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LES QUATRE DÉCÈS CAUSÉS PAR UNE FRACTURE DU CRÂNE

AUCUN MORCEAU DE SHRAPNEL DANS LES CORPS.

Le Dr Eaton ne croit pas à la théorie de l’explosion.

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LE JURY ANALYSE LA THÉORIE DU GAZ EN DÉTAIL Gaskill témoigne; un expert en explosifs est entendu; on ajourne

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Après une session qui a duré tout l’après-midi et toute la soirée d’hier, le jury de l’enquête du coroner de Nelson a ajourné jusqu’à ce matin pour entendre d’autres témoignages. Plusieurs témoins ont été entendus, dont G. H. Gaskill de Spokane, un des blessés dans l’explosion.

Il reste encore à déterminer si l’explosion a été causée par de la dynamite ou du gaz; les membres du jury ne laissent rien passer et ont examiné minutieusement la théorie du gaz. Des témoins ont déclaré qu’à la suite de l’explosion, on avait vu le gaz du réservoir brûler dans un jet de flammes. Le jury s’est également intéressé aux témoignages qui indiquaient que le feu brûlait faiblement et qu’il couvait à plusieurs endroits dans la voiture.

Les témoignages donnés par les docteurs Eaton et Bennett, qui ont pratiqué l’autopsie sur les corps à la morgue, ont presque détruit la théorie à l’effet qu’une bombe aurait explosé dans la voiture. Il n’y avait aucune trace de shrapnel dans les victimes et le Dr Eaton a déclaré qu’il ne pensait pas que les dommages aient été causés par une bombe. Il a été découvert que ces quatre personnes étaient mortes de fractures du crâne.

Des témoins seront sans doute appelés de Vancouver et Kelowna. Deux garçons provenant de la côte et qui n’ont pas été blessés pourraient être appelés à comparaître, alors qu’un témoin de Kelowna a dit qu’il était prêt à venir ici pour témoigner sur l’explosion. L’affaire se poursuit ce matin.

GASKILL RACONTE L'HISTOIRE.

« J’ai dû m’endormir vers environ 11 h 30, avant l’arrivée à Farron. Je ne sais pas ce qui est arrivé. Lorsque je me suis éveillé, le feu brûlait à environ 10 pieds. J’ai eu de la difficulté à m’éveiller. J’ai vu le feu et je savais que je devais me réveiller ou je serais pris. » C’est ce qu’a déclaré G. H. Gaskill de Spokane lorsqu’il a raconté son histoire au jury. Gaskill est un des témoins de la tragédie qui a échappé à la mort lors de l’explosion de la voiture.

Pendant qu’il était dans les décombres de la voiture, il a vu le serre-frein et a appelé à l’aide. Ils l’ont sorti par le côté sud de la voiture.

« Lorsque j’ai repris conscience, j’étais dans le centre de la voiture. J’avais la poitrine appuyée sur quelque chose et j’avais l’impression de regarder dans un canyon de 1000 pieds de profondeur. Je savais que si quelque chose bougeait, je mourrais. C’était un cauchemar », a-t-il dit. Le témoin a affirmé qu’il ne pouvait rien dire sur l’explosion. Il avait respiré une grande quantité de gaz et il avait été victime de trois hémorragies en chemin. Il avait l’impression d’être en feu. Il avait plusieurs ecchymoses et était brûlé à la tête, à l’oreille et au cou. Il ne savait pas ce qui avait causé ces brûlures.

Le témoin a affirmé qu’il n’avait aucune marque de poudre mais qu’il était très sale. Sa montre avait été arrachée de sa chaîne et projetée. Il ne savait pas grand-chose de toute cette affaire. Il dit avoir eu la vie sauve parce qu’il était recroquevillé sur son siège.

Il n’a pas remarqué un Hindou qui agissait de manière bizarre.

Le Dr. J. H. Bennett de Bennett & Eaton, qui a pratiqué l’autopsie sur quatre corps à la morgue locale et qui s’est occupé de Harry Bishop, la dernière victime à mourir ici, a affirmé que Bishop était mort d’une fracture à la base du crâne. Il n’a jamais repris conscience. Il a souffert d'hémorragies à l’oreille gauche, au nez et aux tissus oculaires. Il n’avait presque plus de pouls lorsque le docteur l’a vu pour la première fois. La mort a été causée par une pression sur le cerveau. La blessure sur le dessus de sa tête semblait avoir été causée par un instrument contondant ou elle pourrait indiquer qu’il avait été projeté contre quelque chose de dur. Il n’y avait aucune pénétration du crâne et peu de signes de brûlures. Ses jambes n’étaient pas touchées bien que ses vêtements aient été arrachés.

