HORREUR À LUCAN.

L’ampleur du crime commence à se faire sentir.

LES DÉTECTIVES TRAVAILLENT D’ARRACHE-PIED.

On s’attend à de nouveaux problèmes.

[...] Par la Dominion Line. DERNIÈRES NOUVELLES.

Lucan, 4 février.- L’excitation la plus totale règne à travers le canton. Aux environs de minuit 20 personnes se sont rendues à la résidence de James Donnelly, père, et ont frappé à la porte. À l’intérieur se trouvaient James Donnelly, père, environ 70 ans; sa femme Judy, âgée de 60 ans; Thos. Donnelly, environ 21 ans; Bridget Donnelly, âgée de 25 ans (nièce); et James Conners, âgé de 12 ans, engagé des Donnelly. Un autre fils, John, âgé de 28 ans, habitait habituellement chez son père, mais ce soir-là il était allé chez son frère William, à environ trois miles plus loin sur la huitième concession. Comme nous l’avons mentionné plus tôt, aux environs de minuit un groupe d’hommes aux

VISAGES NOIRCIS,

dont plusieurs portaient des vêtements de femme, ont frappé à la porte de la maison de Jas. Donnelly, une maison de bois rond d’un étage et demi, et ont exigé d’entrer. Thomas Donnelly, le fils, est allé ouvrir et a immédiatement été arrêté par la foule. S’en est suivie une altercation, Thomas était à l’extérieur quand quelqu’un a crié

« FRAPPE-LE SUR LA TÊTE AVEC LA BÊCHE »

et l’un des hommes qui avait une bêche l’aurait frappé sur la tête avec cet outil et un autre homme aurait utilisé une pioche. Il est tombé par terre, probablement mort, et a ensuite été jeté dans la maison. Les autres résidants, à l’exception de James Conners, le garçon, ont ensuite été bâtonnés et battus à mort. Le garçon s’est d’abord caché sous le lit derrière un panier de linge et s’est ensuite enfui. Les meurtriers après avoir

VERSÉ DE L’HUILE SUR LES DRAPS DU LIT

ont mis le feu à la maison, qui s’est consumée jusqu’aux fondations. Les dépouilles calcinées, réduites en cendres, ont été retrouvées dans la position où les victimes étaient tombées - celle de Thomas juste derrière la porte d’entrée, celle de M. Donnelly sur le plancher de la cuisine et celles de James Donnelly et Bridget Donnelly derrière le poêle, où ils s’étaient tapis et ont été tués. La bêche avec laquelle le meurtre de Thomas a été commis a été retrouvée parmi les décombres. Elle était

COUVERTE DE SANG,

mais la poignée avait été brûlée et toute possibilité d’identifier le coupable ainsi détruite. Il y a trois fermes à moins de cent verges de la maison, mais étrangement, les flammes de l’incendie n’ont réveillé aucun résident. Les chiens de garde n’ont pas donné l’alarme non plus, ce qui porte à croire qu’ils avaient été éloignés ou réduits au silence par les meurtriers. L’affreuse tragédie, qui n’a pas son égale dans les annales du pays, et qui pourrait rivaliser en atrocité avec les frontières du Texas, n’a été découverte qu’à 9 heures ce matin, quand Patrick Whalen, qui vit en face, a vu en se levant les

RUINES FUMANTES

et a immédiatement donné l’alerte. C’est environ au moment du meurtre du vieux Donnelly que deux hommes ont frappé à la porte de la résidence de William Donnelly, son fils, environ trois miles plus loin sur la huitième concession, Biddulph, et ont appelé William Donnelly. John, son frère, qui, comme nous l’avons déjà mentionné, y passait la nuit, s’est levé et, sans s’habiller a ouvert la porte et deux coups de feu ont immédiatement été tirés, apparemment un de chaque côté de la porte. Il est immédiatement tombé en s’exclamant :

« BILL, JE SUIS TOUCHÉ. »

Les deux hommes sont ensuite partis. William s’est levé et a ramené le corps dans la maison, et il semblerait qu’il ait été tiré du côté droit de la poitrine et aussi plus bas dans le ventre. La blessure à la poitrine contenait sept ou huit plombs, et celle au ventre avait été faite par une balle. En s’enfuyant, les hommes ont tiré plusieurs coups de revolver et cela a effrayé William, qui a eu peur d’aller chercher de l’aide. Ce soir le corps de John a été amené à Lucan où une autopsie sera pratiquée.

[...] La famille était depuis longtemps impliquée dans des conflits avec certains de ses voisins. La querelle existant à l’origine entre les Donnelly et une autre famille s’est étendue jusqu'à ce que tous les habitants de cette région deviennent soit les amis soit les ennemis des Donnelly, qui, avec l’empressement et l’esprit propres aux Celtes, répondaient aux injures et aux insultes, réelles ou imaginaires, par des coups. Ce genre de récrimination a fait grandir une haine féroce entre les deux clans qui, chaque fois qu’ils se rencontraient, ne rataient jamais l’occasion de faire connaître leur opinion et de fréquentes batailles éclataient. Les deux clans déposaient des recours au tribunal des magistrats, ils se bombardaient à coups d’assignations et, naturellement, en raison de leur sentiment l’un envers l’autre, la partie perdante devenait plus amère que jamais envers l’autre. De fréquents vols furent perpétrés dans le voisinage et leurs ennemis déclarèrent haut et fort les Donnelly coupables. Des incendies, qui étaient hors de tout doute criminels, éclatèrent aussi et, comme pour les autres infractions, un doigt accusateur se pointa dans la direction des Donnelly. On se rappellera que les granges, etc., de Patrick Ryder ont récemment brûlé, avec ce qu’elles contenaient et le soupçon a pesé sur les Donnelly. Le père et la mère ont été

ARRÊTÉS SOUS ACCUSATION D’INCENDIE CRIMINEL.

Il y a eu plusieurs remises de cause et, hier après-midi ils ont de nouveau été appelés à comparaître puis libérés sous caution.

Quelques mois plus tôt, de nombreux adversaires des Donnelly, croyant nécessaire de mettre en place des moyens pour découvrir les auteurs de délits, tinrent une réunion, au cours de laquelle ils décidèrent d’instaurer un comité de vigilance, dont le nombre de membres a rapidement augmenté, si bien qu’à présent on estime qu’il en compte 150. Comme les réunions étaient secrètes, les discussions n’ont pas été rendues publiques, mais le sentiment général s’est répandu à l’effet que les délibérations du comité ne présageaient rien de bon pour les Donnelly. Le sentiment entre les deux parties, qui a sans aucun doute mené à la commission de ces crimes diaboliques, en témoigne.

Les démarches des assassins et les circonstances exactes de l’assassinat demeureront probablement à jamais plongées dans la plus profonde obscurité, le seul survivant, James Connors, étant très jeune, ne peut donner qu’un récit chaotique de la scène extrêmement pénible dont il a été témoin. [...]

Source: Unknown, "Lucan Horror - Magnitude of the Crime Beginning to be Felt," London Advertiser, février 5, 1880.

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