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MAX BASKIN PRONONCE UNE ALLOCUTION DEVANT LA FOSSE

Il a composé un poème faisant l’éloge du chef, Peter Lordly, le regretté Verigin

La seule allocution devant la fosse de Peter Verigin, le regretté chef des Doukhobors, a été prononcée hier par Max Baskin, son ami et associé. M. Baskin avait également composé un poème sur la mort du président et chef spirituel du Christian Community of Universal Brotherhood, dont une copie était incluse avec les fleurs qu’il a envoyées

Dans son allocution, M. Baskin a dit, notamment :

" Verigin est mort, mais son œuvre ne mourra jamais. Sa mémoire vivra dans vos cœurs et vos actions. En vous remémorant son idéal, vous avancerez dans les rayons du progrès sur le sentier bien balisé qu’il vous a laissé. “Travail et non-violence” était la devise d’un infatigable travailleur. Jusqu’à son dernier moment, il a travaillé sans relâche pour le bien de son peuple. Il est mort tel un laboureur derrière sa charrue.

Le courage d’un lion

" Démontrant le courage d’un lion, la vision d’un aigle et le cœur tendre d’une biche, il incarnait en lui tout ce qui faisait un chef idéal. Avec une volonté déterminée, il s’était tracé une route qu’il a suivie et il vous a guidés sur le chemin.

" Il était l’étoile brillante du progrès et aucun obstacle ne pouvait l’arrêter. Il vous a démontré son grand dévouement en vous conseillant d’émigrer de la Russie au Canada, prévoyant la grande révolution et les terreurs dont vous n’avez pas eu à souffrir. Tel un bon berger, il regardait vers l’avant et vous a protégés de bien des épreuves. Sous sa gouverne, la fraternité a constamment progressé, comme la terre promise selon la promesse de Dieu.

" Il éprouvait un intérêt personnel non seulement pour vous et vos familles, mais pour chaque arbre et pour chaque brin de gazon que vous cultiviez. Il a mis ses vastes connaissances et sa grande expérience à votre service pour vous montrer non seulement comment travailler, mais aussi comment vivre afin de trouver grâce aux yeux du Créateur. Comment puis-je, avec de simples mots, décrire votre terrible perte? Est-ce qu’une plume peut décrire ou écrire ce que ressent l’âme d’un peuple alors qu’il pleure la mort prématurée de son chef? Non. Un chagrin sincère ne peut être apaisé que par Dieu et les pleurs des travailleurs lui demandent de prendre leur chef sous son aile. Tout de même, de là-haut, votre chef vous inspirera et vous mènera vers le sentier de la vérité et de la dévotion. Le grand travail que ce père n’a pu compléter ne devrait pas être abandonné et vous devriez suivre le sentier du maître tel qu’il vous l’a montré alors qu’il était encore parmi nous. "

Le poème

Le poème de M. Baskin, traduit du russe dans lequel il a été écrit, se lit comme suit :

« Aucun tambour n’a résonné dans le cortège funèbre alors que nous transportions notre chef;
Aucun coup de fusil n’a été tiré alors que nous étendions son corps dans la terre;
Mais avec la sincérité de nos prières et l’humilité dans nos cœurs,
Nous nous sommes rassemblés aujourd’hui pour retourner ton corps, si cher, à la terre,
Et pour nous prosterner devant toi.
Nous te laissons seul ici avec un honneur qui ne mourra jamais.

Pour ton grand travail, Dieu t’a donné une couronne d’épines ensanglantée;
Les honneurs que nous t’avons rendus étaient sincères et nous avons creusé la tombe nous-mêmes;
Tous tes enfants étaient près de toi, tes proches t’ont fermé les yeux.
Tu es mort, toi notre chef, mais ton étincelle a laissé une flamme vive;
Ton peuple soulèvera avec amour ta grande bannière fraternelle. »

Une élégie russe

Avec les fleurs envoyées par Mme Baskin, il y avait une carte sur laquelle était inscrit un des courts poèmes de Nadson, un jeune poète russe mort à 21 ans, il y a de cela environ un quart de siècle, et dont les Russes et particulièrement les Doukhobors affectionnent la poésie. La traduction de cette élégie se lit comme suit :

« Ne me dites pas qu’il est mort.
Il vit.
Même si l’autel est brisé,
Le feu brûle encore;
Même si la rose a été cueillie,
Elle fleurit encore;
Laissez le cœur être brisé,
La corde sanglote encore. »

Source: "Max Baskin prononce une allocution," Nelson Daily News, 4 novembre, 1924.

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