Le Dr. F. S. Eaton, qui a pratiqué l’autopsie sur les corps, a affirmé que Mary Strelaeff, le premier corps à être examiné, était morte d’une fracture du crâne. Elle avait une fracture au milieu de la cuisse. Elle avait des ecchymoses sur les jambes gauche et droite. Elle avait aussi une ecchymose au-dessus de l’œil gauche et sur le front. Elle avait une fracture sous le front qui a causé la mort.

Neil Murray de Grand Forks n’avait aucun membre cassé. Il avait une légère ecchymose sur le genou gauche. Sa mort avait été causée par une fracture du crâne et des caillots sous-jacents.

W. J. Armstrong de Vancouver est également décédé d’une fracture du crâne, bien que ses autres blessures auraient éventuellement causé sa mort. Il avait des fractures aux jambes et l’extrémité des os ressortait en deux endroits. Il avait une blessure à environ trois pouces au-dessus du genou. Elle avait six pouces de large et pénétrait jusqu’à l’os. Des brûlures du premier degré étaient visibles des chevilles à la cuisse. Il avait une fracture au-dessus de l’œil gauche avec des caillots, ce qui a causé la mort. Il avait une fracture ouverte de la cuisse. Il y avait un trou au-dessus du genou, un objet étranger ayant, de toute évidence, passé au travers. Aucun corps étranger n’a été trouvé à l’intérieur des dépouilles.

Le Dr Eaton n’a pas examiné les poumons des victimes et il n’y avait aucunes blessures profondes dans la région de la poitrine. Il a affirmé que les poumons seraient congestionnés.

Les quatre personnes sont mortes d’une fracture du crâne. Les brûlures auraient pu être causées par le feu dans la voiture-coach. La peau était rougie mais il n’y avait aucune marque de poudre.

Les vêtements sur les corps étaient déchiquetés. Il aurait fallu beaucoup plus qu’une chaleur intense pour causer l’état dans lequel les corps ont été retrouvés.

Le Dr Eaton avait pris le train de secours à Castlegar. Il y avait alors trois morts. Bishop n’a jamais repris conscience.

W. M. Myers – Si du shrapnel était projeté, serait-il possible d’en trouver dans les corps ?

Dr. Eaton – Ce serait possible et probable. Il est très peu probable que les hommes aient été tués par une bombe. Si c’était le cas, des parties de la bombe se seraient retrouvées dans les corps.

Il y avait des brûlures non seulement aux extrémités inférieures, mais également sur les têtes. Aucun vêtement n’a été brûlé, mais ils avaient été déchiquetés.

Francis E. Leach, inspecteur des explosifs dans les mines pour le gouvernement fédéral a affirmé que son travail consistait à faire enquête sur toutes les explosions qui se produisaient au Canada, s’il pouvait s’y rendre.

Lorsqu’il est arrivé sur les lieux de l’accident la voiture avait été transportée à environ un mille de Farron. Une grande partie de la preuve avait donc été détruite par le déplacement de la voiture. Il avait procédé à un examen détaillé du site de l’explosion. Il n’y avait pas de dommage à la voie ferrée qui indiquerait qu’un pétard avait causé l’accident. Les deux réservoirs qui contenaient le gaz pinch avaient été retirés de la voiture afin d’éloigner cette dernière de la voie principale. Cependant, les réservoirs étaient intacts. Les fusibles de sûreté dont les réservoirs étaient équipés avaient été perforés correctement. Les fusibles étaient remplis de plomb. Si les réservoirs chauffaient, le plomb fondait et le gaz pouvait alors s’échapper. Ces fusibles étaient placés tout au long du réservoir. La conduite qui transportait le gaz des réservoirs jusqu’aux lumières dans la voiture paraissait être en parfait état. Les tuyaux étaient tordus mais ne montraient aucune trace de cassure. Il n’y avait aucun endroit visible d’où le gaz aurait pu s’échapper. Il avait remarqué que le toit et les côtés de la voiture avaient volé en éclats.

