Great Unsolved Mysteries in Canadian History
   
 

Guide pédagogique

pour

La torture et la vérité :
Angélique et l’incendie de Montréal

Un site Web créé par
Denyse Beaugrand-Champagne
Léon Robichaud

Guide pédagogique rédigé par
Ruth Sandwell
Léon Robichaud
Denyse Beaugrand-Champagne

Un projet des Grands Mystères de l’histoire canadienne
Codirecteurs :

John Lutz
Ruth Sandwell
Peter Gossage

Guide pédagogique pour La torture et la vérité : Angélique et l’incendie de Montréal

Table des matières

Soutien pédagogique — 5
Le module d’apprentissage — 6
Insérer ce module d’apprentissage dans votre cursus provincial — 6
Introduction — 8
Aperçu du module d’apprentissage — 9
Objectifs éducatifs — 9
Stratégies d’enseignement — 9
Activité finale — 10
Durée recommandée — 10

Aperçu du module d’apprentissage — 11
Sommaire des leçons — 11
Leçon 1 — Donner aux élèves l’information de base : que s’est-il passé la nuit du 10 avril 1793? -13
Leçon 2 — Contextes historiques : en apprendre davantage sur Montréal en 1734 — 17
Leçon 3 — Apprendre à lire des documents historiques : changer les attitudes envers la justice pénale — 20
Leçon 4 — Qui faut-il croire? Évaluer la crédibilité de la preuve — 22

2

Leçon 5 — Déterminer les critères d’évaluation des relations interraciales — 24
Leçon 6 — Différences de perspectives : lire des documents officiels — 25
Leçon 7 — Cet évènement est-il important? Le test du manuel scolaire- 28
Leçon 8 — Comment une société peut-elle justifier le recours à la torture? — 29
Leçon 9 — Rédiger une biographie — 30
Leçon 10 — Activité finale d’apprentissage : débats — 32

Matériel pédagogique — 33
Matériel pédagogique 1, notes préparatoires — 34
La torture et la vérité : Angélique et l’incendie de Montréal — 34
Matériel pédagogique 2, feuille d’activités — 36
Matériel pédagogique 3, feuille d’activités — 37
Matériel pédagogique 4, feuille d’activités — 38
Matériel pédagogique 5, feuille d’activités — 39
Matériel pédagogique 6, feuille d’activités — 40
Matériel pédagogique 7, feuille d’activités – 41

3

Matériel pédagogique 8, feuille d’activités — 42
Matériel pédagogique 9, feuille d’activités — 43
Matériel pédagogique 10, feuille d’activités — 44
Matériel pédagogique 11, feuille d’activités — 45

Suggestion d’intégration des apprentissages — 46
Suggestions d’intégration des niveaux d’apprentissage et des sujets — 46
Sciences — 46
Mathématiques — 46
Géographie — 47
Domaine langagier — 47

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Soutien pédagogique
et
Les sites Web des Grands Mystères de l’histoire canadienne

Tel que décrit dans la section « Salle des profs », (http://www.canadianmysteries.ca/teachers/indexfr.html), les sites offrent cinq types de soutien pédagogique :
— un résumé des principes de base de l’enseignement de l’histoire expliquant la philosophie derrière le projet des Grands Mystères
— un guide pédagogique complet pour chacun des sites
— des CyberMystères qui sont de courtes leçons
— une série d’exercices de soutien à l’apprentissage et des notes préparatoires qui permettent aux élèves de se familiariser avec les concepts clés de la pensée historique
— de l’information sur la façon dont les enseignants peuvent avoir accès à la section « Interprétations » du site Web. Cet accès requiert un mot de passe.

1. Les principes de base offrent une esquisse de la philosophie qui sous-tend la pédagogie des sites des Grands Mystères ainsi qu’un examen approfondi des quatre niveaux qui orienteront la façon d’enseigner et d’apprendre l’histoire.
Pour en savoir plus : http://www.canadianmysteries.ca/fr/foundationalIdeas.php

2. Les guides pédagogiques renferment des modules d’apprentissage détaillés, progressifs et échelonnés sur plusieurs leçons, tout en étant adaptés à l’âge des élèves. Les guides offrent également des leçons individuelles complètes pour les élèves des niveaux élémentaire et secondaire.
Pour en savoir plus : http://www.canadianmysteries.ca/teachers/guides/indexfr.php

3. Les CyberMystères sont de courtes leçons individuelles dont le contenu est ciblé et adapté à l’âge des élèves, et qui contiennent des plans de leçons détaillés et du soutien pédagogique. Chacun des sites offre un ou plusieurs CyberMystères. Les leçons utilisent le format Webquest, fort populaire et convivial, et ont été conçues selon l’approche du « défi critique » développée par le Critical Thinking Consortium. Une petite sélection des sources tirées des sites a été utilisée afin de créer des leçons qui sont courtes mais dynamiques et qui demandent aux élèves de développer leur pensée critique face à l’histoire.
Pour en savoir plus : http://www.cybermysteres.ca/indexfr.html

4. On retrouve dans la section « Concepts clés de la pensée historique » des activités et des notes préliminaires qui aident les élèves à se familiariser avec les concepts de la pensée historique qui leur seront présentés tout au long de leur exploration des mystères. Cette section du site contient présentement trois exercices : « Qu’est-ce qu’une source? », « Histoire ou passé » et « Témoignage ou preuve ».
Pour en savoir plus : http://www.canadianmysteries.ca/teachers/keyconcepts/indexfr.html

5. L’accès à la section « Interprétation » de chacun des sites des Grands Mystères est protégé par un mot de passe que seuls les enseignants peuvent obtenir. Dans cette section se retrouvent les interprétations des historiens qui ont été rédigées à partir des documents inclus dans les sites. Le contrôle de l’accès aux interprétations sert à encourager les élèves à développer leur propre interprétation des sources plutôt que de se fier à celle des autres.
Pour en savoir plus : http://www.canadianmysteries.ca/teachers/login/indexfr.php

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Le module d’apprentissage

La torture et la vérité :
Angélique et l’incendie de Montréal

~ Un module d’apprentissage conçu pour développer la pensée critique
chez les élèves des premier et deuxième cycles du secondaire dans le cadre de l’enseignement de l’histoire ~


Insérer ce module d’apprentissage dans votre cursus provincial

Les rédacteurs du Guide pédagogique ont fait des recherches dans les cursus provinciaux et déterminé que le module d’apprentissage « La torture et la vérité : Angélique et l’incendie de Montréal » pouvait être utilisé efficacement dans le cadre des cours suivants, présentés ci-après par province. Les cours marqués d’un astérisque (*) sont ceux qui requerront peut-être un peu d’improvisation de la part des professeurs afin que les leçons – conçues pour les élèves en début et en milieu de parcours secondaire – soient d’un niveau de difficulté approprié.

Alberta
— Sciences humaines 9 – IOP
— Sciences humaines 10 – Le Canada et le monde moderne

Colombie-Britannique
— Sciences humaines 11 – Identité canadienne *

Île-du-Prince-Édouard
— 9e année – Histoire 300
— 10e année — Études canadiennes 401

Manitoba
— Senior 1 Sciences humaines – Le Canada aujourd’hui

Nouveau-Brunswick
— 9e année – Comprendre pour avoir une perspective d’ensemble

Nouvelle-Écosse
— 7e année – Sciences humaines
— Histoire du Canada 11*

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Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest
— 9e année – La croissance du Canada

Ontario
— 8e année – Histoire et géographie
— Histoire 10 – Histoire canadienne au 20e siècle
— Instruction civique 10

Québec
— Secondaire 4 – Histoire du Québec et du Canada
— Secondaire 3 et 4, nouveau cursus – Histoire du Québec et du Canada

Saskatchewan
— Sciences humaines 8 – L’individu et la société
— Sciences humaines 9 – Les racines de la société
— Sciences humaines 10 (unité 3)

Terre-Neuve
— 9e année – Le Canada : notre territoire et notre héritage

Yukon
(voir Colombie-Britannique)

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Introduction

La torture et la vérité :
Angélique et l’incendie de Montréal

Vous vous dites peut-être que l’incendie qui a détruit Montréal en 1734 est survenu il y a si longtemps qu’il ne revêt plus aucune importance, de nos jours, pour les Canadiens. Détrompez-vous : non seulement cet incendie et le procès qui s’en est ensuivi font-ils partie des thèmes clés et des questions importantes de l’histoire du Canada, mais les évènements de ce type sont grandement médiatisés de nos jours. Le besoin de trouver un bouc émissaire lorsque survient un évènement traumatisant, particulièrement si des relations sociales ou sexuelles illicites entrent en jeu, et le recours à la torture dans le but d’arracher de l’information aux suspects sont des sujets qui tiennent régulièrement la manchette dans les journaux canadiens et internationaux, alors que le public, les médias et les autorités tentent de trouver le coupable de la tragédie. Souvent, les rumeurs rejettent la culpabilité sur « les autres », c’est-à-dire les gens de race, de religion ou de classe sociale différentes et qui ont un autre système de valeurs; bref, des gens qui s’écartent d’une certaine norme. Une fois qu’on a déterminé que les coupables potentiels font partie de ceux qu’on considère comme « les autres », il y a des gens qui pensent que ces derniers ne devraient plus jouir des mêmes droits qui protègent le citoyen « moyen » contre les procédures judiciaires abusives.

