UNITÉ IRLANDAISE.

Au rédacteur en chef du Irish Canadian.

MONSIEUR – Distraits par des scissions intestines – séparés par des motifs qui ne devraient pas diviser leur force nationale, les Irlandais du Canada sont loin de montrer la force que leurs talents, leur sens des affaires et leur grand nombre devraient leur assurer dans ce dominion. Combien de temps encore cet état de choses sera-t-il toléré, nul ne peut l’affirmer avec exactitude; mais tout intellectuel de notre sang déplore le manque de cohésion qui existe parmi nous. Dans chaque ville de chaque province du Canada se trouvent des Irlandais aux capacités remarquables; pourtant, ils ne se connaissent pratiquement pas les uns les autres. Un fils de l’Irlande vivant à Halifax n’a aucun moyen qui lui permette de savoir qu’il a un frère à Toronto; par conséquent, il est évident qu’un effort commun est nécessaire et que celui-ci ne manquerait pas, employé à bon escient, de placer notre peuple dans une position qui devrait être son but, et sans quoi les Irlandais demeureront à coup sûr exclus du cercle enchanté qui nimbe la réussite. Curieusement, la religion nous a divisés – nous, les admirateurs d’Emmet, de Butt, de Mitchell et de Parnell. La politique, ce qui est encore plus curieux, nous a elle aussi divisés – nous, les héritiers de la renommée de Baldwin, de la gloire d’Aylwin; nous, qui avons vu naître les Costigan, Anglin et tant d’autres d’aptitudes et de réputations semblables. Et c’est ainsi que, pendant que Sandy s’empare du butin, et Jean Baptiste de la part du lion, nous ne nous en tirons qu’avec les miettes, alors que nous avons travaillé d’arrache-pied pour préparer cette voie. [...]

JAMES JOESEPH GAHAN.

Québec, 28 octobre 1879.

Source: National Archives of Canada, John O. Hanley Fonds, MG29, B11, Vol. 30, Newspaper Scrapbook, James Joseph Gahan, "Irish Canadian," ca. 1879, 61.

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