La voie était couverte d’éclats, ce qui laissait penser qu’il y avait un trou dans le plancher de la voiture. Si l’explosion avait eu lieu à l’intérieur de la voiture on pourrait s'attendre à trouver un trou dans le plancher.

Il était d’avis qu’un explosif à grande vitesse de détonation avait explosé à la hauteur du plancher et vers le centre de la voiture et, pour appuyer cette opinion, il a montré un morceau d’un tuyau de chauffage déconnecté près de l’endroit où l’explosion avait eu lieu. Il s’agissait d’un morceau de tuyau ordinaire et il était sévèrement déformé en un endroit, là où quelque chose de dur l’avait frappé avec une grande force. Le tuyau se trouvait à environ 28 pouces au-dessus du plancher. Cela laissait penser que l’explosion avait été très forte.

Chef Gammon – Lorsque les fusibles brûlent, cela permet au gaz de s’échapper des réservoirs. Le gaz alimente ensuite le feu ?

Témoin – Probablement. Je laisserai un employé du chemin de fer répondre à cette question. Je suppose que le gaz s’échapperait et alimenterait les flammes.

Le témoin a déclaré que les réservoirs avaient été enlevés afin de dégager la voiture de la voie ferrée. Il ne pouvait pas dire si la connexion avait été rompue avant ou après l’explosion. Il était plus probable que l’explosion ait été causée par de la dynamite, puisqu’il était l'explosif le plus facile à se procurer. La nitroglycérine aurait requis un détonateur pour déclencher l’explosion.

D. StDenis – Serait-il possible qu’une explosion à la dynamite ne laisse aucune trace sur la voie ferrée?

Témoin – Cela devrait laisser des traces. J’ai trouvé un léger éclat sur une traverse. Une autre traverse avait été enlevée et remplacée avant que je ne la vois.

En présumant que l’explosion ait été causée par de la dynamite, quelles seraient les possibilités que la dynamite explose, a demandé W. M. Myers.

Il est possible qu’elle explose par elle-même, mais cela est très improbable, a déclaré le témoin qui a aussi affirmé que la chaleur du tuyau de vapeur n’aurait pu déclencher l’explosion. Une friction sur le plancher serait une possibilité, mais lointaine, et le témoin n’avait jamais entendu parler d’une telle chose.

D. St Denis – En présence d’un capuchon et d’une mèche, est-ce qu’une chaleur excessive pourrait déclencher une explosion ?

Témoin – Je ne crois pas. Cela prend une étincelle et la chaleur provenant d’un fil électrique branché.

Le témoin a déclaré que la poudre noire était un explosif à faible vitesse de détonation. Lorsqu’elle explosait, les gaz de combustion étaient projetés vers le bas, suivant la ligne de moindre résistance. Cela aurait pris une demi-caisse ou un peu plus de dynamite pour causer les dommages faits dans la voiture. Il était impossible d’affirmer, dans l’éventualité où l’accident aurait été causé par de la dynamite, s’il s’agissait de bâtons à 40 ou à 60 pourcent. Si quelqu’un avait utilisé de la dynamite, il croyait qu’il n’en serait resté aucune trace. Il était possible de détecter quelque chose par l’odeur du gaz.

La nitroglycérine liquide, a déclaré le témoin, pouvait être extraite de la nitroglycérine solidifiée. C’était une pratique dangereuse, mais cela avait déjà été fait. Elle pouvait être extraite de la dynamite en chauffant cette dernière dans l’eau. En présumant que la nitroglycérine avait été utilisée, la chaleur n’aurait pas eu plus d’effet sur la nitroglycérine que sur la dynamite. Il était plus dangereux de transporter de la nitroglycérine liquide que de la dynamite.

Le témoin avait examiné les tuyaux de vapeur mais n’avait trouvé aucun bris; ils étaient sévèrement tordus en plusieurs endroits. Les tuyaux ont probablement été déformés par le feu dans la voiture.

Si cela avait été une explosion à la dynamite, elle aurait été accompagnée d’une chaleur intense près de l’explosion, l’effet aurait été simultané. Pour mettre le feu aux vêtements, l’explosion devrait être très près. La dynamite provoque différentes longueurs de flammes. Quelle que soit l’intensité du feu qui suit l’explosion, il se répandrait sur les boiseries ou les vêtements. Cela ne pouvait être le gaz car il avait déjà été consumé. En présumant que la voiture avait été détruite par de la dynamite, on a demandé au témoin comment il expliquait les brûlures trouvées sur les corps des victimes. Il a répondu que cela aurait pu être une explosion avec une longue flamme, comme celle engendrée par la poudre utilisée pour l’essouchage. Des vêtements prendraient feu jusqu’à une distance de trois pieds de l’explosion si celle-ci était causée par de la dynamite. Une demi-caisse de dynamite représenterait une assez grosse mallette bien remplie et cela pèserait environ 25 livres.

