L’Arctique : terres ancestrales

Des roches et de la glace, par Sue Shirley, avec l’aimable autorisation de l’artisteDes roches et de la glace, par Sue Shirley, avec l’aimable autorisation de l’artiste

Le dernier voyage de Franklin l’a mené dans une région de l’Arctique qui était la terre ancestrale des Natsilingmiuts [Netsilingmiuts, Netsiliks, Neitchillies], des Inuits vivant dans la région qui se situe entre la partie nord-ouest de la baie d’Hudson et l’île du Roi-Guillaume. Ces Inuits partageaient certains aspects de leur culture, de leur société et de leur économie avec d’autres groupes inuits et d’autres populations circumpolaires. D’autres aspects étaient propres à leur région.

L’Arctique est la terre ancestrale de plusieurs peuples des Premières Nations depuis des milliers d’années. Pour ceux qui possèdent le savoir et le savoir-faire nécessaires pour y vivre, l’Arctique canadien est un territoire d’une grande beauté et d’une grande richesse. Avant l’ère moderne, une connaissance intime du climat et de la géographie était un élément crucial de la survie des humains n’importe où sur la Terre et ce l’était d’autant plus en Arctique, une région située dans les hautes latitudes nordiques au-dessus de la ligne des arbres. La région est caractérisée par un climat froid, des hivers longs et sans clarté, des étés courts et éclairés, une multitude de lacs et de formations de granit du Bouclier canadien. Les conditions climatiques peuvent y être extrêmement rigoureuses et changer rapidement. En conséquence, les Inuits se fiaient à leur profonde connaissance des grandes bandes de terre et de mer pour trouver ce dont ils avaient besoin pour prospérer dans cet endroit magnifique.

L’île du Roi-Guillaume vue de l’espace, NASA, 2 septembre 2005L’île du Roi-Guillaume vue de l’espace, NASA, 2 septembre 2005

Une carte de l’île du Roi-Guillaume par Qaqortingneq, vers 1920Une carte de l’île du Roi-Guillaume par Qaqortingneq, vers 1920

En s’organisant en petites communautés mobiles, les Natsilingmiuts avaient des interactions au quotidien et à chaque saison les uns avec les autres et pouvaient réagir rapidement aux occasions offertes par l’environnement naturel et ses ressources. La culture inuite a progressé grâce à la vigilance, au savoir-faire, au savoir, à la collaboration et à l’adaptabilité.

Les Inuits ont également développé des technologies très spécifiques qui leur ont permis de s’adapter à l’environnement, telles que l’iglu (igloo), le qajaq/qayaq (kayak), le qulliq (l’huile de phoque pour s’éclairer) et particulièrement des vêtements chauds et secs tels que l’atigi (parka), l’amauti (un vêtement chaud pour la mère et l’enfant) et les kamiit (les bottes imperméables en peau).

Chasser et pêcher (pour se nourrir, se tenir au chaud, s’éclairer et se transporter)

Les Inuits étaient d’habiles chasseurs et attrapaient la nourriture tout au long de l’année, même pendant les hivers rigoureux. Utilisant chaque partie de l’animal, ils chassaient les mammifères marins comme les phoques et les morses toute l’année. Ces animaux ne fournissaient pas seulement la nourriture. La peau du phoque et celle d’autres animaux servaient à fabriquer les vêtements et fournissaient des matériaux pour fabriquer des bateaux, des tentes et des harpons. La peau de phoque était aussi utilisée pour fabriquer des radeaux qui permettaient de garder les mammifères marins en surface une fois harponnés. Le gras de phoque fournissait l’huile pour la lumière ainsi que la chaleur pour cuire la nourriture et sécher les vêtements. Les morses étaient chassés pour la viande (à l’intention des personnes et des chiens) et l’ivoire des défenses était utilisé pour fabriquer des aiguilles, des ornements, des amulettes, des couteaux et d’autres outils. Les baleines (les narvals et les bélugas) fournissaient aussi la nourriture des personnes et des chiens et leurs os étaient utilisés pour fabriquer les pôles de tentes et les qamutiik (traîneaux). L’ours polaire, qui était chassé sur la glace ou la terre, fournissait une fourrure précieuse et de la viande. Les poissons, en particulier l’omble de l’Arctique, étaient une source importante de nourriture tout au long de l’année. Les Inuits chassaient aussi une grande variété d’animaux terrestres, dont le caribou, le bœuf musqué ainsi que le renard et le lièvre arctiques. Ils chassaient aussi des oiseaux dont le canard, l’oie et le lagopède.

