« Des toiles d’un peintre natif de Sydenham à voir absolument », The Owen Sound Sun, 10 avril 1917

Les toiles de M. Tom Thomson témoignent du talent indéniable de cet artiste prometteur

Chaque fois qu’il a été question des toiles exposées par les artistes ontariens à Toronto au cours des dernières années, un paragraphe ou une phrase a, sans exception, fait l’éloge des toiles présentées par M. Tom Thomson. Les plus grands critiques d’art ont parlé de lui comme étant un jeune artiste promis à une carrière exceptionnelle, et chaque œuvre qu’il présente reçoit toujours des éloges bien sentis.

Le succès de M. Thomson intéresse les citoyens d’Owen Sound, car les parents de l’artiste habitent la Quatrième Avenue Est, et qu’il est lui-même originaire de Sydenham mais a vécu à Leith pendant plusieurs années. Un membre du personnel du Sun a eu le plaisir, alors qu’il était à Toronto récemment, de rendre visite à M. Thomson dans son studio d’hiver de Rosedale, et la visite à elle seule aurait suffi à convaincre quiconque que M. Thomson est effectivement un artiste dont on entendra abondamment parler au cours des années à venir.

Les peintures de M. Thomson ont presque toutes la nature comme sujet. Rares sont les fois où il met en scène des personnages, et c’est alors sans grand succès. Mais ses études sur les paysages, l’eau, les nuages et les arbres sont magnifiques, tant pour la fidélité de représentation des sujets que pour les effets de couleur inhabituels, voire merveilleux. M. Thomson a littéralement des centaines d’esquisses, pas sur toile mais sur des planches d’environ 9 po. sur 10 po., à partir desquelles il réalise de grandes toiles, comme celles que les gouvernements fédéral et provincial lui ont achetées pour afficher dans des édifices publics. Dans le petit atelier, elles ne sauraient être appréciées mais lorsqu’on les suspend dans un environnement approprié, elles ne peuvent qu’être admirables.

À première vue, les petites toiles de l’artiste semblent trop colorées – car c’est l’utilisation que fait M. Thomson de la couleur qui rend son travail saisissant. Il y a de magnifiques scènes d’automne, les rouges cramoisis et les ors chatoyants des feuilles et des vignes étant transposés avec presque trop de fidélité, pourrait-on dire à première vue, sur la toile. Il y a des études de fleurs sauvages absolument exquises ainsi que des études de rochers et d’eau calme ou vive, dont les couleurs et le caractère sont merveilleusement attrayants. Lorsque l’observateur a vu quarante ou cinquante de ces toiles, un changement s’opère chez lui. La couleur commence à lui plaire de plus en plus. Elle est fidèle à la nature, telle qu’on l’observe dans un champ ou une forêt en disant : « Comme ces couleurs sont éclatantes! Si un artiste représentait cette scène sur une toile, certains diraient qu’il a exagéré ». Et bien que de prime abord cet éclat soit quelque peu rebutant, avant que l’on ait vu la dernière œuvre, l’art véritable se révèle et les toiles moins colorées semblent fades.

Celui qui a guidé l’auteur a réservé une toile pour lui-même. C’était une étude d’un champ plan et de deux arbres. Les feuilles de l’un d’eux étaient d’un rouge acajou, tirant sur le pourpre. L’autre était d’un jaune flamboyant – le jaune d’un bouleau sur un certain type de sol. Au premier coup d’œil, le jaune et le rouge nous semblent… disons criards. Mais après l’avoir regardée pendant plusieurs minutes, nous avons commencé à apprécier la grâce et les couleurs vives des arbres – nous les avions vues aussi vives des centaines de fois – et avant de partir, nous savions que la toile était un véritable trésor.

Les études de M. Thomson ont presque toutes été effectuées dans le nord du pays. Quelques-unes ont été faites dans les environs, mais les couleurs qu’il aime, il les trouve en abondance dans la nature sauvage des forêts nordiques et, par ailleurs, la vie qu’il peut y mener – la vie simple et sans artifice – lui plaît. Ceux qui s’intéressent à la peinture apprécieraient grandement une visite à l’atelier de M. Thomson, et rares seraient ceux qui en sortiraient sans tarir d’éloges sur le travail de l’artiste.

Source: "Des toiles d’un peintre natif de Sydenham à voir absolument," The Owen Sound Sun, 10 avril 1917. Notes: Page un

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