Le coroner MacKenzie a fait remarquer le fait que la jupe de la femme avait été arrachée à la taille. Les pantalons des hommes avaient été arrachés. La queue d’un manteau était en lambeaux, les poches des pantalons à découvert. Dans un cas, une poche à la hauteur de la hanche avait été arrachée. Dans le cas de Murray, il avait des sous-vêtements. Les sous-vêtements d’Armstrong avaient été arrachés. La peau sur le corps d’Armstrong était mutilée. Si ces hommes se trouvaient près de l’explosion, ils avaient dû se trouver très près pour que la peau brûle en même temps. Murray n’avait aucune mutilation sur le corps. La fille Doukhobor avait une jambe cassée. La dynamite pourrait-elle avoir cet effet, étant donné que les quatre morts n’étaient pas assis ensemble ?

Témoin – Je ne penserais pas. Les explosifs sont étranges. Il y a plus probable que l’explosion ait été causée par de la poudre d’essouchage que par de la dynamite.

Le témoin a affirmé que la tuyauterie était intacte à l’exception des endroits où elle avait été brisée sur le toit et retirée pour éloigner les réservoirs de gaz de la voiture. Le témoin pensait que les morceaux de vêtements déchiquetés qu’on lui a montrés provenaient d’un endroit qui était près de l’explosion.

N’importe quel explosif à grande vitesse de détonation aurait pu causer l’accident à cause de l’éparpillement extrême des débris. Il a affirmé qu’un explosif désagrégeur avait un effet de soulèvement.

L’INSPECTEUR EN EXPLOSIFS PARLE

D. W. McNabb, inspecteur du bureau of explosives de Vancouver était le témoin suivant à la barre. Lui aussi avait examiné la scène de l’accident. Après avoir vu ce qui restait de la voiture, la démolition de la superstructure et le saccage engendré, il a conclu que le désastre avait été causé par un des explosifs à plus grande vitesse de détonation placé dans la voiture soit intentionnellement soit avec une méconnaissance totale du danger par les destinataires.

La nitroglycérine est un explosif interdit dans le transport. La plus forte concentration de dynamite qu’on peut transporter par réseau ferroviaire est de 60 pourcent. À part la dynamite, il y a un vaste éventail d’explosifs de grande puissance. Il y a le TNT et d’autres explosifs.

Il y avait du gaz Pinch entreposé dans les réservoirs sous la voiture-coach. Ce gaz est classifié par la Commission des chemins de fer comme étant un composé inflammable. Il y a des mesures de sécurité en place prévoyant que si les réservoirs du cylindre surchauffaient ou subissaient une surcharge, ils n’exploseraient pas. Le gaz Pinch n’était pas aussi dangereux que l’acétylène. Il ne pouvait dire si le gaz pinch était plus lourd que l’air.

UNE EXPLOSION AU GAZ PROVOQUERAIT UN NUAGE DE GAZ

Ce qui arriverait si du gaz pinch s’échappait dans une pièce et qu’il était ensuite allumé dépendrait de la densité de l’air et du gaz. Il a affirmé qu’il ne voudrait pas entrer dans une pièce où du gaz pinch s’échappait, peu importe depuis combien de temps. Il avait vu du gaz Pinch former un nuage lorsque allumé par une allumette, mais il n’avait jamais vu une explosion assez grosse pour détruire un manteau.

Si tout le gaz qui était sous la voiture s’était échappé dans la voiture, il croyait que cela n’aurait pu causer l’explosion de mercredi. Cela ne causerait pas les dommages que cette explosion avait causés. Les fenêtres éclateraient peut-être, mais il n’arriverait rien de semblable à ce qui est arrivé. Le gaz utilisé n’est pas classifié comme étant dangereux. Il n’a jamais assisté à une expérience réalisée avec ce gaz. Il a vu de l’acétylène détruire les murs d’une rotonde. Ce gaz avait toujours été considéré comme étant plus dangereux que le gaz pinch. Ce dernier était facile à détecter lorsqu’il s’échappait depuis un certain temps. Il pouvait être détecté après deux ou trois minutes. Il ne pouvait pas dire s’il était plus lourd ou plus léger que l’air.