Couteau inuit, poignée en corne de bœuf musqué; couteau fait d’osCouteau inuit, poignée en corne de bœuf musqué; couteau fait d’os

Ulu de style arctique occidentalUlu de style arctique occidental

« Hibou » en archer« Hibou » en archer

L’habitat

Les Natsilingmiuts optimisaient l’utilisation des rares matériaux qu’ils possédaient dont la pierre, la tourbe pour les maisons d’hiver, le bois de grève et les os de baleines pour les pôles de tentes, la structure des traîneaux et les qajaq/qayaq (kayaks) autour desquels ils étiraient des peaux. Ils se servaient de la neige pour fabriquer des igloos plus permanents pour y passer l’hiver ou temporaires lorsqu’ils étaient en expédition.

Vue transversale d’un igloo des Inuits de NetsilikVue transversale d’un igloo des Inuits de Netsilik

Dessin d’un campement de tentes inuitesDessin d’un campement de tentes inuites

Plan d’un village d’igloosPlan d’un village d’igloos

Groupe inuit à son campement sur la glace, Gjoa Haven, île du Roi-Guillaume, T.N.-O. [Nunavut]Groupe inuit à son campement sur la glace, Gjoa Haven, île du Roi-Guillaume, T.N.-O. [Nunavut]

Construction d’une maison de neigeConstruction d’une maison de neige

Le transport

Les Inuits ont développé une culture matérielle légère et des stratégies saisonnières pour voyager à pied, en qamutiik (traîneau avec attelage de chiens), en qajaq/qayaq (kayak) et en umiaq (un bateau qui transporte plusieurs personnes, souvent les femmes et les enfants) à travers de vastes espaces de terre et de mer pour trouver les animaux qui fournissent la nourriture, les vêtements, les os pour fabriquer les traîneaux et l’huile pour les lampes.

Chargement de phoques, fjord Netsilik - AkatoogaChargement de phoques, fjord Netsilik - Akatooga

Groupe inuit et équipage de chiens à la baie ErebusGroupe inuit et équipage de chiens à la baie Erebus

Homme inuit et son kayak à Killineq (port Burwell) au NunavutHomme inuit et son kayak à Killineq (port Burwell) au Nunavut

La couture

Les femmes, les filles et les hommes inuits savaient gratter, nettoyer et préparer les peaux pour en faire des tentes et divers vêtements chauds. Un bon exemple en est leur habileté à faire des bottes imperméables pour garder les pieds bien au sec, car des pieds mouillés pouvaient facilement entraîner la mort.

Inah-loo (Inaluk) cousant une peau pour des bottes (kamik), Etah, au nord du GroenlandInah-loo (Inaluk) cousant une peau pour des bottes (kamik), Etah, au nord du Groenland

Ebierbing (Ipirvik)Ebierbing (Ipirvik)

, La première rencontre du capitaine McClintock avec des Esquimaux au cap Victoria (gravure sur bois)Illustrated London News, La première rencontre du capitaine McClintock avec des Esquimaux au cap Victoria (gravure sur bois)

Cérémonie shamanique des NetsiliksCérémonie shamanique des Netsiliks

Frederick Schwatka et ses compagnons avec des Netsilingmiuts en Arctique, v. 1880Frederick Schwatka et ses compagnons avec des Netsilingmiuts en Arctique, v. 1880

Le savoir inuit - Inuit Qaujimajatuqangiq

De génération en génération, les hommes et les femmes inuits ont transmis leur savoir-faire, leur savoir et leurs valeurs (Inuit Qaujimajatuqangiq ou IQ, ce qui veut dire le savoir inuit connu depuis longtemps) pour permettre aux générations suivantes de développer l’isuma (la sagesse) afin de s’adapter à leur environnement, d’apprendre de cet environnement et d’y prospérer.

Sunken ship