La tragédie de Biddulph

Exeter Times, 9 févr. 1893

La tragédie de Biddulph

M. Wm. Donnelly, de Appin, écrit –
« La tragédie de Biddulph a eu lieu le matin du mercredi 4 février 1880 et avant que le public lise ces lignes, treize années se seront écoulées depuis le tristement célèbre massacre. Mais chacune de ces années a apporté son lot d’atroces changements à Biddulph et si un membre du comité de vigilance vivant encore regarde calmement en arrière et prend conscience du massacre perpétré par le « Temps », il arrivera à la conclusion que la justice rétributive s’est bien acquittée de sa tâche et que la froide, l’impitoyable main de la faucheuse se posera bientôt sur sa propre épaule. « Oui, en treize ans, 32 personnes, liées directement ou indirectement au massacre, ont eu ce qu’elles méritaient et comme aucune d’elles n’a été assassinée, c’est qu’il s’agit d’une intervention de Dieu Tout-Puissant. Je ne donnerai pas de noms, mais dirai seulement que plusieurs personnes furent tuées par le train London-Huron-Bruce. D’autres se retrouvèrent alitées sans raison apparente. D’autres tombèrent dans un puits. D’autres encore tombèrent raides mortes. D’autres furent en proie aux affres du délire et quelques-unes sont à l’asile, alors que la majorité de celles qui vivent toujours sont à la rue et sans le sou, elles qui étaient bien nanties treize ans plus tôt. Alors que je songe à tout cela, je ne peux que me rappeler les mots qu’a prononcés M. Æmelius Irving, c.r., qui était avocat de la couronne lors des procès. Après la remise en liberté de Carroll et des autres prisonniers, ma sœur Mme Currie pleurait dans le bureau du procureur de la couronne Hutchinson, quand M. Irving lui a dit “Ne pleurez pas, ma chère dame; Dieu est juste et Il voit tout; Il jugera l’affaire sans avocats ni jury et Il vous obtiendra réparation en moins de dix ans, en termes de châtiment”. Tout l’Ontario sait combien ces mots étaient justes. Certains ossements brisés et décharnés de ma famille sont encore en ma possession et le demeureront jusqu’à ce que justice soit rendue. Mais si les 13 prochaines années donnent une aussi bonne récolte que celle des 13 dernières années, je pense que justice sera rendue et que ces pauvres dépouilles pourront être enterrées afin de reposer en paix. »

Source: William Donnelly, "The Biddulph Tragedy," Exeter Times, février 9, 1893. Notes: Transcription, collection régionale de J. J. Talman, archives de la University of Western Ontario, papiers de Reaney, boite 22 (B1308), dossier 1.

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