Angélique était une esclave de race noire. Elle vivait à Montréal, une ville coloniale française, au 18e siècle. Lorsqu’un incendie majeur a détruit une partie de la ville, des rumeurs se sont mises à circuler : on racontait qu’Angélique avait mis le feu à la demeure de sa maîtresse afin de camoufler sa fuite en compagnie de son amant, un Blanc. La rumeur publique a mené à son arrestation, comme le permettait le droit pénal français à l’époque et des témoins ont rapporté ce qu’ils avaient entendu, mais personne n’a pu prouver qu’Angélique avait bel et bien allumé l’incendie. Comme aucune preuve concluante ne permettait d’inculper Angélique, le juge était sur le point de mettre fin au procès quand le procureur a fait entendre un dernier témoin, une fillette de cinq ans, qui a affirmé avoir vu l’esclave monter au grenier avec une pelle à feu remplie de braises. Dès lors, Angélique a été reconnue coupable. On l’a soumise à la torture pour lui tirer un aveu de culpabilité et on l’a exécutée. Il fallait que quelqu’un soit puni : la justice avait fait son travail, et les Montréalais pouvaient employer leurs énergies à rebâtir leurs maisons et à se refaire une vie.

Si le sort réservé à Angélique était considéré acceptable selon les critères de l’époque (la peine de mort était une sentence courante pour les incendiaires), des observateurs se sont récemment penchés sur son cas. L’esclave a-t-elle été victime d’une erreur judiciaire? Ou alors était-elle coupable et s’était-elle rebellée contre son statut d’esclave? Est-ce que seul un système juridique à ses premiers balbutiements, qui ne respectait pas encore la présomption d’innocence, pouvait mener la cause d’Angélique à un tel dénouement? De nos jours, nous arrive-t-il de porter un jugement trop rapide sur les suspects potentiels et faisons-nous subir de la pression aux autorités pour qu’elles trouvent des coupables rapidement?

Dans cette unité d’apprentissage fascinante et remplie de défis, les élèves feront une série d’activités qui les amèneront à découvrir des indices expliquant les évènements, les raisons pour lesquelles Angélique a été exécutée et la façon dont les gens considéraient les relations interraciales en Nouvelle-France. Ils auront l’occasion de consulter des sources relatives au procès d’Angélique ainsi que des textes présentant les réflexions de philosophes du 18e siècle sur le système juridique de leur époque. En outre, afin de mieux comprendre Angélique et le monde dans lequel elle vivait, les élèves étudieront les différents aspects de la vie et de la culture en Nouvelle-France, y compris l’esclavage. Enfin, ils participeront à des débats sur les motifs et la culpabilité possibles d’Angélique, sur ses relations avec les autres Montréalais et sur le bien-fondé de la sentence qui a été rendue à son procès.

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Aperçu du module d’apprentissage

Concepts
— Comprendre les défis et les problèmes auxquels faisaient face la population dans une ville de la Nouvelle-France.
— Se sensibiliser aux différents points de vue concernant le rôle des femmes et le statut des esclaves en Nouvelle-France par rapport à aujourd’hui.
— Être confronté aux problèmes que pose l’étude des preuves, tels que la nature incomplète de certaines preuves, les erreurs d’interprétation, l’évaluation de la qualité des éléments de preuve et la recherche de contradictions dans les différents témoignages.
— Évaluer la qualité et l’impartialité du processus judiciaire.
— Comprendre les contextes sociaux et historiques de la Nouvelle-France.

Objectifs éducatifs

— Identifier et clarifier un point, une question ou un problème.
— Développer un vocabulaire en lien avec l’analyse de documents historiques.
— Planifier et effectuer des recherches à l’aide de sources documentaires.
— Produire et critiquer différentes interprétations de sources et d’études.
— Évaluer et défendre une variété de positions sur des sujets controversés.
— Bâtir un récit à partir d’éléments de preuve non séquentiels.
— Planifier, réviser et présenter un exposé magistral à l’aide de divers médias.
— Faire preuve de leadership en planifiant et en appliquant une panoplie de stratégies pour régler les problèmes ou les questions préalablement définies.
— Perfectionner les capacités à construire et à défendre un argument.

Stratégies d’enseignement

Temps de laboratoire informatique nécessaire
Bien que ce module soit entièrement consacré au site Web sur Angélique et l’incendie de Montréal, la plupart des tâches peuvent être complétées si les documents nécessaires sont imprimés à l’avance et distribués aux élèves. Ainsi, les groupes ayant un accès restreint à un laboratoire informatique peuvent tout de même compléter le module.

Évaluation
Puisque les normes d’évaluation changent d'une juridiction à l'autre, vous ne trouverez ici que quelques lignes directrices générales. Les enseignants peuvent choisir d’accorder des points aux élèves pour l’accomplissement des différentes tâches du processus. Par contre, ils peuvent également décider que leurs élèves sont assez matures pour reconnaître que l’exécution des différentes tâches est un élément essentiel pour assurer le succès de l’activité.

Les caractéristiques de la note A/A+ en réflexion critique :
(Assurez-vous que les exigences soient appropriées au niveau de l'élève)
— les documents sont lus et interprétés avec application
— les questions sont analysées avec sérieux et de façon réfléchie
— les présentations et les allocutions sont préparées avec soin; elles sont soutenues par du matériel bien préparé et bien organisé, et les points apportés sont bien élaborés
— les résultats sont présentés avec prudence et appuyés par des références qui sont en lien avec la preuve
— les opinions s’appuient sur un raisonnement

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Activité finale

Les élèves participent à des débats portant sur les questions suivantes :

Angélique était-elle coupable?
Quels étaient les traits de caractère d’Angélique qui ont pu amener les gens à conclure qu’« elle l’avait fait »?
Les autorités de Montréal cherchaient-elles un bouc émissaire? Si oui, pourquoi?

Les élèves participant au premier débat jouent le rôle de différentes personnes qui ont été impliquées dans l’affaire, comme la maîtresse, le juge, l’esclave de la maison voisine, la servante, les enfants dont elle s’occupait et les voisins. Ils défendent leur point de vue en se replaçant dans le contexte de 1734.

Les élèves participant au second débat jouent le rôle d’historiens et de journalistes de notre époque. Ils débattent les questions fournies ci-dessus tout en déterminant comment on devrait s’y prendre aujourd’hui pour raconter l’histoire d’Angélique de façon impartiale.

Les notes précises et détaillées que les élèves auront prises au fil des activités leur seront d’une aide précieuse pour réaliser l’activité finale.

Durée recommandée

Allouez 20 périodes de cours pour compléter ce module avec des élèves du premier cycle du secondaire si vous avez l’intention d’inclure toutes les stratégies d’enseignement. Vous vous ajusterez ensuite selon le rythme des élèves et les contraintes de temps. Plusieurs exercices sont autonomes et peuvent donc être retirés de l’ensemble et utilisés seuls si le temps ne permet pas de couvrir le module au complet.

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Aperçu du module d’apprentissage

Sommaire des leçons

Question clé
Que révèlent l’incendie de Montréal et le procès d’Angélique sur l’attitude de la population à l’égard des esclaves en Nouvelle-France?

