HERBERT NORMAN : UN AGENT DU KOMINTERN

par Peter Marwitz

On a dit tellement de choses sur Herbert Norman que l’histoire de sa vie est devenue l’hagiographie d'une victime célèbre de la Guerre froide qui aurait bien pu devenir un saint. Comme un ami des Affaires extérieures m'a fait remarqué après le visionnement du documentaire de l’Office national du film, L’homme qui aurait pu être : une enquête sur la vie et la mort de Herbert Norman, Norman n’y était pas tout à fait décrit comme un modèle de loyauté envers le Canada. L’ONF a plutôt laissé sans réponses toutes les questions de sécurité nationale et a présenté de bonnes preuves indirectes de son manque de loyauté. Norman a menti lors de deux entrevues de sécurité au début des années 1950 au sujet de son appartenance au Parti communiste alors qu’il était au Collège Trinity, à l'Université Cambridge, pendant la Dépression. Il n’a pas dit toute la vérité au FBI lorsqu’il a été questionné en 1942. Il a constamment tenté au cours de cette période de se dissocier du communiste japonais, Tsuru Shigeto, qu’il avait connu alors qu’il faisait partie d'un groupe d'études marxiste à Harvard. Enfin, il a nié avoir été l’agent recruteur des communistes coloniaux à Cambridge. Ses mensonges l’ont rattrapé, le poussant au suicide, ce qui en soi indique un sentiment de culpabilité, malgré le contenu des notes qu’il a laissées avant son suicide.

Qu’est-ce que Norman cachait? Son mentor et agent recruteur dans l’Internationale communiste était John Cornford, qui se disait lui-même le Lénine de la Grande-Bretagne et qui comptait parmi ses associés ceux que le KGB avait nommés « Les cinq magnifiques ». Il est presque impossible de penser que Herbert Norman n’aurait pas été approché pour se battre pour la paix au nom de l’Union soviétique, étant donné qu’il représentait les meilleurs intérêts du Komintern : un communiste possédant des qualités intellectuelles et sociales et qui avait la possibilité de devenir une étoile dans la profession de son choix. Diplômé de Harvard juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale, il est entré aux Affaires extérieures comme agent junior et a rapidement gravi les échelons du succès pour devenir chef de mission au Japon, en Nouvelle-Zélande et en Égypte tout en ayant accès à des renseignements d’un intérêt crucial pour les Soviétiques. Le Komintern à Moscou a toujours noté dans son dossier l’état de son développement comme agent soviétique.

Marwitz est un ancien membre des services de renseignement de la GRC et du SCRC et un ancien agent de liaison de la sécurité nationale aux Affaires extérieures.

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