Journaux intimes, carnets de bord ou mémoires

Alors que les documents gouvernementaux ou judiciaires émanent d’une organisation centrale à des fins spécifiques et que les journaux sont créés dans un but public et commercial, les journaux intimes, les carnets de bord et les mémoires sont des documents personnels à divers usages. En général, cependant, la plupart des gens n’auraient jamais imaginé que leurs journaux intimes et carnets de notes personnels se retrouveraient dans une collection d’archives, consultés par de nombreux historiens!

Bien que plusieurs de ces documents personnels aient probablement été rédigés vers la fin du dix-neuvième siècle, seuls quelques-uns subsistent dans une forme utile et accessible aux historiens. En effet, contrairement aux documents gouvernementaux et juridiques, les journaux intimes et les carnets de notes n’ont pas, en général, été classés ni préservés avec soin dans les archives publiques créées à ces fins. Ils y ont plutôt été mis d’une façon désordonnée et confuse. Les journaux intimes et les carnets de bord des gens riches et bien nantis sont en surnombre, car plusieurs gens du « peuple » ne pensaient pas que leur vie personnelle était digne d’intérêt, alors que d’autres n’ont pas permis que soient étalés leurs écrits personnels sur la place publique. De plus, dans certains cas, les membres de la famille ont « mis en page » des journaux intimes et carnets de bord avant d’en faire don aux archives.

Néanmoins, les sources comme les journaux intimes, les carnets de bord et les mémoires personnels ont une très grande valeur, parce qu’elles nous fournissent de l'information sur la vie d’autrefois d’un point de vue individuel. Elles nous permettent de voir au-delà de la dimension officielle, des opinions généralisées et des expériences communes, pour plonger dans les vies uniques des individus. Ainsi, le maître de poste William Porte relate dans son journal les événements qui se sont déroulés à London et à Lucan, nous aidant ainsi à comprendre le contexte social de ces localités.

La nature variée, personnelle et désordonnée de la documentation qu’offrent les journaux intimes constitue aussi bien leur faiblesse que leur force en tant que « témoignage » du passé. Souvent, les auteurs tentent de se montrer sous un jour favorable ou exagèrent afin de rehausser l’intérêt de leurs journaux intimes. Leur contenu unique rappelle aux historiens le caractère imprévisible de l’expérience humaine, mais il les empêche parfois de faire des comparaisons ou de tirer des conclusions qui s’appliqueraient au reste de la société.