Documents judiciaires

Il y a maintenant plusieurs années, les historiens ont découvert la richesse de ce qu’on appelle communément « archives judiciaires » et s’intéressent de plus en plus à la trace écrite laissée par l’appareil gouvernemental concernant l’ordre social et la justice criminelle des époques passées. Hier comme aujourd’hui, les tribunaux étudiaient les crimes en profondeur et les archives comptent souvent de nombreux dossiers judiciaires. Les documents de cour sont particulièrement pertinents dans ce site Web, puisque les membres de la famille Donnelly eux-mêmes avaient souvent des démêlés avec la justice et, bien sûr, parce que deux procès criminels ont été intentés à la suite de leur meurtre. Par conséquent, pour comprendre ce qui est arrivé à la famille Donnelly, il est nécessaire de dépouiller des documents judiciaires s’étalant sur une longue période.

Les documents judiciaires utilisés sur ce site forment un ensemble hétérogène. Ce sont des enquêtes criminelles, des dépositions, des jugements, des mandats d’arrestation, des cahiers d’audience, etc. La plupart de ces documents ont été écrits à la main, mais certains ont été dactylographiés à mesure que la technologie devenait accessible. Plusieurs sont très difficiles à lire, parce que l’écriture est souvent peu soignée ou que la qualité des documents s’est dégradée avec le temps.

Même dans le cas du tristement célèbre meurtre des Donnelly, localiser et utiliser des documents de cour n’est pas simple. Pourtant, les historiens juridiques sont habitués à la nature incomplète et déroutante des archives judiciaires. Il est exceptionnel de découvrir une collection comme celle des papiers de la famille Donnelly, conservée au sein de la collection régionale de J. J. Talman dans les archives de l’University of Western Ontario. Cette collection de l’UWO réunit divers documents juridiques issus d’une variété de sources. Malgré la coopération de différentes bibliothèques, qui a permis de constituer une collection aussi complète, des lacunes subsistent. Les bibliothèques ont regroupé des documents pertinents, les ont catalogués et microfilmés. Bien que cela facilite leur travail, les historiens doivent être conscients que la création d’une pareille collection implique un certain degré d’interprétation lors de la sélection des documents, de leur classification et de leur organisation. Les archives pénitentiaires en rapport avec le comté de Middlesex se retrouvent aussi à l’UWO. D’autres archives judiciaires liées aux Donnelly, comme les cahiers d’audience, sont conservées aux archives de l’Ontario. Ces cahiers contiennent les notes manuscrites prises par le juge qui préside le procès.

Même si les documents judiciaires sont produits par des instances gouvernementales, des avocats ou des juges respectés, ils doivent être étudiés d’un œil critique. Leurs auteurs ont pu faire des erreurs et mentir comme quiconque. Les chercheurs ne doivent pas oublier que les juges, par exemple, ne laissaient pas leurs propres opinions et partis pris à l’extérieur de la salle d’audience et que leurs notes n’étaient pas toujours objectives. De même, les témoins avaient beau prêter serment, ils oubliaient parfois des détails ou mentaient délibérément et certains allaient jusqu’à porter des accusations mensongères. Malgré leur caractère chaotique, les documents judiciaires sont indispensables à l’étude du meurtre des Donnelly.