Le portail Roddick

GRATTON D. THOMPSON, B. Arch.

Tant d’encre a coulé au sujet de Sir Thomas G. Roddick, dont on connaît, surtout ici à McGill, si bien l’œuvre de vie, qu’il ne sera pas nécessaire d’y revenir ici. Son existence a été une longue suite d’accomplissements dont les bénéfices, tant au sein de sa profession que dans l’ensemble du pays, se feront ressentir encore longtemps. Rares sont ceux, cependant, qui connaissent l’ampleur du dur labeur, du dévouement altruiste à son devoir et de la charité qui ont rendu ces accomplissements possibles. Sans doute suffit-il de mentionner que son nom, honoré d’un océan à l’autre, a couvert de gloire son Alma Mater.[…]

L’un des traits les plus saisissants de Sir Thomas était son extrême ponctualité. Sans cette importance qu’il attachait à la valeur du temps, il y a fort à parier qu’il n’aurait pas su mener tous ses projets à bien. Il avait souvent exprimé le souhait qu’une horloge, à la fois guide et aide-mémoire à l’intention des étudiants et des autres personnes fréquentant McGill, soit installée bien en évidence sur le campus. Cette idée ne le quittait pas et il désirait grandement ériger une tour d’horloge.

Ce souhait, conjugué à l’absence d’une véritable entrée à l’Université McGill, a inspiré à Lady Roddick l’idée d’ériger en son honneur un monument commémoratif qui incorporerait ces deux éléments. […]

Pour l’architecte chargé de sa conception, il était évident que le portail devrait être en tout point subordonné à cette splendide allée d’arbres menant à l’Arts Building, véritable joyau de McGill. Toute forme d’arche ou de structure qui se serait élancée au-dessus de l’allée aurait gâché cette superbe échappée, et tout particulièrement la vue qui en est offerte à qui remonte l’avenue McGill College. De ce point de vue, on ressent immédiatement que c’est le portique de l’Arts Building qui est à la source du caractère grec du portail. Le portail semble en effet encadrer ce précieux fragment du vieux McGill. […]

La base et le trottoir sont de calcaire de Deschambault, tandis que le reste du portail est constitué de calcaire de l’Indiana, de couleur gris foncé. Cette pierre a été choisie en vertu de l’uniformité de sa teinte et de son absence d’imperfections. Les colonnes du portail étant monolithiques et l’architrave, formée d’un bloc de pierre massive, n’étant maintenue par aucun support en acier, il s’est avéré essentiel d’utiliser une pierre dans laquelle d’imposantes pièces sans défauts pouvaient être taillées. À l’exception des colonnes et des chapiteaux, la totalité des pièces a été taillée à la main.[…]

La porte de bronze à l’arrière de la tour de l’horloge mène, à travers un passage étroit, à la chambre de l’horloge. Dans cette petite pièce, ne mesurant que 5 pi sur 3 pi 6 po sur 10 pi de hauteur, se trouvent les tables supportant les mécanismes d’horlogerie ainsi que les quatre cloches sonnant le carillon de Westminster.

Il ne reste qu’à souhaiter qu’un jour, une nouvelle clôture sera construite. Une telle addition aurait pour effet d’harmoniser ce pan de la rue Sherbrooke et de rompre l’isolement dont souffre le portail aujourd’hui. Cela dit, la nouvelle entrée rend tout de même un juste hommage, dans son état actuel, à celui en mémoire duquel ce portail a été érigé. Dressé vers le ciel, ceignant le magnifique campus sans pour autant le soustraire à la vue, ce portail restera un durable hommage à l’un des plus illustres fils de l’Université McGill.

Source: Grattan D. Thompson, Le portail Roddick, The McGill News 6 (31 juin 1925): 21-23

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