George Thomson, lettre à Blodwen Davies, 8 juin 1931

Owen Sound, Ont.
8 juin 1931.

Chère Mlle Davies. –

[…]

J’ai entendu dire qu’il y avait quelque hostilité entre Tom et un homme de la région [Mowat]. Quelqu’un y a fait vaguement allusion au lac Canoe possiblement l’un des gardes, mais comme cela s’est passé alors que nous étions toujours à la recherche de Tom et que j’avais encore espoir de le retrouver sain et sauf, je n’ai pas à ce moment attaché une grande importance à l’affaire.

Comme je vous l’ai probablement expliqué lorsque j’étais ici, je vivais alors à New Haven, Conn. et il se trouve que j’étais à la maison pour de petites vacances quand j’ai appris que le canot de Tom avait été retrouvé. J’ai été obligé de retourner au travail et j’ai eu peu de chances d’enquêter sur les circonstances entourant sa mort.

J’ai catégoriquement refusé de nourrir l’hypothèse du suicide. Beaucoup trop de choses le raccrochaient à la vie pour rendre une telle hypothèse valable, étant donné la grande passion qu’il avait pour son travail et l’extraordinaire reconnaissance qu’il en tirait. Et d’ailleurs, il s’était préparé et avait fait assez de provisions pour un voyage de deux ou trois semaines lorsqu’il s’est perdu dès son départ à moins d’un mille de l’auberge.

J’ajoute une copie de la conclusion qu’a faite le coroner lors de l’enquête que nous menons; elle est de sa propre main :

17 juillet 1917

« Corps de Tom Thomson, artiste, découvert flottant sur le lac Canoe, le 16 juillet 1917. Mark Robinson, garde du parc, a attesté qu’il s’agissait bien de la personne nommée. Corps vêtu d’une chemise grise de bûcheron, pantalon kaki et chaussures de toile. À la tête, enflure marquée sur le visage, décomposition entamée, air sortant de la bouche. Ecchymose sur la tempe gauche comme à la suite d’une chute sur un rocher. L’examen du corps ne révèle aucune ecchymose, corps très enflé, cloques sur les membres, début de putréfaction en surface. Il n’y a aucun signe de force externe ayant pu causer la mort et il ne fait aucun doute que la noyade est la cause de la mort. »

G. W. Howland
538, Ave. Spadina
Toronto

Je pense que la déclaration la plus révélatrice de la conclusion ci-dessus est celle de l’ecchymose sur la tempe gauche, qui selon moi lui a fait perdre connaissance, ce qui a mené à sa noyade. Bien entendu, il est difficile de dire ce qui a causé cette ecchymose. Il s’agit probablement d’un accident, bien qu’il soit possible qu’il y ait eu acte criminel. Personnellement j’ai toujours adhéré à l’hypothèse de l’accident, bien que je sois conscient de la possibilité d’un acte criminel. La seule chose qui m’apparaisse claire, c’est que Tom n’aurait pu de son propre chef s’infliger cette ecchymose et toute conclusion basée sur une série de faits qui omettrait celui-ci n’est pas une conclusion sérieuse ou justifiable à mon sens.

Quoi qu’il en soit, et je parle au nom de la famille, nous regretterions vivement toute discussion de l’affaire en public. Une telle discussion ne servirait à rien et pourrait facilement causer beaucoup de tort à la réputation de Tom.

Veuillez agréer mes salutations les plus respectueuses,
Geo Thomson

Source: Library and Archives Canada/Bibliotheque et Archives Canada, MG30 D38 Blodwen Davies fonds, Vol. 11, George Thomson, Lettre à Blodwen Davies, 8 juin 1931. Notes: Le document original a été retiré de la circulation. Une copie est disponible sur le microfilm C-4579

Retour à la page principale