HORREUR À BIDDULPH.

O’Connor révèle de précieux éléments preuves.

Amuse grandement l’assistance.

Johnny O’Connoe [Connor], rappelé à la barre – Quand j’ai couru avec Bridget pour monter à l’étage je les ai vus frapper.
M. Meredith – Qu’est-ce qu’ils frappaient?
Témoin – Ils frappaient les Donnelly et j’ai contourné le panier pour regarder; j’ai vu deux ou trois [hommes?]
M. Meredith – Vous avez dit trois hier c’est combien, deux ou trois?
Témoin – Trois, je pense.
M. Meredith – Pourquoi, alors, avez-vous dit trois?
Témoin – C’est la même chose.
M. Meredith – Ce n’est pas la même chose.
Témoin – Je n’ai pas vu Purtell et Ryder tenir des bâtons; j’ai vu le bout des bâtons je n’ai pas vu les hommes qui tenaient les bâtons.
Irving – Pourquoi ne laissez-vous pas le garçon expliquer ses réponses; vous lui posez une nouvelle question avant qu’il ait répondu à la question précédente.
M. Meredith – M. Irving, j’aimerais que vous ne m’interrompiez pas.
Témoin – Je n’ai jamais vu de menottes.
M. Meredith – Avez-vous déjà entendu parler de menottes?
Témoin – J’ai entendu parler de menottes.
M. Meredith – Qui avez-vous entendu en parler?
Témoin – J’ai entendu mon père parler de menottes.
M. Meredith – Saviez-vous à ce moment de quoi les menottes étaient faites?
Témoin – Je n’avais aucune idée en quoi les menottes étaient faites à ce moment-là, mais je pensais qu’elles étaient en fer.
M. Meredith – Ne pourraient-elles pas être faites d’autre chose?
Témoin – Elles sont en fer parce que sinon ils les briseraient! (Rires.) Je n’ai jamais vu Carroll après que l’homme est entré en courant; j’ai seulement vu Purtell et un homme une fois; ils étaient tous debout [devant?] Tom; j’ai vu les hommes descendre quand ils ont vidé du charbon et de l’huile sur le lit; je me suis caché derrière le panier; j’avais très très peur; je ne suis pas sorti par la porte d’entrée; j’avais peur parce que je savais que Tom était étendu là, mort; je ne savais pas où aller quand je suis sorti de sous le lit; quand je suis arrivé chez les Whalen je ne savais pas ce que je disais; j’ai dit aux Whalen que Carroll était là; Whalen m’a dit de me taire; c’est pour ça que je n’ai pas dit que Purtell et Ryder étaient là.
M. Meredith – Avez-vous vu une bêche.
Témoin – Je n’ai pas vu de bêche.
M. Meredith – Lors du dernier procès vous avez juré avoir vu une bêche. Voici votre témoignage. (Lisant.) « J’ai vu quelqu’un qui avait une bêche; puis quelqu’un l’a frappé trois ou quatre fois avec la bêche. » Alors, qu’est-ce qui est vrai?
Témoin – Je ne me souviens pas.
M. Meredith – Devant les magistrats vous avez dit que vous jetiez des coups d’œil et que vous aviez vu Carroll, Purtell et Ryder debout autour de Tom.
Témoin – Je n’ai pas dit que j’avais vu Carroll.
M. Meredith – Vous avez dit devant les magistrats que vous aviez vu un bâton, et maintenant vous dites que vous avez vu trois bâtons. En mars vous avez dit que vous regardiez de derrière le panier au pied du lit; maintenant vous dites que vous regardiez à la tête du lit. Qu’avez-vous à répondre à cela?
Témoin - Je ne sais pas.
M. Meredith – Vous avez dit en mars dernier que vous aviez vu Ryder et Purtell deux fois.
Témoin – Je ne pense pas que j’ai dit ça.
M. Meredith – Alors tout cela est faux aussi?
Témoin – Je ne sais pas.
M. Meredith – Lors de l’enquête vous avez dit qu’ensuite une foule entière s’est précipitée à l’intérieur et a commencé à frapper Tom Donnelly avec des bâtons et des bêches. Est-ce bien ainsi que ça s’est passé?
Témoin – Je ne pourrais pas dire.
M. Meredith – Vous avez dit devant les magistrats que vous aviez vu deux hommes au visage noirci; maintenant, que vous n’en avez vu qu’un. Qu’avez-vous à répondre à cela?
Témoin – Je ne sais pas.
M. Irving – Je reverrai le témoignage avec le garçon, auquel l’éminent avocat a longuement référé à maintes reprises lors des nombreux interrogatoires du témoin, celui-ci ayant été convoqué cinq fois pour interrogatoire, incluant la présente audience.

