Les autochtones de la région du Saint-Laurent dans « Chapitres 77, 78 et 79 »

Ils vivent dans des villages et des hameaux à l’intérieur de maisons construites en forme de demi-cercle, de vingt à trente pas de long sur dix de large, couvertes d’écorce de bois ou de roseaux. Et Dieu sait combien le froid y pénètre, car elles sont si mal construites, si mal couvertes et si mal soutenues que souvent, les piliers et les chevrons croulent sous le poids de la neige accumulée sur le toit. […]

[…] Les femmes labourent la terre et la retournent avec certains instruments faits de longues pierres puis elles sèment des graines, en particulier du millet et des gros pois (du maïs?) de différentes couleurs comme nous plantons les légumes par ici. La tige pousse comme la canne à sucre car elle porte deux ou trois épis, dont l’un est toujours plus grand que les autres comme nos artichauts. Elles sèment aussi des haricots qui sont plats et blancs comme de la neige et qui sont très bons. On trouve cette variété en Amérique (Brésil) et au Pérou (Amérique du Sud). Il y a aussi plusieurs calebasses (citrouilles) et courges, qu’ils font cuire dans les charbons avant de les manger comme nous le faisons par ici.

Il y a aussi une très fine graine qui ressemble à celle de la marjolaine, qui produit une assez grosse plante. Cette plante est hautement appréciée et ils la font sécher au soleil après en avoir cueilli beaucoup. Ils les portent autour du cou dans de petites poches en peau d’animal roulées en une sorte de cylindre pourvu d’un trou au bout, dans lequel ils plantent un morceau de cette plante séchée puis, l’ayant roulée dans leurs mains, ils l’allument et aspirent dans leur bouche la fumée qui s’en échappe par l’autre bout du cylindre. Et ils en prennent en si grande quantité qu’elle leur sort par les yeux et les oreilles.

Reste maintenant à dire comment ils se coiffent : c’est-à-dire différemment des Américains (Brésiliens). Hommes et femmes ont les cheveux noirs, très longs et il n’y a qu’une chose qui les distingue : les hommes ont les cheveux ramenés sur la tête comme une queue de cheval, plantée d’aiguilles de bois […]. D’autres s’enveloppent la tête d’une fourrure de martre […].

Ces hommes ne portent pas davantage la barbe que les Américains (Brésiliens) parce qu’ils l’arrachent dès qu’elle pousse.

Source: André Thevet, "Les autochtones de la région du Saint-Laurent dans « Chapitres 77, 78 et 79 »" in André Thevet’s North America: A Sixteenth-Century View, an edition-translation with notes and introduction by Roger Schlesinger and Arthur P. Stabler, (Kingston and Montreal: McGill-Queen’s University Press, 1986), 9-14, 16.

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