Leçon 1
Donner aux élèves l’information de base : que s’est-il passé la nuit du 10 avril 1793?
Établir les faits dans cette affaire
2 cours
Au cours de cette leçon, on présente aux élèves les détails relatifs à l’incendie de Montréal en 1734, au procès qui a suivi, à la condamnation et à l’exécution d’Angélique, une esclave de race noire. Au premier cours, l’enseignant incite les élèves à réfléchir à deux types de questions : des questions au sujet des circonstances particulières entourant l’évènement et d’autres au sujet du contexte général dans lequel l’évènement est survenu. Les réponses à ces questions permettront aux élèves de comprendre comment s’est produit l’incendie et pourquoi Angélique a été reconnue coupable de l’avoir causé. Au second cours, les élèves diminuent leur champ d’enquête et utilisent les feuilles d’activités afin de répondre aux deux questions suivantes : que sait-on au sujet de l’origine de l’incendie? Quelles sont les preuves indiquant qu’Angélique est coupable d’incendie volontaire?

Leçon 2:
Contextes historiques : en apprendre davantage sur Montréal en 1734
3 cours
Au cours de cette leçon échelonnée sur trois cours, les élèves travaillent en groupes et explorent l’un des six sujets qui leur permettront de comprendre le contexte dans lequel l’évènement s’est produit : le contexte général, le contexte nord-américain, le contexte canadien, la société en Nouvelle-France, la technologie dans le quotidien des gens de l’époque et la vie dans les foyers de la Nouvelle-France. Ils conçoivent une affiche qui représente le fruit de leurs recherches et la présentent à la classe.

Leçon 3
Apprendre à lire des documents historiques : changer les attitudes envers la justice pénale
1 cours
Les élèves discutent des attentes que la population entretient de nos jours à l’égard de l’application de la loi. Ensuite, ils consultent des documents et notent les inférences qu’ils peuvent faire au sujet de la présomption d’innocence, des droits de l’accusé et de la recherche de preuves, plus précisément en comparant le système inquisitoire français au système accusatoire anglais.

Leçon 4
Qui faut-il croire? Évaluer la crédibilité de la preuve
1 cours
Cette leçon a été conçue afin d’amener les élèves à établir des critères pour juger le contexte entourant l’affaire Angélique. Les élèves lisent des documents accessibles dans le site Web et établissent, en groupe, des critères pour évaluer la crédibilité des preuves.

Leçon 5
Déterminer les critères d’évaluation des relations interraciales
1 cours
Dans cette leçon, les élèves déterminent les critères selon lesquels on appréhendait les relations interraciales à l’époque de la Nouvelle-France, par comparaison avec notre époque. Ils discutent de cette question en faisant des liens avec l’affaire Angélique.

Leçon 6
Différences de perspectives : lire des documents officiels
2 cours
Au cours de cette leçon, on présente aux élèves des facteurs qui influent sur la rédaction de documents officiels. Au premier cours, les élèves examinent le récit de l’intendant sur le procès, puis ils rédigent un texte critique sur ce récit. Au second cours, les élèves travaillent en groupes et lisent les témoignages de différentes personnes qui ont donné leur version des faits au procès d’Angélique. Ils comparent les témoignages, qui portent tous sur les mêmes évènements et relèvent les divergences. À la fin de la leçon, la classe tient une discussion pour tenter d’expliquer ces divergences.

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Leçon 7
Cet évènement est-il important? Le test du manuel scolaire
1 cours
Les élèves consultent leur manuel d’histoire afin de déterminer la nature des sujets abordés dans les manuels scolaires. À l’aide de leur manuel et d’autres documents portant sur l’histoire, les élèves tiennent un débat afin de déterminer si l’affaire Angélique constitue ou non un évènement historique important.

Leçon 8
Comment une société peut-elle justifier le recours à la torture?
2 cours
Après avoir discuté de la politique actuelle du Canada en ce qui a trait à la torture, les élèves lisent les lois et la correspondance qui traitent de la torture. Au second cours, les élèves se replacent dans le contexte de l’époque coloniale et tiennent un débat au cours duquel certains défendent le recours à la torture alors que d’autres s’y opposent.

Leçon 9
Rédiger une biographie
3 cours
Les élèves rédigent la biographie impartiale de l’un des trois principaux acteurs dans l’affaire Angélique.

Leçon 10
Activité finale d’apprentissage : débats
4 cours
Les élèves se glissent dans la peau d’un observateur moderne du procès d’Angélique (un historien ou un journaliste) ou d’un des personnages historiques clés qui ont été impliqués dans l’affaire, pour participer à l’un des deux débats sur les questions importantes relatives à cette affaire.

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Leçon 1
Donner aux élèves l’information de base — Que s’est-il passé la nuit du 10 avril 1793?
Établir les faits dans cette affaire

Jours 1 et 2 du module
(2 cours, en supposant des périodes de 75 minutes)

Aperçu

Au cours de cette leçon, on présente aux élèves les détails relatifs à l’incendie de Montréal en 1734, au procès qui a suivi, à la condamnation et à l’exécution d’Angélique, une esclave de race noire. Au premier cours, l’enseignant incite les élèves à réfléchir à deux types de questions : des questions au sujet des circonstances particulières entourant l’évènement et d’autres au sujet du contexte général dans lequel l’évènement est survenu. Les réponses à ces questions permettront aux élèves de comprendre comment s’est produit l’incendie et pourquoi Angélique a été reconnue coupable de l’avoir causé. Au second cours, les élèves diminuent leur champ d’enquête et utilisent les feuilles d’activités afin de répondre aux deux questions suivantes : que sait-on au sujet de l’origine de l’incendie? Quelles sont les preuves indiquant qu’Angélique est coupable d’incendie volontaire?

Matériel pédagogique

Matériel pédagogique 1 : Contextes historiques (notes préparatoires)
Matériel pédagogique 2 : Que faudrait-il savoir de plus? (feuille d’activités)
Matériel pédagogique 3 : Premier document : casse-tête de classe (feuille d’activités)
Matériel pédagogique 4 : Comment l’incendie a-t-il commencé? (feuille d’activités)

Documents suggérés

Études
Bienvenue
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/accueil/indexfr.html

L’incendie, samedi 10 avril 1734
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/montrealbrule/10avril1734/indexfr.html

Sources
Documents de la cour
— Requête du procureur du roi pour l'arrestation d'Angélique et de Claude Thibault, 11 avril 1734
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1867fr.html

- Rapport de l'arrestation d'Angélique par l'huissier Jean-Baptiste DeCoste, avant-midi, 11 avril 1734
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1869fr.html

- Premier interrogatoire d'Angélique, audience de l'après-midi, 12 avril 1734
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1872fr.html

- Déposition de Marie dite Manon, 4e témoin, audience de 14:00, 14 avril 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1880fr.html

13

- Addition d'information d'Amable Lemoine Monière, 23e témoin, 17:00, 26 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2045fr.html

- Interrogatoire sous la torture (question ordinaire et extraordinaire), audience de 7:00, 21 juin 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2065fr.html

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Leçon 1, cours 1

(Jour 1 du module)

Activités

1. Précisez aux élèves que les évènements qu’ils étudieront lors des 20 prochains cours traiteront de la façon dont une ville réagit à un désastre. Ils examineront une société où la population est divisée par naissance et par classes sociales et où l’esclavage, la torture et la peine de mort sont acceptés. Ils devront tenter de comprendre le fonctionnement de cette société avant de juger trop rapidement le comportement de certains individus.

Revoyez avec eux les notions de « sources » et d’« études » :
a. Les sources sont des documents créés au moment où les évènements ont eu lieu, ou presque. Il peut s’agir de lettres, de journaux intimes, de rapports de recensement, d’articles de journaux, de listes d’emplettes ou de rapports gouvernementaux. Ils pourraient avoir été créés pour la postérité ou pour répondre à des questions que vous jugez pertinentes. (Par exemple, une personne peut avoir écrit son journal intime afin de mettre de l’ordre dans ses idées à l’approche de son mariage. En tant qu’historien, vous trouverez peut-être dans cet ouvrage des renseignements sur les habitudes alimentaires de la jeune femme ou les pensées d’au moins une personne à propos du mariage. Le but de la personne n’était pas de tenir une liste de ses habitudes alimentaires ni de décrire le mariage, mais vous pouvez trouver ces deux types de renseignements à la lecture du journal intime.)

b. Les études sont écrites ou créées après les évènements. Il s’agit, par exemple, de livres, de manuels scolaires ou de films qui décrivent des évènements historiques. Il s’agit d’une tentative par une ou des personnes d’interpréter les évènements, habituellement avec l’aide du contexte historique préalablement établi, notamment par d’autres historiens écrivant sur le même sujet ou sur un sujet relié.