[...] Joseph Whalen, l’un des fils de Patrick, a déclaré sous serment –
J’étais couché la nuit où John O’Connor est entré.
M. Irving – Que faisait votre père?
Je ne m’en souviens pas.
Q. – Que faisait votre mère?
R. – Je ne m’en souviens pas.
Q. – Dans quelle chambre se trouvait votre mère?
R. – Je ne m’en souviens pas.
M. Irving – Voilà qui est très encourageant. Nous devons essayer d’en savoir un petit peu plus que cela de votre part?
Sa Seigneurie – Vous feriez probablement mieux de demander au témoin de dire ce qu’il sait sous forme narrative. Cela a été essayé mais n’a donné qu’un piètre résultat, et l’avocat de la Couronne a encore une fois repris l’interrogatoire dans un style interrogatif. Peu après le témoin est devenu légèrement plus éloquent, et M. Irving a réussi à lui arracher quelque chose de plus que « je ne m’en souviens pas. »
M. Irving – J’aimerais que vous répondiez un peu plus vite.
Témoin – J’ai entendu ma mère dire à Johnny O’Connor, d’arrêter de dire que les Donnelly avaient été tués; d’arrêter de parler de peur qu’il s’attire des problèmes. Ici le témoin a ralenti le débit de sa déclaration, sa mémoire lui manquant encore.
M. Irving – Avez-vous lu les journaux depuis votre arrivée dans la ville.
Témoin – J’ai vu un journal au Martin’s Hotel; pas sûr si c’était le Free Press ou l’ADVERTISER; pense que c’était le Free Press.
M. Irving – Alors vous savez sur quoi porte ma question?
Témoin – Qu’est-ce que je sais? (Rires)
M. Irving – C’est ce que j’essaie de vous faire dire. Vous savez ce que votre sœur Theresa a dit hier?
Témoin – Je ne sais pas ce qu’elle a dit.
M. Irving – Où est votre frère William?
Témoin – Dans le Michigan.
M. Irving – Avez-vous parlé à John O’Connor cette nuit-là?
Non.
Avez-vous parlé à Johnny après vous être couché?
Non.
Avez-vous entendu Johnny parler à Theresa?
Non.
L’avez-vous entendu parler à quelqu’un?
Non. (Rires).
Avez-vous entendu quelqu’un parler à Johnny
Non. (Éclats de rires.)
Quand avez-vous déjeuné?
Après m’être levé.
Quand Johnny a-t-il déjeuné?
Le matin.

