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CONCLUSION DU JURY DE GRAND FORKS : UN EXPLOSIF À GRANDE VITESSE DE DÉTONATION

IL RECOMMANDE DE CONTINUER LA CHASSE À L’ASSASSIN

Les membres du jury et les électriciens concluent que le branchement de la pile sèche était étrange

UN FIL AVAIT ÉTÉ SOUDÉ AU MÉCANISME DE L’HORLOGE

Il est recommandé de soumettre les pièces à conviction à des experts en engins explosifs

" Nous, les membres du jury de l’enquête du coroner qui a été constitué afin d’enquêter sur les morts de John McKie, Peter Verigin, P.J. Campbell et Nehal Singh, concluons que les personnes mentionnées sont mortes à la suite du déclenchement d’un explosif à grande vitesse de détonation placé dans la voiture-coach no 1586 du Canadien Pacifique par une ou des personnes inconnues.

Nous recommandons fortement au Canadien Pacifique de demander aux autorités provinciales de continuer leurs efforts afin d’identifier les auteurs de ce désastre et à cette fin nous recommandons que les pièces A et B qui nous ont été présentées soient examinées par des experts et que leurs propriétaires soient identifiés si possible. "

—Verdict du jury de l’enquête du coroner de Grand Forks

Des fragments de " l’objet " sont présentés

GRAND FORKS, C.-B., 2 nov. – L’unique élément présenté lors de l’enquête du coroner sur les quatre victimes du désastre était constitué des débris de la présumée machine infernale qui aurait été installée intentionnellement dans la voiture pour tuer Peter Verigin, le leader des Doukhobors, et qui a causé l’accident à bord du train de Farron mercredi matin dernier. L’enquête a repris samedi matin par-devant le coroner Kingston et s’est terminée ce soir-là.

Le jury a conclu que l’accident avait été causé par un explosif à grande vitesse de détonation placé intentionnellement dans la voiture-coach par une personne inconnue et, de plus, que les autorités devaient continuer à mettre tout en œuvre afin d’identifier la personne responsable.

Des pièces d’une horloge et d’une pile sèche, dont on pense qu’elles feraient partie d’une bombe à retardement, ont été soumises par Edward J. House, le constable du Canadien Pacifique à Nelson, qui dit les avoir trouvées alors qu’il fouillait la scène de l’accident avec le sergent d’état-major E. Gammon du corps de police provinciale de Nelson.

Deux pièces du supposé mécanisme ont été montrées. La première était la partie principale d’un réveil qui avait été manufacturé en Italie et dont les rouages étaient à découvert. Elle avait été ramassée près de l’endroit où la funeste voiture a brûlé. Le ressort de l’alarme était démonté mais celui de l’heure était remonté; les aiguilles indiquaient 6 heures. Un court fil de cuivre était soudé à une des roues d’engrenage et il a été suggéré que cela constituait l’élément qui reliait la pile à la cause de l’explosion. Le réveil avait apparemment été détruit par le feu.

L’autre pièce semblait être la moitié supérieure d’une pile sèche. La pièce comportait une caractéristique inhabituelle alors que relié au couvercle métallique de la pile se trouvait un cylindre en étain ou en cuivre mesurant 4 pouces et qu’à la borne opposée se trouvait un couvercle de cuivre de la grosseur d’un bouchon de contenant d’huile.

Les membres du jury, les autorités présentes et les électriciens locaux ont minutieusement examiné ces débris et tous étaient unanimes à dire qu’ils n’avaient jamais rien vu de semblable. Ils ont déclaré que la compagnie ferroviaire n’utilise aucune pile de ce genre dans ses équipements.

Les débris de la pile ont été retrouvés sur le haut du remblai à 50 pieds de l’emplacement de la voiture au moment de l’explosion, mais à quatre longueurs de voiture de l’endroit où la voiture a été retrouvée. La pile était détruite mais n’avait pas brûlé.

Ayant en tête ces détails, le constable House a déclaré que, selon lui, le réveil et la pile étaient " des pièces d’une bombe à retardement ou d’une machine infernale. "

Un incident intéressant s’est produit à ce moment lorsque quelqu’un a déclaré que Mme T.L. Russo, une des personnes blessées dans le train, transportait un réveil et qu’elle l’avait perdu. Pendant un moment, il est apparu que la théorie de la machine infernale aurait pu sauter. Cependant, l’interrogatoire de Mme Russo a démontré que son réveil était de conception différente. Par ailleurs, des témoignages ont révélé que deux autres horloges étaient transportées par des passagers dans la voiture – les deux par des Sikhs – mais aucune ne correspondait à celle qui a été trouvée.

Comme s’il avait voulu illustrer l’horreur de l’explosion qui s’est produite dans la voiture, le constable House a également parlé des morceaux du revêtement mural en bois provenant de la voiture et qui avaient été projetés si profondément dans des billots de bois, 250 pieds plus loin, qu’ils ne pouvaient être retirés à la main. Certains débris avaient même été projetés à 500 pieds. Des morceaux de valises et de vêtements pendaient aux arbres à plus de 200 pieds.

Une poche avec une liasse de billets

Le débris le plus étrange qui ait été trouvé est probablement une poche complète provenant d’un pantalon pour homme arrachée à partir de la couture. La poche a été trouvée à 300 pieds de l’explosion et contenait une bourse de 35 $ en billets américains et en pièces d’argent.

Deux autres témoins, des blessés soignés à l'hôpital de Grand Forks, ont été interrogés. Il s’agissait de T.L. Russo qui, accompagné de son épouse, également à l’hôpital, se rendait de Trail à la côte. Il avait entendu beaucoup de bruits provenant des tuyaux de chauffage, mais ces derniers se sont révélés intacts.

Patrick O'Shaughnessy voyageait avec deux copains en provenance d’East Kootenay vers la côte. L’explosion ressemblait à un coup de pistolet. Il s’est ensuite évanoui et il a dû être traîné à l’extérieur.

Ils ont donné peu de renseignements concrets sur la cause de l’accident.

Source: Le jury de Grand Forks recommande de continuer la chasse à l’assassin, Nelson Daily News, 3 novembre, 1924.

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