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L’éducation d’un néo-Canadien : un traité sur le plus grand problème pédagogique canadien

COMMUNAUTÉS IMMIGRANTES

À travers les provinces des Prairies, de vastes étendues de terre ont été colonisées par des populations immigrantes provenant de pays européens. Dans plusieurs cas, comme dans les villes, elles ont très peu de contacts avec les éléments canadiens. Ces communautés ont aussi leurs propres églises et leurs propres journaux. La langue parlée à la maison est l’allemand, le ruthénien, le hongrois, le bohémien ou le polonais, selon le cas. Dans les villages où ils font leurs affaires, ils ont leurs propres marchands et ils parlent leur propre langue. Dans ces villages, il n’y a qu’une seule force pour canadianiser leurs enfants, l’école publique. Même dans ce cas, l’enseignant est très souvent de leur propre nationalité, connaît mal notre langue et possède une très vague notion de la citoyenneté canadienne et de tout ce qu’elle représente. Cette partie du problème sera traitée dans un chapitre ultérieur. Les plus connus parmi ceux qui ont bâti leurs foyers à l’extérieur de la communauté anglophone sont probablement les Ruthéniens et les Mennonites allemands. On pourrait aussi inclure les Doukhobors, quoique moins nombreux, particulièrement ceux qui sont connus comme des membres de la « communauté ». […]

Le principe du communisme prévaut parmi les Doukhobors qui se sont installés dans les provinces de l’Ouest. Plusieurs, cependant, sont devenus indépendants et ne reconnaissent plus l’autorité de leur ancien chef. Certains ont décrit en termes élogieux la beauté de la vie communautaire, mais la plupart des Canadiens ne pourront donner leur assentiment à un peuple dont le mode de vie interdit catégoriquement une éducation publique aux enfants de la communauté. Nous doutons de l’intégrité et de l’honneur d’un homme qui dénonce l’éducation de la jeunesse, qui défend aux parents d’envoyer leurs enfants à l’école publique sans prendre d’autres mesures pour voir à leur éducation. L’année dernière, dans une école du soir d'une ville de l’Ouest, il y avait deux jeunes Doukhobors, une jeune fille de quinze ans et un garçon de quatorze ans, qui n’avaient jamais passé une journée dans une école publique. On avait interdit aux parents de les envoyer à l’école, et cela avait été fait par le chef autocrate de la communauté. Ils étaient des enfants intelligents, mais intellectuellement affamés, et en voyant leur vif désir d'apprendre à lire et à écrire l’anglais, on ne pouvait s’empêcher de penser que le Canada avait commis une grave erreur en laissant un tel homme guider les destinées d’un si grand nombre de futurs citoyens. Apparemment, sa politique est de garder son peuple dans l’ignorance alors que nous, en tant que Canadiens, nous détournons notre regard et continuons de rêver à la construction de notre nation. Il faut instituer une enquête exhaustive sur les conditions qui prévalent parmi ces gens et il faut insister afin que l’état exerce ses droits en s'assurant que chacun de ces néo-Canadiens obtienne ce qui devrait être le droit inaliénable de tous dans un Canada libre : une éducation dans une école publique ![...]

Source: J.T.M. Anderson, "L’éducation d’un néo-Canadien : un traité sur le plus grand problème pédagogique canadien" (London and Toronto: J.M. Dent & Sons, 1918), 31-34, 93-94.

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