[...] Mme Mary Hastings O’Connor après avoir prêté serment a pris place.
À M. Irving – La nuit de la veillée funèbre de Mike, les cantonnières étaient à l’avant du lit, mais non derrière; les colonnes du lit étaient très hautes; le montant du lit était très haut aussi.
À M. Macmahon – Je ne pourrais pas dire depuis combien de temps je vis à Lucan; j’étais à la veillée funèbre de Michael Donnelly; ma fille a vécu chez les Donnelly pendant quelques mois; ils ont apporté le corps de John Donnelly chez moi.
Q. – Avez-vous entendu dire qu’une récompense était offerte?
R. – Je n’ai pas entendu ça, Monsieur.
Q. –Quoi?
R. – Quelqu’un m’a parlé de la récompense.
Q. – Qui?
R. – Je ne peux pas dire.
Q. – Où?
R. – Je sais pas où.
Sa Seigneurie – Si des gens vous ont parlé, vous vous souvenez sûrement du moment et de l’endroit.
R. –Ma foi, pour sûr je sais pas.
Q. – Vous ont-ils dit le montant de la récompense?
R.– Je peux rien vous dire à propos de la récompense.
Q. – Vous étiez à Toronto il n’y a pas longtemps?
R. – Oui, Monsieur, et après?! (Rires.)
Q. – Êtes-vous allée voir le procureur général?
R. – Voir qui?
Q. – Le procureur général.
Q. – Avez-vous vu le procureur général?
R. – Non, Monsieur, je n’ai pas vu le procureur général.
Q. – Qui avez-vous vu?
R. – Qui j’ai vu?
Q. – Ça suffit, répondez à ma question.
R. – Je ne pourrais pas dire qui j’ai vu et qui je n’ai pas vu.
Q. – Faites bien attention.
R. – Pourquoi je ferais attention?
Q. – Et maintenant, Mme O’Connor, vous allez répondre à ma question.
R. – Je ferai pas n’importe quoi qui me ferait perdre mon âme, vous ni personne. (Rires.)
Q. – Maintenant, dites-moi où vous êtes allée à Toronto.
R. – Je suis allée au bureau.
Q. – Quel bureau?
R. – Le bureau du procureur général.
Q. – Pourquoi êtes-vous allée là?
R. – Je voulais voir quelle sorte d’endroit c’était. (Hurlements de rires, et appels au silence!)
Silence!
Q. – Vous étiez curieuse de voir le style et la forme de l’édifice. Y êtes-vous allée seule?
R. – J’y suis allée seule.
Q. – Qu’alliez-vous faire à Toronto?
R. – Pour voir mes amis.
Q. – Allons, maintenant, vous devez dire au jury pourquoi vous êtes allée à Toronto.
R. – Je n’ai rien à dire au jury ni à personne. (Rires).
Q. – Donc vous êtes seulement allée pour voir quel genre de bureau avait le procureur général?
R. – Peut-être que oui et peut-être que non, et je veux plus être questionnée.
Sa Seigneurie Cameron – Les gens dans votre condition n’ont pas l’habitude de parcourir une si grande distance et à des frais si élevés simplement pour voir un bureau dans une ville.
R. – Les pauvres, je suppose, ne peuvent pas aller voir les choses comme les riches? (Rires).
M. Macmahon – Alors la seule raison pour laquelle vous êtes allée à Toronto était pour voir l’édifice. Avez-vous vu quelqu’un là-bas?
R. – Si j’ai vu quelqu’un là-bas?
Q. – Oui! Avez-vous vu quelqu’un là-bas?
R. – J’ai vu M. Scott.
Q. – Oh, vous avez vu M. Scott alors. Et qui est-ce, je vous prie?
R. – Comment je pourrais savoir qui c’était?
Q. – Pourquoi vouliez-vous voir M. Scott?
R. – Pourquoi je voulais voir M. Scott, vous avez dit?
Q. – Oui, pourquoi vouliez-vous voir M. Scott?
R. – J’en ai entendu parler.
Q. – Qui vous a dit d’aller voir M. Scott.
R. – Comment je peux savoir?
Q. – Vous voulez que le jury croie que vous ne savez pas qui vous a dit d’aller voir l’officier à Toronto?
R. – Je ne veux pas parler au jury ni à personne d’autre; pourquoi que vous forcez une femme à répondre cont’ son gré?
Q. – Vous devez répondre à ma question, Mme O’Connor; sinon vous y serez contrainte.
R. – Il va falloir me garder un mois, d’abord!
Juge Cameron – Je vais vous mettre en prison, Mme O’Connor, si vous ne répondez pas à la question.
Mme O’Connor – Vous pouvez bien m’envoyer en prison si ça vous chante.
Q. – C’est ce que je vais faire si vous ne répondez pas à la question.
R. – Bon, d’abord, envoyez-moi; c’est beau de voir du monde essayer de faire parler une femme cont’ son gré.
Q. – Pourquoi vouliez-vous voir M. Scott?
R. – Pourquoi?
Q. – Oui, pourquoi?
R. – Passque je voulais revenir à la maison en voiture.
Q. – Rien d’autre?
R. – Rien d’autre.
Q. – Donc vous avez fait tout le trajet jusqu’à Toronto pour avoir le prix d’un billet de train pour le retour. Combien de temps êtes-vous restée dans le bureau de M. Scott?
R. – Comment je pourrais savoir combien de temps?
Q. – Une heure?
R. – Comment je pourrais savoir?
Q. – Une demi-heure?
R. – Comment je pourrais dire?
Q. – Un quart d’heure?
R. – Peut-être que oui et peut-être que non.
Q. – Avez-vous parlé de la récompense?
R. – Je me rappelle pas.
Q. – Qui vous a apporté une lettre au sujet d’une récompense?
R. – Je ne sais pas qui a apporté la lettre; je ne l’ai jamais vue.
Q. – Pouvez-vous jurer que vous n’avez jamais vu la lettre?
R. – Je peux jurer que je ne sais pas qui a écrit la lettre.
Q. – Qu’avez-vous fait avec la lettre?
R. – Je lui ai rien fait, je suppose que les enfants l’ont brûlée.
Q. – Il y a combien de temps?
R. – Ça fait longtemps.
Q. – Avez-vous parlé à M. Scott de la lettre?
R. – Je sais pas si je lui en ai parlé ou pas.
Q. – Est-ce bien ce que vous voulez que le jury comprenne, que vous ne savez pas si vous avez parlé ou non de la lettre?
R. – Je ne pense pas que je lui ai parlé de la lettre; je n’ai rien dit à M. Scott à propos de la récompense.