2. Explicitez le matériel pédagogique 1, « Contextes historiques », aux élèves afin de les mettre en contexte. Ensuite, demandez aux élèves de se grouper deux par deux et demandez-leur de lire les documents suivants :
— Bienvenue
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/accueil/indexfr.html

- L’incendie, samedi 10 avril 1734
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/montrealbrule/10avril1734/indexfr.html

3. Expliquez que ce module, grâce à un projet appelé Les Grands Mystères de l’histoire canadienne, couvrira le procès d’Angélique qui a suivi l’incendie de Montréal en 1734. Pour ce projet, des sources liées à l’affaire comprenant la transcription du procès et les dépositions des témoins, ont été rassemblées et numérisées. Que s’est-il passé ce samedi soir? Qui a mis le feu? Est-ce que cela aurait pu être un accident? Qu’est-ce que l’affaire d’Angélique nous apprend sur l’évolution de la justice pénale? Qu’est-ce qu’on peut apprendre de la vie quotidienne à cette époque à partir de cette affaire? Qu’est-ce qu’on peut apprendre sur les attitudes face à l’esclavage à cette époque? Ce module permettra également aux élèves d’acquérir les habiletés dont les historiens ont besoin pour écrire à propos de l’histoire. Les élèves travailleront avec le même matériel que les historiens et découvriront à quels choix difficiles sont confrontés les historiens lorsqu’ils écrivent à propos de l’histoire, par exemple, choisir ce qui se retrouvera dans les manuels scolaires.

4. Expliquez aux élèves que leur première étape, comme celle des historiens, est de déterminer « l’ampleur de leur enquête », de décider des sujets sur lesquels il faudra en apprendre davantage pour bien comprendre la situation. Lorsque les élèves auront lu les deux documents suggérés au numéro 2, demandez à chaque groupe de dresser une liste de questions à approfondir. Quelles questions surgissent? Quel aspect mérite d’être fouillé? (Donnez des exemples fondés sur les questions fondamentales [qui, quand, pourquoi, où, comment], ainsi que sur les contextes social et historique). Allouez 10 à 15 minutes aux élèves pour dresser leur liste de questions, qu’ils regrouperont sous deux rubriques, « Détails relatifs à l’évènement » et « Contextes historiques », de la feuille d’activités 2, « Que faudrait-il savoir de plus? ».

5. Partage d’information A : placez les élèves en groupes de six, qui constitueront leur groupe d’origine tout au long de l’unité. Demandez aux élèves de chaque groupe de mettre en commun leurs listes de questions. Les paires auront des questions communes et des contributions originales. (Cette activité devrait se faire rapidement, surtout si les bureaux des élèves sont déjà placés en groupes de six dès le départ.) (L’un des objectifs de cette activité est de permettre aux élèves de reconnaître la valeur des perspectives variées sous lesquelles différentes personnes abordent une même question).

6. Partage d’information B : chaque groupe partage le fruit de son travail avec le reste de la classe. Dressez une liste finale de questions soit sur un transparent, soit sur une section du tableau que vous n’effacerez pas. Vous pouvez étoffer les questions, si nécessaire, mais il est préférable d’inciter les étudiants à repérer eux-mêmes les imprécisions.

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7. Discussion en grand groupe : laissez la liste de questions bien en vue et dites aux élèves qu’elle servira de document de référence pour toute la durée du module.

8. Devoir : demandez aux élèves de se familiariser avec le site Web du projet et de parcourir les documents distribués en classe.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/accueil/indexfr.html

Leçon 1, cours 2

(Jour 2 du module)

Activités

Casse-tête
1. Préparez le terrain. Les élèves répondront à deux questions clés dans le cadre de ce cours. Que sait-on au sujet de l’origine de l’incendie? Quelles sont les preuves indiquant qu’Angélique est coupable d’incendie volontaire?

2. Invitez les élèves à former des groupes d’experts. Les élèves forment cinq groupes d’experts. Remettez à chaque groupe un document faisant partie de la liste fournie ci-après. Demandez aux élèves de remplir les tableaux suivants (chaque élève doit remplir son exemplaire du tableau puisqu’il devra le présenter aux membres de son groupe d’origine).

3. D’abord, les élèves déterminent quelle information est strictement factuelle et laquelle constitue plutôt une fenêtre ouverte sur l’univers social et culturel de la Nouvelle-France.
Matériel pédagogique 3 : Premier document : casse-tête de classe – étape 1.

4. Ensuite, une fois que les élèves ont séparé les faits et l’information des témoignages et des opinions, ils remplissent le tableau suivant.
Matériel pédagogique 3 : Premier document : casse-tête de classe – étape 2.

5. Les élèves rejoignent leur groupe d’origine (chaque groupe de six comprendra des membres de groupes d’experts différents) pour remplir le tableau du Matériel pédagogique 4 : Comment l’incendie a-t-il commencé?

6. Discussion en grand groupe
a. Votre groupe a-t-il réussi à déterminer l’origine de l’incendie à l’aide d’un seul document? Pourquoi?
b. Que s’est-il passé lorsque vous avez regroupé l’information tirée de plusieurs documents? Avez-vous réussi à déterminer l’origine de l’incendie? Pourquoi?
c. D’expérience, les historiens s’attendent à ce que différentes sources, comme celles que vous avez consultées, donnent des interprétations divergentes d’un même évènement. Ces documents révèlent aussi différentes façons d’entrevoir la « vérité », qui sont influencées par la vision du monde de l’auteur ou du narrateur, l’univers social et culturel dans lequel ils vivaient, leurs valeurs et leurs champs d’intérêt. Que vous révèlent les documents que vous avez lus sur le monde dans lequel Angélique vivait?

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Leçon 2
Contextes historiques : en apprendre davantage sur Montréal en 1734

(3 cours)
DES PÉRIODES EN BIBLIOTHÈQUE SONT NÉCESSAIRES POUR CETTE LEÇON

Aperçu

Au cours de cette leçon échelonnée sur trois cours, les élèves travaillent en groupes et explorent l’un des six sujets qui leur permettront de comprendre le contexte dans lequel l’évènement s’est produit : le contexte général, le contexte nord-américain, le contexte canadien, la société en Nouvelle-France, la technologie dans le quotidien des gens de l’époque et la vie dans les foyers de la Nouvelle-France. Ils conçoivent une affiche qui représente le fruit de leurs recherches et la présentent à la classe.

Présentations et affiches du groupe

Selon le niveau des connaissances générales et historiques des élèves, vous désirerez peut-être prendre une période de cours de plus pour compléter cette activité.

Matériel requis

Carton, marqueurs et colle en bâton

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Leçon 2, cours 1

(Jour 3 du module)

Activités

1. Regroupez les élèves dans leur groupe permanent. Chaque groupe effectue des recherches et crée une affiche sur un des sujets mentionnés plus bas. Ces affiches seront disposées dans la classe jusqu’à ce que le module soit terminé. Puisque vous travaillez avec des élèves du premier cycle du secondaire, vous devrez les guider à établir une stratégie de recherche et à trouver des études sur le sujet. Pour accélérer les choses, l’enseignant ou le bibliothécaire peut identifier ou réserver des manuels scolaires et des ouvrages de référence appropriés (l’Atlas historique du Canada est essentiel pour obtenir de l’information sur la démographie).

a. Contexte général (1715-1744) : Population mondiale? Quels évènements importants avaient lieu à l’extérieur du Canada? (Par exemple, la fin de la Guerre de succession d’Espagne, la période de paix entre la France et la Grande-Bretagne, l’établissement des grands empires français et britannique, la croissance du commerce transatlantique des esclaves.)

b. Le contexte nord-américain (1715-1744). Que se passait-il au-delà de la vallée du Saint-Laurent? (Par exemple, la construction de la forteresse de Louisbourg, l’exploration des terres intérieures, la guerre opposant les Français aux Renards, la croissance économique et démographique des Treize colonies.)

c. Le contexte canadien (1715-1744). Comment était la vie dans la vallée du Saint-Laurent, qu’on appelait « Canada », à l’époque? (Par exemple, les statistiques démographiques, les principales exportations, le nom des villes importantes, du gouverneur, de l’intendant.)

d. La société en Nouvelle-France. Quels groupes formaient la société urbaine? (les officiers de l’armée et les officiers civils, les marchands, les artisans, les ouvriers, les soldats, les domestiques, les esclaves)? Quelle était l’attitude de l’élite à l’égard des classes inférieures (les journaliers, les domestiques et les esclaves)?

e. L’apport des technologies dans le quotidien. Comment les gens vivaient-ils (les aristocrates, les bourgeois, les artisans, les paysans, les ouvriers, les soldats, les domestiques, les esclaves)? De quelles technologies les gens disposaient-ils pour les communications, le transport, la conservation et l’entreposage des aliments, le chauffage et l’éclairage? La technologie était-elle en évolution?

f. La vie dans les foyers de la Nouvelle-France (vie rurale et vie urbaine) : contraste entre la vie rurale et la vie urbaine en Nouvelle-France. Quel rôle l’Église catholique jouait-elle dans la vie des gens au quotidien? Quels métiers s’offraient aux hommes et aux femmes? Quel était le degré d’instruction des gens? Où pouvaient-ils s’instruire?

