Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

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Document traduit

Seymour à Kennedy

Colombie-Britannique
New Westminster
4 juin 1864. 8 h

Sir,

J’ai l’honneur d’avoir reçu, tard hier soir, votre lettre du 2 de ce mois avec une copie de certaines résolutions adoptées à une réunion publique qui s’est tenue à Victoria afin d’examiner l’état des choses suite au massacre sur le sentier de Bute Inlet.

Puis-je me permettre de demander à Votre Excellence d’avoir la bonté de transmettre à la population de l’île de Vancouver, de la manière que vous jugerez la plus appropriée, mes remerciements pour les résolutions adoptées à cette réunion ainsi que le recrutement de volontaires qui partiront, si on les appelle, défendre nos intérêts contre les Indiens chilcotins dans notre colonie.

Ces volontaires auront sans aucun doute attribué mon hésitation à accepter leur offre d’assistance à nulle autre chose qu’à des motifs convenables. Le temps pourrait venir où j’aurai à faire appel à leurs services, mais ce temps n’est pas encore arrivé.

Il n’y a rien d’inamical ni aucun manque de respect pour les gens de Victoria dans mon refus de profiter immédiatement de leur offre d’assistance. On me demande déjà d’engager, pour prêter main-forte à la justice, les fusiliers volontaires de New Westminster ainsi que le corps de pompiers de Hyack, deux organismes qui, je crois, sont d’une admirable efficacité. Des offres d’aide individuelles affluent également de toutes parts, à tel point que je pourrais recruter une force qui excéderait de beaucoup le nombre total d’Indiens que contient la tribu chilcotine.

Si j’ai bien compris le contenu des journaux publics de l’île, la réunion de Victoria a été convoquée à la suite de nouvelles qui venaient d’arriver de Nanaimo au sujet d’un nouveau massacre commis par les Indiens, nouvelles qui, dit-on, auraient été amenées par M. Brew. L’information de M. Brew en ce qui a trait au deuxième présumé massacre dans le territoire intérieur de la Colombie-Britannique provenait uniquement des journaux de l’île de Vancouver. Ainsi, la rumeur qui a causé une si grande agitation et provoqué la réunion n’était qu’un écho provenant de Nanaimo au sujet de nouvelles issues de Victoria. Nous n’avons reçu aucune information sûre d’atrocités indiennes subséquemment au massacre du groupe qui travaillait au sentier de Bute Inlet. Incontestablement, cependant, alors que les meurtriers sont encore en fuite, la vie des Blancs près des lacs chilcotins est en danger imminent, si elle n’a pas déjà été sacrifiée.

Dès que j’ai reçu, quoique très tardivement, l’information au sujet de la triste affaire à Bute Inlet, je me suis immédiatement mis en communication avec mon prédécesseur quant aux mesures qui devaient être adoptées. Son expérience avec les Indiens ainsi que sa réputation quant à son dynamisme ont désigné Sir James Douglas comme étant le meilleur conseiller que je pourrais avoir.

Il m’a dit qu’un groupe devrait être envoyé immédiatement à Bute Inlet par canonnière afin d’y embarquer les survivants et pour obtenir de l’information sur les déplacements des Indiens. Puis, qu’on devrait constituer un groupe d’environ 30 hommes, avec de bonnes montures, de l’équipement et des munitions, sous les ordres d’un chef expérimenté afin de faire l’aller-retour à Alexandria et que des récompenses pour la capture de chacun des hommes impliqués dans les meurtres devraient être offertes, pour une somme disons de 100 $ ou 200 $. Il pensait que leur capture « était certaine, mais une question de temps; environ trois mois, à peu près ».

À tous les égards, mes actions ont dépassé les suggestions de mon prédécesseur. De plus, des mesures additionnelles, au moins aussi vigoureuses que celles déjà entreprises, auraient été mises en place depuis longtemps si j’avais reçu la collaboration que je pensais recevoir de la part d’une branche des services de Sa Majesté qui n’est généralement pas lente lorsque vient le temps de protéger la vie de nos concitoyens et de prêter main-forte à la justice.

J’espère que j’aurai éventuellement, sans autre délai ennuyant, les moyens à ma disposition pour me permettre de pénétrer en territoire chilcotin à partir de Bentinck Arm et ainsi former une jonction avec le groupe d’Alexandria près du lac Benshee.

Je pourrais peut-être accepter en retour de ce service quelques volontaires de Victoria mais je ne pense vraiment pas que j’aurai besoin de le faire. Si, cependant, certains de ces messieurs se joignaient à l’expédition, je les avertirais dès le départ que leur devoir ne serait pas du type passionnant qui attire les jeunes hommes loin de leur famille. Nous ne sommes pas en guerre contre les Indiens et l’énergie de volontaires, maîtrisée par leur serment en tant qu’agents spéciaux, sera probablement seulement dirigée vers des tâches qui consisteraient à trouver, pour eux-mêmes et les porteurs, une façon de traverser les divers marécages et d’escalader les rochers qui empêcheront leur progrès. Nous ne nous attendons à aucune résistance sérieuse de la part d’un petit groupe d’assassins qui, bien que soulevés par une [illusion?] n’auraient jamais eu l’audace de faire face aux hommes qui ont été leurs victimes.

Si les circonstances venaient à changer et que les massacres isolés se transformaient, contrairement à mes attentes, en un prélude à une insurrection générale parmi les tribus situées entre le haut Fraser et la mer, je ferai appel rapidement aux volontaires de Victoria. Je n’ai aucun doute qu’en ce cas, ils y répondront promptement et qu’ils nous rendront un grand service aux côtés de leurs frères colonisateurs de la Colombie-Britannique.

Je demeure,
Sir,
votre humble serviteur

Frederick Seymour


R 4/55 4 juin 1864
Gouverneur Seymour
En ce qui concerne les résolutions de la réunion publique à Victoria relatives au massacre du Bute Inlet.

Source: BCA, Colonial Correspondence, GR-1372, F1588/3a, Mflm B-1310, Frederick Seymour, Lettre à Kennedy, 4 juin 1864.

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