L'histoire du Yukon

[ The Chilkoot and White Pass ]

Les cols Chilkoot et White, Coates and Morrison, 2005

Durant l’automne, de l’or grossier est découvert sur la rivière Forty mile et tant de prospecteurs se ruent vers les nouveaux gisements qu’il ne reste qu’une cinquantaine d’hommes sur la rivière Stewart. Près de deux cents hommes prospectent Forty-mile. Parmi ceux qui prospectent le long du fleuve Yukon se trouve Robert Henderson, que tout le monde appelle « Bob ». À l’âge de quatorze ans, il a quitté son foyer situé dans un village de pêcheurs dans le comté de Pictou en Nouvelle-Écosse et est parti faire sa vie. Après avoir passé plusieurs années en Nouvelle-Angleterre, il est revenu chez lui. Il est reparti en 1880 et a travaillé pendant quatorze ans dans les mines du Colorado. Il a ensuite décidé de se diriger vers le nord et a échoué à Dyea en avril 1894, en compagnie d’un petit groupe.

Ils traversent la ligne de partage des eaux jusqu’au lac Lindeman, où ils scient du bois et construisent un petit bateau. Arrivés à l’embouchure de la Pelly, ils découvrent des prospects et extraient 54 $ d’or fin. À la recherche de meilleurs prospects, ils continuent leur chemin en descendant le Yukon jusqu’au poste de traite de Sixty-mile. C’est à cet endroit que Joe Ladue leur apprend les dernières nouvelles au sujet des découvertes qui ont eu lieu dans la région. À la lumière de ces renseignements, Henderson, accompagné de Jack Conlin, se rend à la rivière Indian, qui se jette dans le fleuve Yukon par sa droite, environ à mi-chemin entre Sixty-mile et l’emplacement actuel de Dawson City.

Au cours de l’année suivante, ils prospectent les ruisseaux qui se déversent dans la rivière Indian. Ils remontent cette rivière en faisant avancer leur embarcation à la perche, prospectent sur différentes barres et découvrent des prospects plutôt encourageants en lavant le sable à la batée. Cependant, l’or est très fin, alors ils continuent sur environ quarante-cinq milles en amont de la rivière Indian jusqu’à un ruisseau qui sera plus tard connu sous le nom de ruisseau Quartz. Ils en ressortent des batées de dix cents d’or et décident de rester tout l’hiver pour y travailler. En se rendant à Sixty-mile pour se réapprovisionner, la glace naissante les force à descendre de leur bateau et à franchir les montagnes à pied. Après quelques jours de repos à Sixty-mile, Henderson est prêt à repartir, mais Conlin décide de rester au poste de traite, alors Henderson achète ses provisions pour l’hiver et retourne seul au ruisseau Quartz, où il prospecte durant l’hiver de 1894-5 jusqu’en février.

Comme il trouve des prospects assez peu satisfaisants, il est convaincu d’en trouver de meilleurs près de la source du ruisseau et pendant plusieurs jours, dans un froid extrême, il transporte son matériel sur un traîneau fait à la main. Il souffre de cécité des neiges quand il atteint un ruisseau, qu’il baptise « Wounded Moose » [orignal blessé]. Dès qu’il retrouve la vue, il fait un peu de prospection et quand le printemps s’annonce, il redescend le ruisseau pour aller se procurer des provisions. Pendant le trajet, la neige commence à fondre et l’eau court sur la glace. Comme ses vêtements sont trempés, il établit son campement pour les faire sécher. Quelques caribous passent par là et il se procure de la viande fraîche et des peaux pour un canot qu’il a construit. Puisque l’eau qui court sur la glace est trop peu profonde pour le porter à bord du canot chargé, il traverse à gué et laisse le canot dériver devant lui, le retenant avec une corde faite de peau de caribou. Il ne peut progresser que pendant quelques heures à la fois avant que cette eau glacée lui paralyse les jambes et qu’il doive sortir du ruisseau et allumer un feu pour sécher ses vêtements.

Avant d’arriver à la rivière Indian, alors qu’il abat une épinette pour faire une passerelle, il se blesse la jambe sur une grosse branche et cette blessure le fait encore souffrir quand il atteint la rivière Indian. Il doit interrompre sa recherche d’or et se rendre à Sixty-mile pour recevoir des soins. Quand sa jambe est assez rétablie, Henderson achète les provisions dont il a besoin et retourne au ruisseau Quartz, où il travaille durant l’hiver de 1895-6. En allumant des feux, il parvient à creuser des trous dans le sol gelé pour atteindre le fond rocheux et fouiller le sous-sol à la recherche de la veine payante; il lave plus de six cents dollars. Au printemps de 1896, Henderson franchit le sommet et arrive à un ruisseau qu’il nomme Gold Bottom.

Après avoir découvert d’assez bons prospects, il retourne au ruisseau Quartz chercher son matériel; dix-huit hommes s’y trouvent, à qui Joe Ladue a parlé de sa découverte. Ils acceptent l’invitation de Henderson d’aller au Gold Bottom, mais ils se découragent vite et seuls trois hommes restent avec Henderson, tous les autres retournent à Sixty-mile. Sur le Gold Bottom, Henderson tire trente-cinq cents de la batée : ce qu’il a trouvé de plus payant jusqu’ici. Quand les provisions commencent à baisser, Henderson retourne à Sixty-mile pour se réapprovisionner et comme le niveau d’eau, entre-temps, est devenu trop bas pour remonter la rivière Indian à la perche, il comprend que le ruisseau qu’il a nommé Gold Bottom doit se déverser dans la rivière que les Indiens appellent Thronduik (Klondike), laquelle se jette dans le fleuve Yukon à quelque distance en aval de Sixty-mile. Il décide d’essayer de remonter ce cours d’eau…

À l’embouchure de la Klondike, il rencontre George Carmack qui pêche le saumon avec sa femme indienne Kate et ses deux beaux-frères, Skookum Jim et Charlie le Tagish. Henderson informe Carmack de sa découverte sur le Gold Bottom, auquel il retourne, et l’invite à venir y jalonner une concession. Il suggère aussi à Carmack que s’il veut prendre un raccourci à travers la ligne de partage des eaux, par le cours d’eau appelé ruisseau Rabbit (et plus tard Bonanza) et qu’il y fait une découverte, de l’en aviser. Carmack le lui promet et suit le conseil de Henderson; il prend le raccourci et découvre sur le ruisseau Bonanza le plus riche filon découvert jusqu’ici dans tout le Yukon. On raconte plusieurs histoires sur cette découverte et la richesse de celle-ci. L’une d’elle rapporte que lorsque les hommes établissaient leur campement, la femme de Carmack, Kate, prit une batée et la remplit de gravier du lit du ruisseau, puis se mit à laver le gravier. L’or y était en si grande quantité que les particules jaunes étaient parfaitement visibles à travers le gravier non lavé. Carmack n’avait jamais rien vu de pareil et lava environ quatre dollars à la batée. Ils jalonnèrent immédiatement la concession de la Découverte et la no 1 en aval pour Carmack, la no un en amont pour Charlie le Tagish, et la no deux en aval pour Skookum Jim, puis s’empressèrent de se rendre au bureau d’enregistrement minier de Forty-mile pour enregistrer leurs concessions sur le ruisseau, lequel, en raison de sa grande richesse, est officiellement nommé Bonanza. Une fois cette tâche remplie, Carmack annonce aux autres sa fabuleuse découverte, mais n’en informe pas Henderson, comme il l’avait promis.

Source: Walter Hamilton, "L’histoire du Yukon " (Vancouver: Mitchell Press, 1972), 66-7

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