2. Devoir : chaque membre du groupe doit terminer sa recherche sur les questions qui lui ont été assignées par le groupe, si cela s’avère nécessaire.

Leçon 2, cours 2

(Jour 4 du module)

1. Dans leur groupe permanent, les élèves assemblent leur affiche sur un carton afin de la présenter au reste de la classe.

Leçon 2, cours 3

(Jour 5 du module)

1. Les présentations sont courtes (8 minutes de type « nouvelles brèves »). Puis les affiches sont accrochées aux murs de la salle de classe jusqu’à ce que le module soit terminé.

Évaluation optionnelle

Vous pouvez donner une note de groupe pour chacune des affiches et les membres du groupe peuvent évaluer leur propre performance ainsi que celle de leurs coéquipiers.

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Leçon 3
Apprendre à lire des documents historiques : changer les attitudes envers la justice pénale
Inférence par rapport à observation directe

(1 cours)

Aperçu

Les élèves discutent des attentes que la population entretient de nos jours à l’égard de l’application régulière de la loi. Ensuite, ils consultent des documents et notent les inférences qu’ils peuvent faire au sujet de la présomption d’innocence, des droits de l’accusé et de la recherche de preuves, plus précisément en comparant le système inquisitoire français au système accusatoire anglais.

Matériel pédagogique

Matériel pédagogique 5 : Les droits et l’application de la loi (feuille d’activités)
Matériel pédagogique 6 : Les droits et l’application de la loi en Nouvelle-France (feuille d’activités)

Documents suggérés

Sources
1. Court Documents
1. Documents de cour
— Récolement d'Ignace Gamelin fils, Jeanne Nafrechoux, Marguerite César dite Lagardelette, Charlie dite Charlotte Desrivières, Alexis Lemoine Monière, Jeanne Tailhandier dite Labaume, du 13 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1906fr.html

- Addition d'information d'Amable Lemoine Monière, 23e témoin, 17:00, 26 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2045fr.html

- Confrontation entre Amable Lemoine Monière, dernier témoin, et Angélique, 8:00, 27 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2050fr.html

- Opinion juridique de Charles-René Gaudron de Chevremont, conseiller et juge, deuxième interrogatoire sur la sellette, 4 juin 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2060fr.html

2. Livres
Procédure relative à l’interrogation des témoins.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/books/2126fr.html

- La preuve par commune renommée.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/books/2137fr.html

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Leçon 3, cours 1

(Jour 6 du module)

Préparatifs

Demandez aux élèves de se pencher sur les attentes que la population entretient de nos jours à l’égard de l’application régulière de la loi. En guise de préparation au cours, ils doivent remplir le tableau qui se trouve dans la feuille d’activités 5, « Les droits et l’application de la loi ».

Activités

1. Distribuez un document faisant partie de la liste fournie ci-après à chacun des groupes. Chaque groupe doit parcourir le document et comprendre le témoignage qui y est rapporté. Le groupe d’origine se divise en trois sous-groupes de deux et sépare le document en trois parties. L’objectif de chaque sous-groupe est de trouver des dépositions qui permettent de faire des inférences sur le processus judiciaire qui prévalait en Nouvelle-France.

Livres :
Procédure relative à l’interrogation des témoins.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/books/2126fr.html

- La preuve par commune renommée.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/books/2137fr.html

Documents de cour
— Récolement d'Ignace Gamelin fils, Jeanne Nafrechoux, Marguerite César dite Lagardelette, Charlie dite Charlotte Desrivières, Alexis Lemoine Monière, Jeanne Tailhandier dite Labaume, du 13 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1906fr.html

- Addition d'information d'Amable Lemoine Monière, 23e témoin, 17:00, 26 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2045fr.html

- Confrontation entre Amable Lemoine Monière, dernier témoin, et Angélique, 8:00, 27 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2050fr.html

- Opinion juridique de Charles-René Gaudron de Chevremont, conseiller et juge, deuxième interrogatoire sur la sellette, 4 juin 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2060fr.html

2. Chaque sous-groupe présente le fruit de son travail aux autres membres du groupe d’origine afin que tous les élèves aient un aperçu du document en entier.

3. Les groupes d’origine présentent leurs résultats au reste de la classe. Ensemble, les élèves regroupent toutes les dépositions et les inférences dans une seule liste.

4. Devoir : les élèves complètent la feuille d’activités 6, « Les droits et l’application de la loi en Nouvelle-France »

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Leçon 4
Qui faut-il croire?
Évaluer la crédibilité de la preuve

(1 cours)

Aperçu

Cette leçon a été conçue afin d’amener les élèves à établir des critères pour juger le contexte entourant l’affaire Angélique. Les élèves lisent des documents accessibles dans le site Web et établissent, en groupe, des critères pour évaluer la crédibilité des preuves.

Matériel pédagogique

Matériel pédagogique 7 : Qui a dit quoi? (feuille d’activités)
Matériel pédagogique 8 : Critères d’évaluation de la crédibilité d’un témoignage (feuille d’activités)

Documents suggérés

- Déposition d'Étienne Volant Radisson, 1er témoin, audience de 14:00, 14 avril 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1876fr.html

- Déposition de Marie dite Manon, 4e témoin, audience de 14:00, 14 avril 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1880fr.html

- Deuxième interrogatoire d'Angélique, audience de 15:00, 3 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1892fr.html

- Déposition de Marie-Louise Poirier dite Lafleur, 9e témoin, audience de 14:00, 15 avril 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1885fr.html

- Déposition de Marguerite César dite Lagardelette, 7e témoin, audience de 8:00, 15 avril 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1883fr.html

- Quatrième interrogatoire d'Angélique, audience de 17:00, 14 mai 1734
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1909fr.html

- Addition d'information d'Amable Lemoine Monière, 23e témoin, 17:00, 26 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2045fr.html

- Interrogatoire sous la torture (question ordinaire et extraordinaire), audience de 7:00, 21 juin 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/2065fr.html

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Leçon 4, cours 1

(Jour 7 du module)

Au cours de cette leçon, les élèves dressent une liste de critères d’évaluation des relations interraciales dans le monde moderne et en Nouvelle-France. Ils discutent de ces questions en relation avec l’affaire Angélique.

Activités

1. Les élèves rejoignent leur groupe d’origine. Chaque groupe dispose de trois dépositions, qui font partie de la liste fournie ci-après, et des biographies correspondantes (tirées de la section « Contexte/Références/Personnages » du site Web).

2. Les groupes se divisent en sous-groupes de deux qui choisissent l’une des trois dépositions ainsi que la biographie correspondante. Chaque sous-groupe relève des éléments saillants (ce que le témoin affirme avoir vu, la relation qu’il entretenait avec l’accusée, son degré d’instruction et ses motifs personnels) qui renforcent ou qui atténuent la crédibilité du témoignage. Ce témoignage révèle-t-il de l’information sur les relations interraciales? Les élèves complètent la feuille d’activités 7, « Qui a dit quoi? »

3. À partir de leur travail, chacun des groupes dresse une liste de critères d’évaluation qui devraient être appliqués lorsqu’il faut évaluer des preuves contenues dans les sources.