Le gaz pinch avait des effets toxiques qui pouvaient être mortels. Il déclenchait un mal de tête. Ce n’était pas une odeur agréable. M. McNabb avait examiné la conduite qui transportait le gaz aux lampes. Elle pénétrait dans la voiture par la toilette des hommes. Pour autant qu’il puisse en juger, la conduite était intacte. Il a déclaré que la dynamite n’explosait jamais deux fois de la même manière. Dans un cas, une caisse était tombée de quelques pieds et n’avait pas explosé alors que dans un autre cas, elle avait explosé après être tombée de quelques pouces seulement. La dynamite suivait la ligne de moindre résistance. Il ne pouvait pas dire la longueur d’une flamme de dynamite.

VINGT-DEUX DANS LA VOITURE.

Joseph Turner, chef du funeste train, a dit au jury qu’il avait quitté Nelson à 9 h 5 mardi soir. Il allait en direction ouest et son équipe était composée de J. Brennan, porteur, et Wilfred Marquis, conducteur. Il a identifié un schéma de la voiture-coach qui lui a été montré. Au moment de l’accident il y avait 22 personnes à bord de la voiture, selon ce qui a été vérifié. Trois sont montées à Brilliant : Peter Verigin, sa compagne Mary Streloeff et un autre monsieur. Bishop et Armstrong sont montés à Castlegar, tout comme Murray. Trois anciens employés de la compagnie sont montés à Tunnel. Il a ensuite montré les places exactes des passagers sur le schéma. Personne n’est monté à bord du train à Farron. Ils avaient ajouté la voiture-restaurant à ce moment.

Le train s'est arrêté à Farron pour prendre de l’eau et le chef de train est allé chercher ses directives. Il est rapidement revenu au train pour mettre quelqu’un en charge de la portion arrière du train. Un homme était en charge et le chef de train l’a relevé, prenant lui-même charge jusqu’à ce que la voiture-restaurant soit attelée. Les connexions vapeur et air ont été assurées et les freins testés. Le signal de mise en marche avait été donné par Turner sur le dispositif à cet effet. Le signal avait été donné à partir de l’avant de la voiture-coach. Alors que le train se mettait en branle, il avait marché jusqu’à l’arrière pour s’assurer que la vapeur passait partout. Il y était depuis peu lorsqu’il avait été rejoint par Marquis, le conducteur.

LES DEUX SONT ENTRÉS DANS LE FOURGON À BAGAGES

Les deux hommes ont alors traversé le train jusqu’au fourgon à bagages. Le chef est entré en premier et a été suivi par Marquis qui a posé une question au sujet des passagers pour Paulson.

À cet instant, une terrible explosion s'est produite. La porte du fourgon à bagages a été soufflée vers l’intérieur, éclaboussant les deux hommes d’éclats de verre.

Toute l’équipe du train était dans le fourgon à bagages à ce moment.

« En me retournant, j’ai vu l’allée de la voiture-coach. J’ai vu des flammes dans la voiture », a dit le témoin.

Le chef de train a donné l’ordre à quelqu’un d’aller dans la voiture avec un extincteur. Le préposé aux messageries a brisé une vitre et le chef de train ne s’en est plus préoccupé. Avec Marquis, il a ensuite tenté d’entrer dans la voiture-coach. Ils ont vu des gens qui rampaient dans la voiture et ils pouvaient les entendre.

LES BLESSÉS AMENÉS DANS LE FOURGON À BAGAGES

La première personne de laquelle il se rappelle s’être approché est Mme Russo qui n’était pas sérieusement blessée. Elle a été déplacée vers le fourgon à bagages. Un homme qui était assis avec elle a été transporté dans le fourgon. Ensuite, ils ont sorti le vendeur de journaux. L’arrière de la voiture était en flammes et le feu couvait en plusieurs endroits. Un homme était coincé sur le côté de la voiture. Les débris qui le recouvraient ont été roulés loin de lui. Deux autres personnes directement en face avaient été sorties.

Marquis et Turner travaillaient ensemble et à peu près à ce moment, ils se sentaient étouffés par le gaz et ont dû quitter la voiture. Il n’y avait plus aucun signe de vie à ce moment.

