Cardwell à Seymour, no 23

16 juillet 1864

Je viens de prendre connaissance en ce jour d’une lettre de nature privée que vous avez adressée à un de mes sous-secrétaires, alors que vous étiez dans l’impossibilité de préparer une dépêche officielle dans les circonstances qui prévalaient au moment de l’envoi. Vous y faites allusion au massacre, perpétré par les Chilcotins, d’un groupe d’hommes travaillant sur un chantier routier et y décrivez la difficulté de capturer les coupables ou de décourager efficacement la répétition de tels actes.

J’ai informé les Lords commissaires de l’amirauté au sujet de l’état de la situation tel que rapporté dans votre lettre et j’ai demandé que toutes les mesures qu’ils pourraient prendre rapidement le soient afin de vous assurer le soutien et la protection dont vous avez besoin.

Par contre, bien que je regrette profondément les tristes pertes de vie encourues ainsi que les conséquences désastreuses qui pourraient en découler, il est de mon devoir d’attirer votre très grande attention sur l’importance primordiale de modérer, par tous les moyens en votre pouvoir, le désir de vengeance que de tels événements font naître trop naturellement et de voir au respect de la justice et de nos politiques éclairées dans l’application des châtiments que vous trouverez nécessaires d’imposer. Les mesures utilisées devront être guidées exclusivement par un profond sens de la justice et le désir de rétablir la paix et l’ordre de façon permanente. Je ne pourrais que fortement désapprouver l’éclatement d’une guerre dont vous avez raison de dire qu’elle serait très coûteuse et qui pourrait provoquer des sentiments d’animosité profonds et durables entre les deux races, ce qui n’apporterait que malheurs et périls.

Veuillez agréer etc.