4. Quelles questions les élèves devraient-ils se poser afin d’établir les critères d’évaluation? La liste devrait comprendre les questions suivantes : Y a-t-il des raisons de croire que les éléments de preuve ont été altérés? Y a-t-il des raisons de croire que le témoin a menti? (Si oui, quelles sont ses raisons?) Y a-t-il des raisons de croire que le témoin a exagéré indûment? Le témoignage est-il cohérent? (ou, au contraire, contient-il des contradictions?) Le témoignage entre-t-il en contradiction avec celui d’un autre témoin? Le témoignage concorde-t-il avec le contexte historique? (culture, économie, politique, etc.) Les élèves complètent la feuille d’activités 8, « Critères d’évaluation de la crédibilité d’un témoignage ».

5. Une fois l’activité terminée, demandez aux groupes de partager le fruit de leur travail avec le reste de la classe, puis invitez les élèves à réfléchir sur leurs observations.

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Leçon 5
Déterminer les critères d’évaluation des relations interraciales

(1 cours)

Aperçu

Dans cette leçon, les élèves déterminent les critères selon lesquels on appréhendait les relations interraciales à l’époque de la Nouvelle-France, par comparaison avec notre époque. Ils discutent de cette question en faisant des liens avec l’affaire Angélique.

Matériel pédagogique

Matériel pédagogique 9 : Évaluer le racisme (feuille d’activités)

Leçon 5, cours 1

(Jour 8 du module)

Activités

1. En groupe, les élèves déterminent les critères d’évaluation des relations interraciales à l’époque de la Nouvelle-France en utilisant la feuille d’activités 9, « Évaluer le racisme ». Dans une colonne, ils regroupent les critères qui s’appliquent à notre époque. Dans une autre, ils dressent les critères s’appliquant à la Nouvelle-France. Utilisez les trois thèmes suivants dans chacune des colonnes : mariages interraciaux, esclavage et ségrégation.

2. Discutez des questions suivantes en grand groupe :
a. Quelles relations Thérèse de Couagne avait-elle avec Angélique? Madame de Couagne était-elle une bonne « propriétaire d’esclave »?
b. Quelle opinion Angélique avait-elle des Français et, plus particulièrement, de sa maîtresse?
c. Quelles relations Angélique avait-elle avec Marie dite Manon, l’esclave pawnee au service de la maison voisine?
d. La relation amoureuse entre Angélique et un homme blanc était-elle acceptée?
e. Selon les normes de la Nouvelle-France, était-il approprié d’exécuter Angélique?
f. Les questions de genre, de race et de classe sociale ont-elles eu une incidence sur le destin d’Angélique?

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Leçon 6
Différences de perspectives : lire des documents officiels

(2 cours)

Aperçu

Au cours de cette leçon, on présente aux élèves des facteurs qui influent sur la rédaction de documents officiels. Au premier cours, les élèves examinent le récit de l’intendant sur le procès, puis ils rédigent un texte critique sur ce récit. Au second cours, les élèves travaillent en groupes et lisent les témoignages de différentes personnes qui ont donné leur version des faits au procès d’Angélique. Ils comparent les témoignages, qui portent tous sur les mêmes évènements et relèvent les divergences. À la fin de la leçon, la classe tient une discussion pour tenter d’expliquer ces divergences.

Matériel pédagogique

Matériel pédagogique 10 : Comparer les versions (feuille d’activités)

Documents suggérés

- Sentence du Conseil supérieur contre Marie Joseph Angélique, négresse, pour crime d'incendie à Montréal, 12 juin 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/proces/jugementetappel/2064fr.html

- Premier interrogatoire d'Angélique sur la sellette en présence des conseillers Adhémar dit Saint-Martin, Gaudron de Chevremont, Guillet de Chaumont et Lepailleur de Laferté, audience de 10:00, 27 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/proces/surlasellette/2051fr.html

- Extrait d'une lettre du gouverneur et de l'intendant au Roi : abandon des poursuites contre Thibault.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/proces/tortureexecution/2067fr.html

- Rapport de l'arrestation d'Angélique par l'huissier Jean-Baptiste DeCoste, avant-midi, 11 avril 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1869fr.html

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Leçon 6, cours 1

(Jour 9 du module)

Activités

1. En sous-groupes de deux : présentez aux sous-groupes différentes perspectives sous lesquelles on peut considérer les mobiles présumés d’Angélique pour mettre le feu. Voyez à ce que la moitié de la classe lise le verdict du Conseil supérieur et la défense d’Angélique, et que l’autre moitié lise le rapport de l’intendant adressé au ministre ainsi que le rapport de l’arrestation d’Angélique. Chaque élève lit un document.

2. Les paires utilisent la feuille d’activités 10, « Comparer les versions », afin de comparer la façon dont les différents documents présentent les mêmes évènements.

3. Individuellement (à terminer en devoir ou en vue d’une éventuelle évaluation) : dans un texte d’une page, les élèves font l’évaluation du document qu’ils ont lu en répondant aux questions suivantes : les rapports officiels rendent-ils compte des évènements? Tiennent-ils compte de la version de l’accusée? Les élèves doivent fournir des preuves tirées du document pour appuyer leur opinion.

Documents suggérés :
Combinez
— Sentence du Conseil supérieur contre Marie Joseph Angélique, négresse, pour crime d'incendie à Montréal, 12 juin 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/proces/jugementetappel/2064fr.html
et
— Premier interrogatoire sur la sellette d'Angélique en présence des conseillers, Adhémar dit Saint-Martin, Gaudron de Chevremont, Guillet de Chaumont et Lepailleur de Laferté, audience de 10:00, 27 mai 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/proces/surlasellette/2051fr.html

Combinez
— Extrait d'une lettre du gouverneur et de l'intendant au Roi : abandon des poursuites contre Thibault.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/proces/tortureexecution/2067fr.html
et
— Rapport de l'arrestation d'Angélique par l'huissier Jean-Baptiste DeCoste, avant-midi, 11 avril 1734.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/courtdocument/1869fr.html

Leçon 6, cours 2

(Jour 10 du module)

Activités

1. Demandez aux élèves de former de nouveaux groupes de deux, qui doivent comprendre un élève qui a lu le verdict du Conseil supérieur et la défense d’Angélique, et un autre qui a lu le rapport de l’intendant ainsi que le rapport d’arrestation. Les élèves partagent leurs observations et évaluent la qualité des rapports en répondant aux questions suivantes : les autorités judiciaires de la colonie et le premier officier de l’administration civile ont-ils minimisé ou passé sous silence certains aspects de l’affaire? Pourquoi se sont-ils empressés de classer l’affaire? Les élèves doivent fournir des preuves tirées du document pour appuyer leur opinion.

2. Invitez quelques groupes à présenter leurs observations au reste de la classe.

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3. Discussion en grand groupe : pourquoi les rapports diffèrent-ils des faits? Présentez aux élèves quelques interprétations populaires de l’affaire, interprétations tirées de la section « Échos historiques et culturels » du site Web. Discutez avec eux des concepts de bouc émissaire et de rectification historique, et invitez-les à réfléchir sur la possibilité qu’Angélique ait été une cible utile pour apaiser la grogne populaire qui sévissait en 1734, alors qu’elle est devenue un symbole pour certains auteurs. Que révèlent ces points de vue sur la réaction des gens lorsque surviennent des catastrophes et la façon dont l’histoire module parfois l’opinion qu’on se fait d’une personne? De nos jours, avons-nous encore tendance à chercher des boucs émissaires? Y a-t-il d’autres personnages historiques qui ont été présentés sous un jour plus favorable?

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Leçon 7
Cet évènement est-il important? Le test du manuel scolaire

(Jour 11 du module)

Aperçu

Les élèves consultent leur manuel d’histoire afin de déterminer la nature des sujets abordés dans les manuels scolaires. À l’aide de leur manuel et d’autres documents portant sur l’histoire, les élèves tiennent un débat afin de déterminer si l’affaire Angélique constitue ou non un évènement historique important.

Activités

1. En groupes de deux, les élèves examinent les pages consacrées à l’histoire de la Nouvelle-France dans leur manuel scolaire. Invitez-les à remarquer la présence (ou, plus vraisemblablement, l’absence) de l’histoire d’Angélique. Quels sont les sujets relatifs aux années 1730 qui sont abordés?

2. Posez les questions suivantes aux élèves : l’affaire Angélique constitue-t-elle un évènement historique important? Pourquoi? Votre manuel scolaire aborde-t-il ce sujet? Devrait-il l’aborder? Selon vous, y a-t-il d’autres manuels d’histoire qui traitent d’évènements de ce genre?

