L’HISTOIRE DE LA COLONIE DE RÉFUGIÉS WILBERFORCE DANS LE COMTÉ DE MIDDLESEX.

Par Fred Landon

[…] La colonie Wilberforce constituée de gens de couleur ne se classe pas parmi les plus grandes colonies de la sorte au Canada. Elle n’a pas existé aussi longtemps que d’autres non plus. Ce fut un échec presque dès le commencement.

[…] Les origines de la colonie Wilberforce nous amènent à Cincinnati, Ohio. […] À Cincinnati, il y avait une perpétuelle agitation à propos de la question raciale et du mouvement d’abolition. […] Le point culminant survint en 1829 quand la loi de 1804, connue sous le nom de Loi sur les Noirs de l’Ohio, fut remise en vigueur dans l’État et appliquée. Selon cette loi, chaque homme de couleur devait verser un cautionnement de 500 $ pour ne pas devenir une charge pour la ville et devait procurer des cautionnements à ses héritiers. Personne ne pouvait embaucher un homme ou une femme de couleur pour effectuer quelque travail que ce soit, sous peine d’une amende de 100 $.

[…] Il y avait environ 3 000 personnes de couleur à Cincinnati à cette époque et elles ont toutes été expulsées de leur travail. De plus, elles furent menacées d’être revendues comme esclaves si elles n’obéissaient pas. […] Certains parlèrent d’aller au Texas, puis on proposa le Canada et on fonda une société de colonisation présidée par J.C. Brown.

[…] En moins d’un mois ils étaient au Canada et on passa un contrat avec la Canada Land Company pour un canton de terre pour lequel il faudrait payer 60 000 $ par année pendant dix ans. Le but était d’amener le plus possible de résidants de Cincinnati dans ce canton pour qu’ils forment une colonie. Cependant, la Loi sur les Noirs était devenue inopérante à Cincinnati et des 2 700 personnes ou plus touchées par cette loi, seulement 460 quittèrent leur foyer et de ces 460 personnes, seules cinq ou six familles s’établirent à Biddulph. [...] Presque au même moment, par contre, le Canada vit arriver des réfugiés en provenance de Boston et quinze familles vinrent à Biddulph et s’y établirent. En fait, la colonie n’avait payé que pour environ 1 200 acres divisées en lots de 25 à 50 acres par famille. Cet emplacement correspond au village actuel de Lucan.

[…] L’échec de la colonie est né de deux principales sources. Premièrement, les persécutions qui sévissaient dans l’État de l’Ohio s’atténuèrent presque dès le départ des premiers réfugiés, ce qui réduit le nombre d’émigrants à une poignée. Deuxièmement, les officiers de la Canada Land Company, qui craignaient que la colonie des gens de couleur effraie les colons blancs, refusèrent soudainement de vendre davantage de terre aux colons, empêchant ainsi toute expansion. Ensuite, alors que cette mesure était en vigueur, survint l’immigration irlandaise des années trente et Biddulph, plutôt que de devenir une colonie de gens de couleur, devint en quelques années seulement une colonie irlandaise et l’est encore à ce jour. Les premières familles de couleur à s’y être établies sont restées et ont prospéré jusqu'à un certain point, mais très peu vinrent ensuite et vers le milieu des années quarante, la colonie Wilberforce était pratiquement inexistante. À partir de ce moment, elle ne fut qu’une petite colonie de gens de couleur au sein de la colonie irlandaise. […]

Source: Fred Landon, "Transactions of the London and Middlesex Historical Society" (London: London and Middlesex Historical Society, 1918). Notes: Collection régionale de J. J. Talman, archives de l'University of Western Ontario, papiers de Reaney, boite 27 (B1313), dossier 16.

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