Ayant peur qu’il ne soit resté quelqu’un dans la voiture, il est monté sur le talus et a regardé à l'intérieur. Il est alors entré par l’ouest et en essayant d’enlever les débris il a vu M. Gaskill qu’il a tenté de libérer. Un nuage de gaz l’a saisi et il a quitté la voiture après avoir sorti Gaskill.

La voiture-coach a ensuite été séparée de la voiture-lit, a été tirée sur la longueur d’une voiture où elle a été découplée du fourgon à bagages.

Le chef de train s’est ensuite occupé de ceux qui avaient été projetés hors de la voiture. M. MacKie, le premier à être trouvé, était mort. Face à lui était étendu M. Murray, en apparence blessé sérieusement, mais capable de marcher. Verigin était mort, et une femme, consciente et respirant encore, était à ses côtés. Il a ensuite trouvé M. Armstrong qui était assis. Il était conscient et il saignait abondamment. Il demandait de l’aide. Bishop était étendu dans la neige et il respirait bien, même s’il était inconscient. À ce moment, les passagers de la voiture-lit portaient secours et le conducteur est parti pour Farron chercher du secours.

En chemin vers Farron il a rencontré deux hommes sur un chariot à levier et les a envoyés sur la scène de l’accident pour porter secours. L’équipe de locomotive a été appelée et la locomotive est repartie vers Nelson avec la voiture-lit et les blessés qui s’y trouvaient. Le reste du train est reparti vers Grand Forks avec des blessés dans le fourgon à bagages.

Verigin était monté à bord à Brilliant et il avait acheté un billet jusqu’à Castlegar. Il avait ensuite pris un billet de Castlegar à Grand Forks.

Questionné, il a affirmé que le feu dans la voiture-coach était à l’arrière et du côté sud de la voiture. Il ne se souvenait pas d’avoir vu de la fumée. Il y avait une flamme bleue qui provenait de quelque part en dessous de la voiture. Elle était visible près du sol et montait de biais vers la tête du train. Le centre de la voiture était détruit, il n’y avait plus aucun siège et le toit de toute la voiture était arraché.

Il s’est trouvé dans le fourgon à bagages environ 30 ou 40 secondes et il n’a remarqué aucune odeur de gaz. Il pensait que la flamme bleue provenant du gaz qui s’échappait du réservoir. Ce n’était pas une odeur agréable et c’était un gaz étouffant. Le train s'est arrêté en deux longueurs de voiture.

Lorsqu’il a laissé Gaskill il a vu que le feu couvait dans toute la voiture. Il ne pouvait pas se souvenir à quel moment les flammes ont éclaté. Plusieurs personnes étaient descendues de la voiture à Castlegar, mais aucune à Robson.

Se rendant à Farron, il avait vu deux traces de pieds dans la neige. Elles pointaient vers Farron et étaient très fraîches. Il avait déjà senti l’odeur du gaz pinch et était d’avis que le gaz qu’il avait senti dans la voiture-coach après l’explosion était celle du gaz pinch.

QUELQU’UN ACCOMPAGNAIT VERIGIN.

Verigin était toujours accompagné de gens qui portaient sa mallette dans la voiture. Il se souvenait de trois personnes qui étaient montées à Brilliant et d’un plus grand nombre qui étaient montées et redescendues. Il ne se souvenait pas de Verigin transportant sa mallette. Il a estimé qu’il y avait entre 13 et 14 livres de vapeur dans les conduites de chauffage au moment de l’explosion.

Quelques hommes dans la voiture s’en sont tirés. Deux étaient partis à Vancouver et un à Kelowna. Ils avaient dû être projetés hors du train.

Il n’était arrivé à aucune conclusion quant aux causes de l’accident.

Le train voyageait à environ 20 milles à l’heure et n’importe qui aurait pu sauter hors du train à cette vitesse. Ils tomberaient sans aucun doute. Trois lumières étaient allumées dans la voiture au moment de l’explosion. Deux avaient été fermées au moyen des valves situées sur le côté des lumières.

MARQUIS À LA BARRE.