3. À la lumière de cette discussion, les élèves établissent les critères pour juger si une question ou un évènement sont importants au regard de l’histoire.

4. Invitez les élèves à débattre la question suivante : à l’école, devrait-on enseigner toutes les questions et tous les évènements jugés importants d’un point de vue historique?

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Leçon 8
Comment une société peut-elle justifier le recours à la torture?

(2 cours)

Aperçu

Après avoir discuté de la politique actuelle du Canada en ce qui a trait à la torture, les élèves lisent les lois et la correspondance qui traitent de la torture. Au second cours, les élèves se replacent dans le contexte de l’époque coloniale et tiennent un débat au cours duquel certains défendent le recours à la torture alors que d’autres s’y opposent.

Matériel pédagogique

Matériel pédagogique 11 : Trouver des preuves (feuille d’activités)

Documents suggérés

Livres :
La torture ou « question ».
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/contexte/lajustice/procedure/2140fr.html

- La torture par les « brodequins »
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/contexte/lajustice/procedure/2136fr.html

- Procédure relative à la question
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/contexte/lajustice/procedure/2128fr.html

- Réflexion sur les procédures criminelles en Angleterre et en France
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/contexte/lajustice/procedure/2120fr.html

- Réflexion sur les crimes et les sentences
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/archives/books/2145fr.html

Correspondance :
— Hocquart au Ministre : Les sentences criminelles majeures imposées pendant l’année 1735.
http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/contexte/lajustice/sentences/2144fr.html

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Leçon 8, cours 1

(Jour 12 du module)

Activités

1. Tenez une discussion sur le recours à la torture dans l’affaire Angélique. Présentez l’histoire de la torture dans les systèmes juridiques français et anglais. En instituant la loi pénale anglaise au Canada, les Britanniques ont aboli la torture. En France, la torture a été abolie au début de la Révolution de 1789.

2. Invitez les élèves à lire les documents suggérés plus haut qui offrent différentes perspectives sur le recours à la torture dans l’affaire Angélique et sur les types de sentences rendues à l’époque relativement aux crimes majeurs.

3. Invitez les élèves à former des groupes de deux et à remplir la feuille d’activités 11, « Trouver des preuves ».

4. Les élèves du premier groupe défendent le recours à la torture, tandis que les élèves du second s’y opposent. Invitez-les à se préparer en vue du débat, qui se tiendra le lendemain, en examinant les raisons favorables et défavorables à la torture, et en relevant les arguments ainsi que les preuves qui avaient cours en Nouvelle-France comme en France.

Leçon 8, cours 2

(Jour 13 du module)

Activités

1. Les élèves se préparent ensemble en vue du débat. Établissez avec eux la structure du débat et clarifiez-en les critères. Assurez-vous de formuler les exigences suivantes :
a) toute position ou raison doit être appuyée par une preuve ou un argument;
b) tout élève qui manquera de respect envers les autres sera exclu du débat.
2. Afin de bien se préparer, les élèves pourront s’inspirer des questions suivantes :
— Selon vous, le juge a-t-il pris la bonne décision lorsqu’il a rendu sa sentence? Justifiez votre opinion.
— Expliquez votre réponse en fournissant des exemples précis liés au contexte historique déjà vu en classe ou tirés des sources que vous avez consultées. Justifiez votre opinion.
— Angélique aurait-elle connu un sort différent si elle avait été un homme? Justifiez votre opinion.

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Leçon 9
Rédiger des biographies

(3 cours)

Aperçu

Les élèves rédigent la biographie impartiale de l’un des trois principaux acteurs dans l’affaire Angélique.

Leçon 9, cours 1

(Jour 14 à 16 du module)

Activités

1. En se fondant sur les documents qu’ils ont lus et analysés jusqu’ici, les élèves rédigent la biographie impartiale, nuancée et logique de l’un des personnages mentionnés ci-dessous. La biographie doit compter entre 400 et 500 mots. Elle doit comprendre des preuves tirées des sources et des citations appuyant les faits. (En guise d’exemple, présentez aux élèves une entrée du Dictionnaire biographique du Canada ou tout autre extrait d’un ouvrage biographique pertinent.)
a. Angélique
b. Thérèse de Couagne
c. Claude Thibault

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Leçon 10
Activité finale d’apprentissage : débats

(4 cours)

Aperçu

Les élèves se glissent dans la peau d’un observateur moderne du procès d’Angélique (un historien ou un journaliste) ou d’un des personnages historiques clés qui ont été impliqués dans l’affaire pour participer à l’un des deux débats sur les questions importantes relatives à cette affaire.

Leçon 10, cours 1 à 4

(Jours 17 à 20 du module)

Activités

1. Les élèves participent à des débats sur les questions suivantes :
a. Angélique était-elle coupable?
b. Pourquoi a-t-on retiré les accusations contre Claude Thibault, son amant?
c. Quels sont les traits de caractère d’Angélique qui ont pu amener les gens à conclure qu’« elle l’avait fait »?
d. Les Montréalais se cherchaient-ils un bouc émissaire à la suite d’un terrible désastre?

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2. Les élèves participant au premier débat jouent le rôle de différentes personnes qui ont été impliquées dans l’affaire, dont la maîtresse, le juge, l’esclave de la maison voisine, la servante, les enfants dont elle s’occupait et les voisins. Ils défendent leur point de vue en se replaçant dans le contexte de 1734.

3. Les élèves participant au second débat jouent le rôle d’historiens et de journalistes de notre époque. Ils débattent les questions fournies ci-dessus et déterminent comment on devrait raconter l’histoire d’Angélique de nos jours, sous une perspective impartiale.

4. Allouez trois jours aux élèves pour mener des recherches et se préparer à jouer leur rôle, et un cours pour tenir les débats. Incitez les élèves à tirer de l’information des affiches installées sur les murs de la classe. Ne manquez pas d’inviter les administrateurs de l’établissement et tous les membres du personnel qu’une telle discussion pourrait intéresser.

5. Note : Le second débat fournira des défis plus stimulants aux élèves matures pour un travail intellectuel plus poussé.

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MATÉRIEL PÉDAGOGIQUE

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Matériel pédagogique 1, notes préparatoires

La torture et la vérité : Angélique et l’incendie de Montréal :
contextes historiques

Qui était Angélique? Une esclave de race noire née au Portugal qui était au service de sa maîtresse, Thérèse de Couagne, à Montréal. On disait d’elle qu’elle avait son franc-parler. Elle avait déjà tenté de fuir, en février 1734, en compagnie de son amant, un Blanc nommé Claude Thibault. Le soir du 10 avril, un incendie s’est déclaré dans la résidence de Thérèse de Couagne. Très rapidement, 45 maisons ainsi que l’hôpital ont été consumés par les flammes. Le lendemain matin, la rumeur courait qu’Angélique, l’esclave dont l’amant venait tout juste de sortir de prison, avait allumé l’incendie afin de camoufler une nouvelle fuite. L’huissier a trouvé Angélique endormie aux côtés d’autres Montréalais qui avaient trouvé refuge dans le jardin des sœurs hospitalières. Elle dormait près des quelques effets de Madame de Couagne qu’elle avait réussi à sauver des flammes. L’huissier a aussitôt emprisonné Angélique.

François Foucher, le procureur du roi, avait exigé son arrestation en se fondant sur la rumeur publique. Il devait alors rassembler suffisamment de preuves pour convaincre le juge de la culpabilité de l’esclave. Des témoins ont affirmé qu’ils n’avaient pas vu Angélique monter au grenier ce soir-là, mais la plupart d’entre eux étaient pourtant convaincus de sa culpabilité (n’avait-elle pas mauvais caractère et son franc-parler?) ou avaient entendu dire qu’elle avait allumé l’incendie. Après cinq semaines de procédures judiciaires, aucune preuve directe ne venait confirmer la culpabilité d’Angélique. Le juge Pierre Raimbault était sur le point de mettre fin au procès quand le procureur a fait entendre un dernier témoin, une fillette de cinq ans nommée Amable Lemoine Monière. Cette dernière a affirmé à la cour avoir vu l’esclave monter au grenier avec une pelle à feu remplie de braises le jour où l’incendie a éclaté. Il n’en fallait pas plus pour que le juge prononce un verdict de culpabilité et impose la peine de mort à l’esclave noire. À l’origine, il l’a condamnée à se faire couper la main et à être brûlée vive, mais la cause a été portée en appel, et le Conseil supérieur, à Québec, a adouci la peine : Angélique serait pendue avant d’être brûlée. Avant de l’exécuter, on l’a torturée afin de lui faire révéler le nom de ses complices et de lui tirer un aveu de culpabilité. Sous la torture, Angélique a hurlé avoir allumé l’incendie en mettant des braises dans un chauffe-plats, mais le bourreau n’a pas réussi à lui faire nommer ses présumés complices. L’intendant pouvait faire rapport au roi qu’Angélique avait allumé l’incendie pour camoufler sa fuite et que l’affaire était maintenant classée.

