Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

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Nos problèmes avec les Indiens

The British Columbian, 11 juin 1864

Nous avons été peiné de la position manifestée par la presse insulaire et par la population de Victoria -- si on tient compte des sentiments exprimés lors d’une rencontre publique comme étant la juste expression de l’opinion populaire -- qui accuse le gouvernement de cette colonie d’imbécillité irresponsable et condamnable en ce qui a trait aux mesures prises pour le châtiment des coupables du récent massacre près du Bute Inlet. Le gouverneur Seymour est accusé d’avoir envoyé l’expédition à Bute Inlet en vain; il est aussi reconnu coupable de n’avoir pas immédiatement envoyé le Forward à Bentinck Arm, et il est même tenu responsable des meurtres subséquents qui se seraient produits à l’intérieur du pays! Le message de Son Excellence au gouverneur Kennedy, publié dans les journaux de Victoria, devrait remplir de honte nos voisins qui ont agi avec imprudence et énervement. Ce document fait allusion non seulement à ce qui a été fait, mais montre aussi les raisons pour lesquelles il a été impossible d’en faire plus. Il ne fait aucun doute que de nombreux retards et une apparente inaction ont caractérisé les mouvements du gouvernement depuis que les nouvelles de ce malheureux massacre nous sont parvenues. Mais avant de tenir quelqu’un responsable, il aurait été juste et prudent de mieux s’informer pour découvrir à qui incombe réellement la faute.

Il n’est pas vraiment nécessaire de rappeler, encore une fois, la promptitude avec laquelle l’expédition de Bute Inlet a été organisée et envoyée. Notre gouvernement ne peut être tenu responsable de l’inévitable délai nécessaire à l’arrivée de la canonnière ni des circonstances, encore inexpliquées, qui ont fait que les nouvelles du massacre ont été retenues près de trois jours à Victoria. De plus, il est absolument extraordinaire de voir la presse chercher à ridiculiser le plan d’actions, étant donné qu’il avait été non seulement suggéré par Sir James Douglas mais que la presse l’avait également recommandé. Ces mêmes journaux proposaient l’envoi urgent d’une force à Bute Inlet avec le double objectif de poursuivre les meurtriers et d’offrir du secours aux Blancs qui auraient peut-être survécu. Et, en outre, la première étape était certainement d’enquêter sur cette affaire sur-le-champ, plutôt que d’agir selon des informations qui, malgré une apparente authenticité, auraient pu se révéler n’être que comme la rumeur d’un massacre ultérieur qui a mené à une réunion mouvementée à Victoria et qui a donné à certains orateurs une rare occasion de s’adonner à leur propension favorite pour la bêtise et demander la signature d’une pétition qui a été présentée dans au moins une de nos églises le dimanche suivant – « Dieu apaise la vengeance des sauvages et mette une fin rapide à la soif de sang des chrétiens pratiquants. » Cela dit, ce même mouvement qui a été initié par le gouverneur sortant et qui a été fortement soutenu par la presse de Victoria et était vraiment nécessaire, ne fut-ce que pour nulle autre raison que de mener une enquête judiciaire appropriée, est ridiculisé par un journaliste du Colonist qui le compare à l’exploit du « roi français qui a mené ses hommes au sommet de la montagne pour ensuite les ramener en bas. » Dans la même veine, nous osons dire que si ce roi avait mené ses hommes à un sommet tel le « Mont Waddington », il aurait eu droit à tous les honneurs pour les avoir ramenés au bas de la montagne sains et saufs.

La vérité, c’est que l’expédition de Bute Inlet s’est soldée par un échec en ce qui a trait à l’extension des opérations vers l’intérieur du pays. Mais à qui la faute? Peut-on blâmer le gouverneur Seymour parce que la route de Bute est impraticable pour un groupe armé? Notre gouvernement a été sévèrement jugé parce que le Forward n’a pas été envoyé à Bentinck, mais est plutôt revenu ici. Est-ce que ces gens savent que le Forward est plutôt mal adapté pour un tel voyage? Qu’il n’a pas la capacité de transporter la moitié du charbon nécessaire pour un aller-retour? -- Que la croisière lui aurait probablement pris deux mois? Ou ignorent-ils que le gouverneur Seymour s’est procuré avec grandes difficultés les services de ce bateau à la condition expresse qu’il devait être retourné aussitôt que possible, et qu’on lui a poliment refusé l’usage d’un navire approprié pour entreprendre le voyage à Bentinck Arm? S’ils ignorent toutes ces circonstances, ils ont agi bien imprudemment, et injustement aussi, en parlant et en écrivant comme ils l’ont fait sans se donner la peine de s’informer. Ils se doivent maintenant d’offrir d’amples excuses pour leur conduite.

En fait, le gouverneur Seymour a démontré beaucoup d’énergie et de fermeté face à la difficile position dans laquelle il s’est retrouvé et il a gagné le respect et l’admiration de tous ceux qui sont en position de juger. En effet, loin d’être accusé de passivité, certains commencent ici à craindre que Son Excellence tende plutôt dans l’autre direction, du moins en ce qui concerne les revenus. Si l’on considère le fait qu’il était étranger dans la colonie et qu’il a connu bien des difficultés là où il s’y attendait le moins, le gouverneur Seymour n’a certainement rien fait pour mériter les accusations qui ont été portées contre lui de manière si impulsive et irréfléchie par la population de Victoria. Il a immédiatement envoyé des armes et des munitions à Alexandria ainsi que des instructions demandant qu’un groupe d’hommes soit enrôlé et envoyé contre les Indiens; de plus, il a envoyé, dès que possible, une force puissante et bien équipée à Bentinck Arm. Si une partie du programme suggéré par Sir James Douglas et soutenu par nos contemporains – c’est-à-dire faire de Bute Inlet une base pour les opérations vers l’intérieur du pays – a été abandonnée, c’est tout simplement parce que cela s’est révélé totalement inapplicable.

Source: "Nos problèmes avec les Indiens," The British Columbian, 11 juin 1864.

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