Les protagonistes

Cette section fournit de courtes biographies des principaux protagonistes (en ordre alphabétique) :

Francis Crozier (1796-1848?)

Capitaine du Terror et commandant en second de l’expédition arctique, Francis Crozier est déjà un marin expérimenté lorsqu’il est affecté à l’expédition Franklin. À l’instar de plusieurs officiers de la marine à cette époque, il est célibataire. En 1843, il est nommé membre de la Société royale en reconnaissance de son travail sur le magnétisme terrestre. Le 25 avril 1848, Crozier cosigne avec James Fitzjames une note à l’effet que les deux hommes et les membres d’équipage ont abandonné les navires Erebus et Terror et qu’ils entreprennent un périple vers la grande rivière à poissons [rivière Back] sur le continent américain. Où sont allés Crozier et ses hommes après avoir déposé cette note? Que leur est-il arrivé? Ce sont là deux des grandes questions à résoudre au sujet de cette expédition.

James Fitzjames (1813-1848?)

Troisième dans la chaîne de commandement de cette expédition arctique, James Fitzjames est un marin de carrière même si son expérience maritime a surtout été acquise comme militaire dans le cadre de diverses campagnes navales britanniques en Syrie, en Égypte et en Chine, plutôt qu’à titre d’explorateur. Lorsqu’on le nomme membre de l’expédition arctique, Franklin lui confie la responsabilité du recrutement et de la supervision des observations du magnétisme terrestre, qui étaient parmi les principaux objectifs de l’expédition.

Lady Jane Franklin (1791-1875)

Jane Griffin épouse John Franklin en 1828. Elle épaule étroitement son époux tout au long de sa carrière dans la marine et comme gouverneur de la Terre de Van Diemen. À partir de 1847, étant toujours sans nouvelle de la troisième expédition arctique de son époux, elle se battra sans relâche afin que les gouvernements de Grande-Bretagne et des États-Unis mettent sur pied des expéditions de recherche. Elle financera elle-même sept de ces expéditions. Lorsque le Dr John Rae rentre en Angleterre avec des nouvelles de l’expédition Franklin, dont des rumeurs de cannibalisme au sein des membres d’équipage, Jane Franklin fait campagne non seulement pour réfuter ces affirmations, mais aussi pour priver John Rae de la récompense offerte par l’Amirauté. Elle travaille ensuite à faire reconnaître les réalisations de son époux, notamment par l’installation d’une statue de bronze de sir John Franklin à la place Waterloo à Londres.

Sir John Franklin (1786-1847)

Sir John Franklin obtient le commandement de sa troisième expédition arctique à 59 ans. En effet, officier expérimenté de la marine ayant participé à diverses batailles sous le commandement de l’amiral Horatio Nelson, Franklin a déjà commandé deux autres expéditions arctiques lorsque ses navires quittent l’Angleterre en 1845.

À la suite de sa première expédition arctique de 1819 à 1822 au cours de laquelle il surmonte de rudes épreuves et échappe de justesse à la mort, il sera connu comme « l’homme qui a mangé ses bottes », un surnom qu’il endosse dans une lettre à sa sœur Isabella Cracroft. Pour services rendus en Arctique et lors d’autres affectations militaires, il est nommé lieutenant-gouverneur de la Terre de Van Diemen, aujourd’hui l’état de Tasmanie en Australie.

Tout au long de sa carrière, Franklin sera un navigateur et un scientifique accompli, produisant de nombreuses cartes et faisant des observations magnétiques exhaustives au cours de chacune de ses missions d’exploration. Apprécié de ses collègues et fervent chrétien, Franklin est reconnu pour son souci du bien-être des membres de ses expéditions.