Après avoir donné bien du fil à retordre au procureur, le témoin a admis ce qui suit à contrecœur :
J’ai entendu quelqu’un lire la lettre. Ça disait que si je laissais le garçon aller avec ces gens-là tout irait bien et serait réglé.
Q. – Que voulez-vous dire par réglé?
R. – Comment je peux savoir?
Q. – Où le garçon devait-il aller?
R. – Comment je pourrais dire où il devait aller?
Q. – Qui sont ces gens?
R. – Comment je pourrais dire qui c’est?

À ce moment l’avocat de la Couronne s’est avancé et a dit : Messieurs, cette lettre est un mystère complet pour nous et je ne sais pas où mon cher confrère veut en venir.
M. Macmahon – Vous le saurez très bientôt.
Témoin – La lettre disait que s’il allait avec les gens tout irait bien. Je peux dire tout ce qu’il y avait dans la lettre.
Q. – Avez-vous dit à M. Scott ce qu’il y avait dans la lettre?
R. – Je pense que je lui ai dit. Nous avons reçu une lettre qui disait que la personne qui emmènerait le garçon aurait la récompense.
Q. – Qu’a dit M. Scott à propos de la récompense?
R. – Comment je pourrais savoir ce qu’il a dit?
Q. – Est-ce que Scott a mentionné qui pourrait avoir la récompense?
R. – Il a rien dit.
Q. – N’avez-vous pas dit à M. Scott que votre garçon avait droit à la récompense que le gouvernement avait offerte?
R. – Je ne peux pas répondre à ça, M. Macmahon.
Q. – Eh bien, vous devez répondre.
R. – Eh bien, je ne pense pas que je lui ai dit.
Q. – Quelle part de la récompense vouliez-vous?
R. – Comment je pourrais savoir ce que je voulais?
Q. – Alors comme vous ne pouviez pas avoir la récompense vous vous êtes contentée d’obtenir le coût du billet de train? Combien lui avez-vous demandé?
R. – 5,60 $, pour payer mon billet de retour.
Q. – Aviez-vous assez d’argent sur vous pour payer votre billet de retour?
R. – J’en aurais pas manqué; j’avais des amis.
Q. – Répondez-moi; en aviez-vous assez?
R. – J’en avais pas assez.
Q. – Donc je suppose que vous y êtes allée pour faire du chantage? [...]

Source: Unknown, "Biddulph Horror - O'Connor Gives Some Valuable Evidence," London Advertiser, janvier 28, 1881.

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