DRAME SANGLANT DANS LE “HIGH-LIFE”

DANS UN MOMENT D’ABERRATION MENTALE

Mme Vve J. J. Redpath et son fils M. Clifford Redpath, étudiant au McGill, sont trouvés tous deux baignant dans leur sang

La mère expire chez elle et le fils est transporté à l’hôpital Victoria où il rend le dernier soupir

Un bien triste événement est arrivé hier après-midi au No 1065 rue Sherbrooke, résultant dans la mort de deux personnes, Mme J. J. Redpath et son jeune fils J. C. Redpath. M. Redpath souffrait de mauvaise santé depuis quelque temps, mais malgré cela il se préparait à ses examens de droit. De fait M. Redpath s’était tellement surmené qu’il avait été pris d’une affection nerveuse. Il appert qu’il se trouva le matin dans un profond état de dépression mentale, qui s’accrut encore pendant l’après-midi. Vers 5 heures, il tira plusieurs coups de revolver, tuant instantanément sa mère et s’infligeant à lui-même une blessure mortelle.

La famille surprise par le bruit de la détonation accourut immédiatement dans la chambre et trouva la mère mourante et le frère mortellement blessé. M. Redpath fut transporté par la voiture d’ambulance à l‘Hôpital Victoria aussi promptement que possible. A son arrivée a l’hôpital, il reçut les soins du Dr Bell, en absence du Dr Roddick, médecin de la famille. Mais en dépit de toutes les ressources de la science, le jeune homme n’a pas repris ses sens, de sorte qu’on n’a pu obtenir de lui aucune explication Il est mort vers onze heurs et demie dans la nuit.

Ce matin, le Dr Roddick, enterviewé à son retour de Toronto, s’est montré très affligé par le malheur qui frappait une famille qu’il connait depuis si longtemps. Connaissant parfaitement la constitution du jeune homme, sachant qu’il était sujet à l’épilepsie, qu’il souffrait d’insomnie depuis longtemps et qu’en dépit de sa constitution nerveuse, il travaillait beaucoup à la préparation de ses examens de droit, et en même temps ayant à soutenir sa mère invalide, il n’a pas été surpris qu’il ait perdu l’usage de sa raison.

Mais ni le docteur, ni aucune autre personne connaissant le jeune homme ne peut croire qu’il aurait commis ce crime avec toute sa liberté d’esprit.

Naturellement, en l’absence de témoins oculaires, il y a à douter si le premier coup a été accidentel ou non. Certainement sa tendre et constante sollicitude pour sa mère depuis les quelques mois de sa maladie indique la réelle attitude du jeune homme envers sa mère.

M. Clifford Redpath était depuis quelque temps dans le bureau de MM. Campbell, Meredith, Allan et Hague.

L’enquête commencera cet après-midi à trois heures et demie. Les funérailles seront strictement privées.

Source: Inconnu, "Drame sanglant dans le "high-life"," La Presse, 14 juin 1901. Notes: PG, 12

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