Wilfred Marquis, conducteur du train de Kettle Valley, a parlé de trois personnes qui étaient montées à bord du train à Brilliant. Il s’agissait de Peter Verigin, d’une dame et d’un homme. Un Doukhobor s’était précipité avant Verigin et avait déposé une mallette. Elle était en osier, d’environ 18 pouces de profondeur, 18 pouces de largeur et 20 pouces de longueur. Il l’avait déposée et était redescendu. Les trois Doukhobors qui sont montés à Tunnel avaient des bagages qui étaient empaquetés comme des couvertures. Ils ont été mis dans le fourgon à bagages. Il n’a remarqué personne qui montait à Farron. Il était possible que des personnes soient montées et descendues à cet endroit sans être vues.

Marquis aidait à la manœuvre. La chaleur augmentait en montant la côte Farron. En quittant Farron, il a traversé le train pour fermer la vapeur à la voiture-restaurant. Turner y était lorsqu’il est arrivé. Ils sont restés là en attendant que la vapeur passe et ensuite Marquis l’a fermée. Il s’est ensuite assuré que les roues fonctionnaient correctement et il a poursuivi son chemin.

VERIGIN DORMAIT.

Lorsqu’il est passé par la voiture-coach, les passagers étaient endormis. Le témoin a regardé les ventilateurs; ils étaient ouverts. Il a ensuite fermé les valves de la vapeur sur le côté de la voiture. Elles étaient dans le système d’évaporation de la chaleur. Les valves de fermeture étaient situées à 2 pieds de Verigin et étaient près du siège au centre. Verigin était assis près de l’allée. La fille était assise près de la fenêtre. Les deux semblaient endormis. Le siège derrière Verigin était libre. Derrière il y avait un siège double occupé par Bishop et Armstrong. Ils dormaient les pieds sur le siège devant. Derrière eux, il y avait des Doukhobors, mais assis du côté opposé de la voiture. Les deux derniers sièges étaient occupés par des Hindous. Il y en avait trois dans le train. Deux semblaient dormir et un troisième était agité. Il s’était beaucoup promené toute la soirée, mais n’était jamais allé très loin de la voiture-coach.

Après avoir quitté la voiture-coach, Marquis est entré dans le fourgon à bagages, demandant au chef de train Turner s’il avait des locaux pour la côte. En arrivant au centre du fourgon à bagages il s’est produit une terrible explosion. Cela l’a projeté contre le côté de fourgon. Des éclats de verre ont été projetés par la porte. Une lumière pouvait être vue à travers les débris. Turner, Brennan et Marquis se sont précipités vers la porte. Ils ont enlevé les débris et sont entrés dans la voiture. Brennan est sorti de la voiture. Une dame, un homme et le marchand de journaux ont été emmenés au fourgon à bagages. Les deux, Turner et Marquis, sont ensuite allés plus loin. Ils avaient vu deux messieurs. Un allait bien et était sorti; l’autre était coincé et ils l’ont aidé à sortir.

Il y avait beaucoup de débris à l’arrière de la voiture. Alors qu’ils essayaient de les enlever, les vapeurs de gaz sont devenues trop gênantes et ils sont sortis.

IL A VU DU FEU QUI BRÛLAIT FAIBLEMENT

Le train a été découplé et Marquis a été informé par son porteur que sa voiture-lit était en feu. Marquis est monté sur la voiture avec un extincteur et a éteint le feu. C’était un morceau de pantalon qui avait causé le feu. Il est resté sur le toit de la voiture pendant environ 15 minutes pour éteindre les étincelles et tout ce qui virevoltait de partout.

Lorsque questionné, il a affirmé qu’il avait vu du feu brûlant lentement dans la voiture-coach après l’accident, du côté sud et un peu passé le centre de la voiture. Le plancher était couvert de débris et il n’a pas remarqué de trou dans le plancher. Il supposait que le gaz qui les avait étouffés lui et Turner provenait des réservoirs de gaz. Il croyait qu’il y avait une fuite dans les tuyaux causée par l’explosion et que le gaz venait de là. L’extincteur n’avait pas semblé avoir beaucoup d’effet sur le feu.

En remontant la colline, un Doukhobor lui avait demandé où Verigin allait. Il avait été informé que c’était à Grand Forks. Le Doukhobor allait aussi à Grand Forks et il avait demandé que ses bagages soient débarqués à la station ouest. Marquis a déclaré que le Doukhobor était dans l’accident et qu’il était monté à Castlegar. Il le reconnaîtrait. Il avait les cheveux roux. Il pensait que l’Hindou qui était agité avait été tué. Il ne connaissait pas Campbell. Il y avait un homme assis en face de Verigin. Il ne savait pas ce qui lui était arrivé.