Dans la perspective où plusieurs incendies avaient déjà éclaté à Montréal et à Québec, on ne prêtait plus grand intérêt à ce genre d’évènement. Les historiens ont accepté sans réserve le verdict du tribunal et le rapport de l’intendant. Cependant, comme certains d’entre eux s’intéressaient de plus en plus à la vie des gens ordinaires et à leur environnement, Angélique a attiré leur attention de par sa condition de femme et d’esclave noire. Angélique s’était-elle rebellée contre l’esclavage? Était-elle en fait la première héroïne noire du Canada? Avait-elle connu le destin tragique des femmes qui refusent de se soumettre aux normes de comportement qui leur sont imposées? L’a-t-on ciblée parce qu’elle était noire, parce qu’elle était esclave, parce qu’on n’appréciait pas son franc-parler ou parce qu’elle constituait le bouc émissaire parfait? A-t-elle vraiment allumé l’incendie? Essayait-elle de fuir la Nouvelle-France? Qu’en est-il de Claude Thibault, son amant? Comment a-t-il pu disparaître de la colonie?

Les auteurs qui ont fait ressurgir l’affaire Angélique établissent des parallèles entre cette histoire et les récits d’esclaves du sud des États-Unis. L’esclavage revêtait-il la même forme au Canada et aux États-Unis? Angélique a-t-elle cherché à fuir pour s’affranchir de son statut ou parce qu’elle ne voulait pas qu’on l’envoie aux Antilles, où elle savait que la vie serait plus difficile? Si on a longtemps décrit la Nouvelle-France comme une société aux structures simples et homogènes, l’histoire d’Angélique met en lumière les divisions sociales et les tensions qui existaient dans la colonie.

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Suggestion d’intégration des apprentissages

Ce module est conçu pour être appliqué en toute flexibilité. Les plans de cours de sciences humaines suggérés ont été pensés pour être autonomes, tout en demeurant liés les uns aux autres, en plus de s’inscrire facilement dans un module élargi, à la discrétion des enseignants. Ces suggestions peuvent s’adapter en fonction du temps, de l’espace et des ressources éducationnelles disponibles. Alors que les élèves sont parfois invités à s’imaginer dans une époque canadienne reculée, il est cependant rare qu’ils aient la chance d’avoir une expérience réelle des éléments de ce mode de vie révolu. Le matériel audiovisuel et les visites guidées des lieux historiques qui permettent de se tremper dans l’atmosphère de l’époque peuvent favoriser chez les élèves le développement de l’empathie historique, mais ces ressources ne sont pas toujours accessibles ou en concordance avec le sujet d’étude. Cette approche pédagogique permet aux élèves de vivre une expérience empirique des diverses réalités historiques.

Chacune des leçons fera appel à une composante permettant d’atteindre les objectifs principaux du module. Dans ce cas-ci, l’objectif est d’exercer un jugement critique et avisé pour tenter de découvrir pourquoi l’évènement a été négligé et mal interprété par les historiens et comment il a été remis à l’étude afin d’approfondir la connaissance de l’expérience qu’ont vécue les immigrants venus s’établir au Canada. L’évènement revêtait-il une importance à l’époque? Quelle est sa portée aujourd’hui? De plus, les élèves seront conviés à acquérir une conscience critique et lucide par rapport à la nature construite des récits historiques. En cherchant à atteindre ces objectifs, les élèves accompliront une tâche triple : enrichir leur connaissance de l’histoire canadienne, apprendre à utiliser des documents historiques (sources) et développer leur habileté à analyser, évaluer et penser de façon critique. Le module d’apprentissage offert dans ce Guide pédagogique n’est que partiellement intégré, c’est-à-dire que chaque suggestion n’exige pas explicitement que les élèves résolvent la question. Les élèves du second cycle du primaire et du premier cycle du secondaire n’auront vraisemblablement pas le temps ni les ressources scolaires pour fouiller les éléments de preuve selon des angles interdisciplinaires. Néanmoins, tous les exercices et leçons suggérés ici plongent les élèves dans l’affaire même, les encouragent à s’investir personnellement dans l’histoire et leur donnent la chance d’explorer l’histoire et les sciences humaines d’un œil critique et avisé.

Suggestions d’intégration des niveaux d’apprentissage et des sujets

L’approche d’intégration adoptée dans ce module offre un éventail de domaines d’intérêt. Cependant, les plans de cours complets offerts dans ce module ont été limités aux disciplines suivantes :

Science

La criminologie et la criminalistique sont des domaines d’études de plus en plus populaires. Bien sûr, en 1734, on ne disposait pas des outils et des techniques modernes pour enquêter sur les incendies criminels. Néanmoins, cette unité d’apprentissage offre une excellente occasion aux élèves de faire des apprentissages scientifiques liés à la criminalistique. Invitez-les à répondre aux questions suivantes : à quelles fins utilisait-on le feu en Nouvelle-France? Quelles sont les causes possibles de l’incendie de Montréal?

Mathématiques

Statistiques : présentez le site Web du Programme de recherche en démographie historique (PRDH) aux élèves, afin qu’ils puissent étudier la démographie de la Nouvelle-France (http://www.genealogie.umontreal.ca/fr/lePRDH.htm) La consultation de données démographiques permet aux élèves d’activer leurs connaissances en ce qui a trait à la statistique, d’utiliser des données numérisées et de mettre à profit leur habileté en matière de représentation graphique. Vous pouvez demander aux élèves de créer une ligne du temps pour représenter l’affaire Angélique; elle peut couvrir la journée du 10 avril ou toutes les procédures judiciaires et le procès. Vous pouvez aussi amener les élèves à organiser des données par ordre chronologique dans un diagramme numérique en utilisant des équations positives et négatives. Enfin, vous pouvez fournir aux élèves un exercice de mathématiques appliquées – en lien avec l’unité – qui les invitera à convertir des données textuelles en données numériques.

Géographie

Cette unité pourrait donner lieu à une exploration de la géographie physique, urbaine, humaine et culturelle de la Nouvelle-France. En consultant l’information offerte dans le site Web des Grands Mystères et dans Internet, les élèves peuvent créer ou analyser des tableaux, des cartes et des diagrammes représentant la composition démographique, religieuse, ethnique et sociale de Montréal ou de la Nouvelle-France.

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Domaine langagier

Les leçons présentées dans cette unité d’apprentissage mettent l’accent sur les habiletés de lecture et d’écriture. Certaines leçons débouchent sur la rédaction d’un texte fondé sur les preuves. Vous pouvez évidemment demander aux élèves de produire un texte plus long ou plus étoffé, sur un sujet plus complexe. Par ailleurs, pour relier l’affaire Angélique à l’art dramatique, vous pouvez inviter les élèves à évaluer comment l’affaire a été présentée dans un film ou une pièce de théâtre. Vous pouvez aussi faire visionner un documentaire sur les Noirs en Nouvelle-France et demander aux élèves de rédiger une critique, qu’ils pourront étayer de leurs propres connaissances sur l’affaire, connaissances acquises au fil des activités par la consultation de sources.

Que ce soit à l’école ou dans leur vie personnelle, la plupart des élèves ont accès à un vaste éventail de texte littéraires et de documents audiovisuels qui illustrent la vie des esclaves noirs, notamment dans les colonies anglo-américaines du sud ou, à une époque plus tardive, dans le sud des États-Unis. La case de l’oncle Tom, Racines et Amistad en sont des exemples remarquables. Invitez les élèves à lire ou à visionner Le retour de Martin Guerre afin de voir la justice française à l’œuvre. Vous pouvez également leur proposer des exercices sur des nouvelles, des romans ou des poèmes qui ont pour thème l’esclavage et qui les inviteront à faire des liens avec le reste du module.

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