La maladie mentale au XIXe siècle

[ The Provincial Hospital for the Insane of Nova Scotia ]

L’hôpital pour aliénés de la Nouvelle-Écosse , C. C. Clarke, Lath., Nova Scotia Archives and Records Management RG 25 "A" Vol. 6

La psychiatrie est un domaine de la recherche et de la médecine apparu au XIXe siècle. Elle en est à ses débuts à l’époque de Jérôme et les techniques qu’elle utilise donnent froid dans le dos aujourd’hui.

D’abord, la société à l’époque s’attend à ce que les familles s’occupent de leurs membres qui ont des troubles envahissants du comportement ou qui souffrent d’un retard du développement cognitif. Les cas les plus graves sont cachés, enfermés dans une chambre de la maison, autant pour protéger les autres membres de la famille que pour les protéger d’eux-mêmes. Les cas les plus légers sont intégrés à la société dans la mesure où ils peuvent se rendre utile: ils deviennent les « idiots du village ».

En termes médicaux et légaux de l’époque, un idiot est une personne avec un retard de développement intellectuel grave. Une personne débile ou simple d’esprit serait aujourd’hui une personne avec un léger retard du développement intellectuel. Un sourd et muet, bien que son affection soit physique, est généralement considéré comme ayant un retard du développement parce qu’il ne peut pas parler. Un aliéné est une personne dont le trouble du comportement est si grave et envahissant qu’elle nécessite l’internement.

Si une famille ne peut pas s’occuper de ses membres atteints d’une maladie mentale ou d’un retard du développement, habituellement parce qu’ils sont trop pauvres ou parce que leur cas est trop grave, le malade peut être interné dans un asile d’aliénés. Ces ancêtres des hôpitaux psychiatriques modernes ressemblent souvent plus à des prisons qu’à des centres médicaux. Il faut aussi comprendre que les médicaments anti-psychotiques et anti-dépressifs sont des inventions extrêmement récents. Au XIXe siècle, à part le laudanum (un dérivé de l’opium ressemblant à la morphine) et la cocaïne, les psychiatres n’ont pas une grande pharmacologie à leur disposition.

La plupart du temps, les asiles sont bâtis en campagne, car les médecins croient que le grand air favorise la guérison et le rétablissement. À l’époque de Jérôme, ce sont de grands édifices de pierre, comportant plusieurs ailes divisées par types de maladie mentale et de gravités des cas. Les sexes sont aussi strictement séparés. Les malades dorment dans des cellules sur des lits de fer (ou directement sur le sol) recouverts d’une paillasse. Les malades sont enfermés la nuit dans leurs cellules. Les méthodes de contention (chaînes, camisoles de force) sont d’usage général. Les repas sont pris dans des salles communes. Les personnes refusant de manger sont nourris de force. Les bains sont communs aussi et les personnes dont l’hygiène personnel est déficient sont lavées de force. Le traitement des malades est souvent brutal. Bref, les conditions de vie des internés est difficile dans le meilleur des cas. On rapporte souvent des cas où les familles retirent leurs parents de ces institutions parce qu’ils préfèrent les voir souffrir à la maison.

Lectures supplémentaires :

Keating, Peter. La science du mal : L’institution de la psychiatrie au Québec, 1800-1914. Québec : Boréal, 1993.

Moran, James E. Committed to the State Asylum, Insanity and Society in Nineteenth-Century Quebec and Ontario. Montreal/Kingston : MQUP, 2000.

St-Amand, Nérée. "La Folie au Nouveau-Brunswick: "No Insane Man Recovers At Home"", Bulletin d'Histoire Politique, 2002 10(3): 105-117.

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