Charles Francis Hall (1821-1871)

Le journaliste américain Charles Francis Hall commence à s’intéresser à l’Arctique et plus particulièrement à l’expédition de Franklin à la fin des années 1850. Il organise deux expéditions pour retracer les équipages. La première débute par un voyage à l’île de Baffin où il trouve ce qu’il pense être des preuves que des membres de Franklin auraient survécu. Ses recherches culminent lors de sa seconde expédition arctique au cours de laquelle il passe cinq ans chez les Inuits à la baie de Repulse, à Igloolik et ailleurs. À l’été 1869, au cours d’une excursion en traîneau à l’île du Roi-Guillaume où il se fait accompagner par des Inuits, il trouve des éléments de preuve importants reliés aux équipages et aux navires de l’expédition Franklin. Il a par ailleurs rapporté plusieurs artéfacts que lui ont remis les Inuits.

Innookpoozhejook (v. 1869)

Un membre de la nation netsilingmiute de la région de la baie de Pelly, Innookpoozhejook est un des informateurs les plus importants sur l’expédition Franklin. Innookpoozhejook rencontre le Dr John Rae au cours de sa seconde expédition à la recherche de Franklin. En 1869, il fournit une quantité considérable de renseignements sur les membres d’équipage et les navires de Franklin dans une série d’entrevues avec Charles Francis Hall. Il dessine une carte des sites où se trouvent des preuves de la présence des hommes de Franklin sur l’île du Roi-Guillaume et aux environs. Cette carte demeure une source importante pour comprendre ce qui est arrivé à ces hommes. Innookpoozhejook a un sens de l’observation et une mémoire remarquables, ce qui est confirmé au cours des entrevues menées par Hall.

Ipirvik (v. 1837-1881) et Taqulittuq (v. 1838-1876)

À partir des années 1860, Ipirvik et son épouse Taqulittuq, des Inuits de l’île de Baffin (Kikiqtaaluk), sont embauchés comme guides au cours de plusieurs expéditions polaires. Ipirvik et Taqulittuq travaillent avec Charles Francis Hall lors de sa première expédition pour retracer des preuves du passage des équipages de Franklin. Les époux se joignent à lui de nouveau entre 1864 et 1871 lors de sa seconde expédition. En 1869, lors d’une expédition terrestre jusqu’à l’île du Roi-Guillaume, ils découvriront de nombreux détails sur le destin de Franklin et de ses équipages. Les talents de chasseur d’Ipirvik et ceux de couturière de Taqulittuq ainsi que leurs services à titre de guides et d’interprètes permettent à Hall de survivre, de recueillir une grande quantité de données sous forme d’histoire orale et de rapporter aux États-Unis des éléments de preuve et des artéfacts liés à l’expédition Franklin.

John Irving (1815-1848?)

Troisième officier du HMS Terror, John Irving a laissé des lettres émouvantes qui relatent les expériences d’un officier junior au cours de la dernière expédition de Franklin. Né à Édimbourg, il fait des études au collège de la Marine royale avant de commencer une carrière dans la marine en 1831. Un chrétien évangéliste proche de sa famille, John Irving est parmi ceux qui abandonnent les navires en 1847. Ses effets personnels seront retrouvés au cours d’expéditions de recherche. En 1880, à partir de ces preuves, Frederick Schwatka découvre une tombe qu’il croit être celle d’Irving. Il exhume alors le corps qui sera de nouveau enterré en Écosse en 1881 après des funérailles.

Sir Francis Leopold McClintock (1819-1907)

Un officier irlandais de la Marine royale, Francis Leopold McCLintock acquiert son expérience arctique lors de diverses expéditions de recherche pour retracer l’expédition Franklin, notamment l’expédition d’Henry Kellett (1852-1854) au cours de laquelle McClintock est reconnu pour avoir parcouru 1400 milles [2253 km] par traîneau et produit des relevés de plus de 800 milles [1290 km] de littoral. En 1857, lady Franklin le nomme au poste de commandant du Fox dans le cadre d’une expédition qu’elle finance. C’est au cours de cette expédition qu’est récupéré le document le plus important de l’expédition Franklin à la pointe Victory sur l’île du Roi-Guillaume. Les Netsilingmiuts lui donnent aussi des renseignements sur ce qui est arrivé aux navires ainsi que des preuves liées aux marins de l’expédition. Il interviendra plus tard dans le débat sur le cannibalisme au sein des équipages de Franklin, aidant lady Franklin qui tente de réfuter les preuves qui commencent à s’accumuler.

Sunken ship