Extrait de « Voyages » traitant des Massachusets

[…] Ceux qui l'habitent ont leurs canaux faits tout d'une pièce, fort subjets à tourner, si on n'est bien adroit à les gouverner, & n'en avions point encores veu de ceste façon. Voicy comme ils les font. Aprés avoir eu beaucoup de peine, & esté long temps à abatre un arbre le plus gros & le plus haut qu'ils ont peu trouver, avec des haches de pierre […] ils ostent l'escorce, & l'arrondissent, horsmis d'un costé, où ils mettent du feu peu à peu tout le long de la pièce; & prennent quelquefois des cailloux rouges & enflammez, qu'ils posent aussi dessus, & quand le feu est trop aspre, ils l'esteignent avec un peu d'eau, non pas du tout, mais seulement de peur que le bord du canau ne brusle. Estant assez creux à leur fantaisie, il le raclent de toutes parts avec ces pierres. Les cailloux dequoy ils font leurs trenchans sont semblables à nos pierres à fuzil. [...]

[…] Ceux qui habitent ici ont des canots faits tout d'une pièce qui sont très sujets à chavirer à moins de savoir les manœuvrer adroitement, et nous n’en avions encore jamais vu de ce genre. Voici comment ils les fabriquent : après avoir eu beaucoup de peine et avoir mis longtemps à abattre, avec des haches de pierre, le plus gros et le plus haut arbre qu’ils aient pu trouver […] ils ôtent l’écorce et arrondissent le tronc, sauf d’un côté, où ils mettent le feu peu à peu tout le long de la pièce; ils prennent quelquefois des cailloux chauffés au rouge qu’ils posent également dessus. Quand le feu est trop vif, ils l’éteignent avec un peu d’eau, pas complètement, mais seulement pour éviter que le bord du canot ne brûle. Quand il leur semble assez creux, ils le raclent en entier avec ces pierres qui leur servent de couteaux. [...]

N.D.T. : L’équipe des Grands Mystères a fait une adaptation libre du texte original de Samuel de Champlain, disponible à l’adresse http://www.gutenberg.org/files/17258/17258-h/v5.htm (Chapitre V, 88/744)

Source: Samuel de Champlain, "Extrait de « Voyages » traitant des Massachusets" in The Works of Samuel de Champlain, vol. 1, H.P Biggar (Toronto: The Champlain Society, 1922), 338-339.

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