BRENNAN ENTENDU

Joe Brennan, porteur, a affirmé au jury qu’il a entendu une terrible explosion et qu’il a vu de la fumée. Il s’est précipité et a aidé les blessés à sortir. On avait aidé Gaskill et un autre homme à sortir par la fenêtre. À ce moment la voiture était embrasée. Lui aussi a vu une flamme bleue en dessous de la voiture. Les lumières de signalisation utilisées par les conducteurs étaient alimentées par des piles sèches spéciales fabriquées en France.

Le chef Gammon lui a montré une pièce d’une pile sèche, très endommagée et noircie; selon le témoin, ce n’était pas la même que celles utilisées par les employés des chemins de fer.

LES RÉSERVOIRS ÉTAIENT INTACTS.

E. Y. Brake, contremaître de voiture dans les ateliers du Canadien Pacifique, a raconté qu’il a examiné les restants de la voiture sur le site de l’explosion. Presque toutes les boiseries avaient été brûlées. Il a examiné les réservoirs de gaz. Ils étaient tombés de leur position originale sur la voiture mais les bandes de fer qui enserraient les réservoirs étaient encore accrochées à leurs supports. Il ne pouvait rien détecter qui n’allait pas avec les réservoirs à l’exception des tuyaux qui avaient été retirés. Il a suivi la conduite de gaz qui alimentait les lampes. Elle était intacte. La valve principale dans la toilette des hommes était intacte. La conduite du frein de la voiture s’était brisée et le témoin pensait que les tuyaux d’alimentation des réservoirs s’étaient brisés en même temps.

Parce que les réservoirs gênaient pour bouger la voiture, ils avaient été enlevés et laissés sur le côté des rails. La voiture était encore à Farron. Les conduites de vapeur de chaque côté de la voiture avaient été déformées par la chaleur provenant du feu. Le plancher de la voiture était fait d’une planche d’un pouce sur le dessus, d’un remplissage de six pouces de bran de scie et d’un matériau insonorisant de trois-quarts de pouce. Si l’explosion avait eu lieu dans la voiture, elle ne pouvait passer à travers sans toucher les réservoirs.

PAS BESOIN DE FAIRE DES TESTS.

Il n’avait reçu aucune instruction et il croyait qu’il n’y avait eu aucune instruction demandant que les réservoirs sur le train soient testés. Ils l’avaient été lorsqu’ils avaient été expédiés de la manufacture. Selon les instructions, les voitures ne devraient pas être chargées de plus de 10 atmosphères de gaz. Le 28 octobre la voiture avait été chargée de 8 atmosphères de gaz, ce qui équivaut à environ 120 livres de pression. Il pouvait dire avec certitude que les réservoirs avaient été testés pour des pressions de cinq à six fois supérieures à cette limite avant d’être installés sur les voitures. Le régulateur de pression des lampes avait été ajusté à 15 livres de pression. Entre 20 et 24 bouchons fusibles avaient explosés.

Il ne pouvait pas dire si le gaz Pinch était plus lourd ou plus léger que l’air. Ce n’est pas de l’équipement standard pour les voitures-coachs. On utilise normalement du gaz, de l’électricité et du kérosène. La majorité des voitures utilisées sur les voies principales sont équipées à l’électricité.

UN TÉMOIN RAPPELÉ

M. McNabb a été rappelé afin de répondre à d’autres questions et il a affirmé que la flamme d’une explosion de dynamite ne pouvait enflammer la voiture. Il a affirmé que le gaz ou la dynamite n’étaient pas les seules substances qui pouvaient causer une telle explosion. À Lacombe, Alb., il avait vu les conséquences d’une explosion causée par un mélange de fournitures photographiques – magnésium métallique et chlorate de potassium. Il y avait presque autant de dommages que dans ce cas-ci. Le témoin a déclaré qu’à cause de la présence du feu au moment de l’explosion, celle-ci aurait pu être déclenchée par des moyens additionnels. Il a suggéré un dispositif qui propagerait le feu au moment de l’explosion. Il n’avait jamais entendu dire que le gaz Pinch était dangereux; s’il avait été interdit par quelque gouvernement, il aurait reçu des instructions.

Source: "Les quatre décès causés par une fracture du crâne," Nelson Daily News, 4 novembre, 1924.

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