Sur son comportement

057.2

Informateur
Âge : 78 ans
Né: 6 juin 1894, à Saint-Alphonse
Éducation: 8e année
Fait le 29 juin 1972, à South Bear Cove
Entrevue: Claudine Comeau
Transcription: Lise A. Robichaud et Marie-Colombe Robichaud

Original

C.C. : Il a jamais…

Informateur: Il a jamais fait autchun signe, si on y montrait d’quoi. Il’ avont ‘té, il’ avont montré ain portrait et i’ r’gardait tout de même coumme si il arait pu r’garder ain autre chouse pis i’ s’loutait la vue de d’ssus, ça l’intéressait pas. Ouai. Et Didier à Marin avait ain fusil et il avait apporté l’fusil, et i’ montrit l’fusil, tu sais, et c’était tout de même coumme s’i’ y avait montré ain boute de bois. Autchune expression qu’il arait vu ain fusil, autchune chouse coumme ça.

C.C. : Il arait dû pâtir. Ç’arait dû d’être misérable pour lui.

Inf.: J’chai pas s’il savait s’il était malade. J’chai pas s’il savait que, tu sais, qu’autchune chouse était pas coumme qu’ç’arait dû être. I’ paraissait content. I’ mangeait, i’ boivait, i’ s’mettait d’boute, i’ s’chauffait, i’ s’couchait, i’ dormait. Ça c’était sa vie. Ouai. Yoù c’qu’i’ d’venait, quoi c’était, il’ ont jamais découvrit sa race, ni yoù c’qu’i’ d’venait, ni rien du tout. Ouai. I’ s’arait point changé. Faulait qu’ils l’changirent.

C.C. : De hardes, ouai.

Inf.: Ah ouai. Il’ y ariont dounné ses hardes, i’ s’arait pas changé d’hardes. Faulait qu’ils l’changirent de hardes zeux.

C.C. : I’ s’arait-i’ lavé ?

Inf: Non, pas s’ils, l’alliont pas quitté.

Français standard

C.C. : Il n’a jamais…

Informateur : Il n’a jamais fait aucun signe, si on lui montrait quelque chose. Ils sont allés, ils lui ont montré un portrait [une photo] et il regardait tout de même comme s’il aurait pu regarder une autre chose puis il regardait ailleurs, ça ne l’intéressait pas. Didier à Marin avait un fusil et il avait apporté le fusil, et il lui montra le fusil, tu sais, c’était tout de même comme s’il lui avait montré un bout de bois. Aucune expression qu’il aurait vu un fusil, aucune chose comme ça.

C.C. : Il aurait dû pâtir. Ç’aurait dû être misérable pour lui.

Inf. : Je ne sais pas s’il savait s’il était malade. Je ne sais pas s’il savait que, tu sais, que les choses n’étaient pas comme cela aurait dû être. Il paraissait content. Il mangeait, il buvait, il se levait, il se chauffait, il se couchait, il dormait. Ça c’était sa vie. Oui. D’où il venait, ce que c’était, ils n’ont jamais découvert sa race, ni d’où il venait, ni rien du tout. Oui. Il ne se serait pas changé. Fallait qu’ils le changent.

C.C. : De vêtements, oui.

Inf. : Ah oui. Même s’ils lui avaient donné ses vêtements, il ne se serait pas changé. Fallait qu’ils le changent eux-mêmes.

C.C. : Est-ce qu’il se serait lavé ?

Inf : Non, ils ne l’aurait pas laissé.

Source: Centre Acadien, Université Sainte-Anne, Archives orales, 057.2, Homme de 78 ans, "Sur son comportement," Claudine Comeau, 29 juin 1972.

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