études, vous, sur le sang et la teinture d'iode?

R. J'ai jamais eu l'avantage.

Q. Et vous persistez à jurer que d'après l'examen que vous avez fait là, c'est du sang?

R. Oui monsieur, pour moi c'est du sang.

Q. Vous êtes sûr de ça?

R. Pour moi c'est du sang.

Q. Quand vous avez visité de nouveau la chambre le 17 et le 18, y avait-il quelque chose de changé?

R. C'était absolument la même chose que la première journée que je l'ai visitée sous le rapport du sang; seulement que je voulais avoir des preuves, c'est pour cette raison que j'ai été chercher Madame Lemay et M.Auger.

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Q. Mais vous avez rien trouvé rien de plus que la première fois après votre examen si minutieux?

R. C'était absolument la même chose.

Q. Le lit en bois était-il encore là?

R. Oui monsieur.

Q. Y avait-il d'autres couchettes dans l'appartement?

R. Non monsieur.

Q.Est-ce une grande couchette ou une petite couchette, ça?

R. Une couchette double.

Q. Deux enfants peuvent coucher là-dedans?

R. Oui monsieur.

Q. La chambre est éclairée par une fenêtre?

R. Oui monsieur.

Q. Une ou deux fenêtres?

R. Si je me rappelle bien c'est seulement qu'une fenêtre.

Q. Une grande ou une petite fenêtre?

R. Moyenne, j'ai pas mesuré.

Q. La chambre est-elle chauffée?

R. Elle est chauffée par le poêle du bas, c'est-à-dire que le tuyau du poêle monte dans cette chambre-là.

Q. Il n'y a qu'un poêle dans la maison?

R. J'en ai vu seulement qu'un.

Q. Est-ce qu'il y en a plus qu'un?

R. Je ne peux pas dire.

Q. Vous n'avez pas visité la maison, à part la chambre?

R.Ce qui m'intéressait, c'était la chambre de la défunte.

Q. Comment est divisée cette maison-là, monsieur? D'abord l'étage inférieur, en entrant?

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R. L'entrée, c'est une cuisine.

Q. Le poêle est là, dans la cuisine?

R. Oui monsieur.

Q. Est-il complètement dans la cuisine, ou s'il est dans une cloison?

R. Dans la cuisine complètement.

Q. L'escalier, est-ce qu'il communique en haut partir de la cuisine?

R. Oui monsieur.

Q. Cet escalier est-il près de la porte d'entrée de la chambre de la défunte?

R. Oui monsieur.

Q. A quelle distance de l'escalier se trouve laporte d'entrée de la chambre de la défunte?

R. Je ne peux pas dire, par rapport que je l'ai pas mesuré.

Q. Combien de pieds, à peu près? Deux pieds, trois pieds?

R. .........(Pas deréponse).

Q. N'est-il pas vrai que la porte de la chambre à coucher de la défunte est à un pas ou deux du trou de l'escalier?

R. Je sais qu'elle est pas loin.

Q. Y a-t-il une porte à la chambre?

R. Oui monsieur, une porte en bois.

Q. Le tuyau du poêle passe complètement dans cette chambre à coucher-là?

R. Oui monsieur.

Q. Quand vous êtes entré dans la chambre, est-ce que la chambre vous a paru froide?

R. Oui monsieur.

Q.C'était le matin, vers neuf heures?

R. Oui monsieur.

- 31 -

Q. La porte était-elle fermée quand vous êtes arrivé à la chambre?

R. Oui monsieur.

Q. Vous dites que le manche de hache et le fouet, que c'a été trouvé dans l'écurie?

R. Pardon, le manche dans le hangar, et le fouet dans l'écurie.

Q. Vous ne le savez, vous, que parce que le petit garçon vous l'a dit?

R. Non, j'ai été chercher le manche de hache avec lui,dans le hangar.

Q.Je vous demande si vous savez personnellement où était ce manche de fouet-là?

R. Dans l'écurie.

Q. Parce qu'on vous l'a dit?

R. Oui monsieur; je les ai vus aller dans l'écurie,là.

Q. La hart, là, vous l'avez trouvée dans la chambre à coucher?

R. Oui monsieur.

Q. Etait-elle près du lit?

R. Pas absolument loin du matelas, par terre.

Q. Pas près de la couchette?

R. Non monsieur.

Q. Tout près du matelas?

R. Non, pas absolument. On pourrait dire à peu près six à sept pieds.

Q. Ce manche de hache-là, quand on vous l'a remis à Ste-Philomène, il était coupé comme ça?

R. Oui monsieur.

Q. Et ces exhibits-là, vous les avez obtenus lors de votre première visite, le quatorze, n'est-ce pas?

R. Le samedi matin, c'a été la hart

Q. Et quand avez-vous eu le fouet?

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R.Le mardi, ainsi que le manche de hache.

Q. Le dix-sept?

R. Oui monsieur.

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Source: ANQ, TP12, S1, SS1, SSS1, 1960-01-357605, 3C 030 03-07-001B-01, Cour des sessions de la paix, matières criminelles, greffe de Québec, Déposition de Lauréat Couture, enquête préliminaire de Télesphore Gagnon, février 24, 1920, 11.

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