Extraits du livre Nova Scotia Hospital: 125 Anniversary, 1858-1983

[L’approche thérapeutique]

En 1875, une assemblée de professionnels du milieu médical se réunissent à l’hôpital et sont reçus à dîner. Des représentants sont venus de toutes les provinces et même des États-Unis. Même à ses débuts, l’hôpital était perçu par le corps médical comme une institution progressiste pour les gens atteints de maladie mentale et c’est pourquoi elle est devenue une des premières institutions psychiatriques agréées au Canada et l’est encore à ce jour.

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C’est en 1919 qu’a débuté à l’hôpital la première séance d'ergothérapie. Des bénévoles de la communauté ont aidé à cette entreprise. Aujourd’hui, le service de bénévoles de l’hôpital s’est proportionnellement agrandi, mais il y a toujours de la place pour les gens intéressés. Les patients d’aujourd’hui ne sont pas différents de ceux d’autrefois. Ils peuvent avoir besoin de compagnie, de quelqu’un pour les aider à trouver un logement, de participer à des activités stimulantes ou simplement de la présence d’une personne pour leur dire qu’ils sont des gens bien. Réintégrer la communauté demeure un obstacle à franchir, même une fois la maladie guérie. Les bénévoles aident à donner à la communauté une atmosphère accueillante où il fait bon retourner et contribuent à apaiser la douleur de la transition.

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Au fil des ans, on a offert aux patients des promenades en traîneau, à cheval et en autobus. À présent, le transport des patients lors des activités se fait à bord d’un autobus de l’hôpital, acheté grâce aux dons de la population.

Les types de soins

Avant de débuter cette section de l’histoire du Nova Scotia Hospital portant sur les soins administrés aux patients, il convient de reconnaître le mérite de l’ancienne directrice des soins infirmiers, Mlle E.C. Purdy, I.A., et de la remercier de sa contribution auprès de l’hôpital pour avoir écrit Nova Scotia Hospital History. Grâce à elle, il est possible de trouver facilement de l’information sur les traitements administrés aux patients. Une bonne partie de l’information qui suit est tirée de cet ouvrage.

Pour des raisons de temps et d’espace, il ne sera pas possible de décrire ici en détail les traitements administrés aux patients sur une période de 125 ans. Par conséquent, seuls les évènements les plus importants seront relatés.

La première mention d’une forme quelconque de « traitement » date d’avant décembre 1858. Le travail et les activités récréatives sont tous deux considérés comme des agents importants de réhabilitation. On mentionne aussi que l’admission hâtive du patient à l’hôpital influe grandement sur son rétablissement.

Il semble qu’à l’époque la communauté joue un grand rôle dans les activités de l’hôpital. Les gens font don d’un grand nombre de livres, d’argent, d’un tabouret de piano, de fruits, de petites douceurs et de magazines, en plus d’emmener les patients en balade dans l’anse les après-midis à bord du vapeur Neptune. Les patients font également des balades en voiture à chevaux de temps à autre. En 1859, les patients masculins s’occupent à des travaux de ferme et de jardinage alors que les femmes cousent, tricotent et effectuent d’autres tâches ménagères. On les encourage en leur remettant de petites rétributions.

On considère le fait qu’ils aient une occupation rémunérée comme étant très bénéfique à leur traitement. De 1859 à 1878, il semble que le travail manuel, la marche et l’amusement en général est la forme de traitement utilisée.

En 1878, le docteur DeWolfe recommande que soient mises sur pied des installations spéciales destinées aux gens atteints d’aliénation chronique, qu’il y ait un système de suivi permettant d’assurer la supervision des patients en convalescence près de leur demeure et que toute la question de la supervision des prisons, des asiles de pauvres, des asiles, etc. relève du gouvernement pour assurer de bonnes conditions dans ces institutions. Il recommande le système de cottage, dans lequel les patients sont maintenus en petits groupes dans des conditions semblables à celles vécues à domicile. Il recommande aussi que les comtés, seuls ou en association avec d’autres, bâtissent des cottages ou de petits asiles pouvant accommoder de 50 à 100 patients chacun, entre un à trois milles du village ou de la ville et sur une bonne terre agricole d’au moins une acre pour chaque groupe de patients. C’est apparemment comme ça que débute le County Home System [système d’hébergement de comté] en Nouvelle-Écosse.

C’est en 1885 qu’on mentionne pour la première fois que des médicaments sont utilisés pour traiter les maladies mentales. On note qu’on ne s’attend pas à ce que le personnel compte exclusivement sur les médicaments pour mener à bien le traitement, que les médicaments ne font qu’aider au processus de rétablissement. Le personnel est toujours conscient de l’importance primordiale de l’exercice au grand air, de la nourriture et du travail. Les médicaments ne sont utilisés qu’en complément – l’administration de tels médicaments sur une base régulière mène à la rémission par une action indirecte ou constitutionnelle. Les tonifiants prescrits sont le fer, la quinine, la strychnine et du simple bitter.

En 1892, le premier laboratoire entre en fonction. Il inclut un thermostat, un stérilisateur à air chaud, un stérilisateur à vapeur et des appareils de culture de bactéries. L’air dans les pavillons ne démontre pas des résultats très encourageants. Il y a trop de gens, ce qui altère la pureté de l’air. Des actions doivent être entreprises. On découvre que bon nombre de patients souffrent de tuberculose, ce qui cause des soucis puisqu’il n’est pas possible de bien isoler ces patients.

En 1893, l’utilisation de moyens de contention pour contrôler les patients violents et destructeurs est pratiquement abolie. On croit que si les infirmières s’occupent davantage des patients et qu’elles tentent de les intéresser à un autre type d’activité, on atteindra le même résultat qu’en utilisant ce qui est considéré comme de la contention non nécessaire.

On cite à la section « Changements » en 1893 : « J’ai longtemps pensé que l’utilisation systématique d’appareils de contention portait préjudice à la morale de l’hôpital. Cela changeait la relation qui aurait dû exister entre les patients et les infirmières, et avait tendance à nourrir chez ces dernières le sentiment qu’il existait un moyen autre que le tact, le savoir-faire et l’attention pour neutraliser les fautes des patients, ce qui les menait à ne plus cultiver ces qualités dont est empreinte la formation spéciale d’infirmière. Je ne suis pas un fanatique en la matière, mais lorsque l’occasion survient où je crois que la camisole de force, les menottes ou une méthode autre que la surveillance raisonnée sont plus appropriées comme méthode de traitement, je les utilise ». C’est également cette année-là que sont ébauchés les plans d’une école destinée à former les infirmières.

De 1900 à 1902, le directeur s’inquiète du manque d’infrastructure pour traiter les patients et il se demande pourquoi 55 % des patients ayant séjourné à l’hôpital sont toujours déments et si ce n’est pas plutôt par un miracle que tant de patients aient guéris dans des conditions aussi défavorables. Il met l’accent sur le besoin d’une petite bâtisse d’admission, conçue différemment de l’hôpital actuel, dans laquelle un nouveau patient pourrait être reçu sans être dès le départ contraint à socialiser avec les autres patients à différents stades de dégradation mentale, et sans se sentir comme s’il n’était qu’un patient quelconque parmi un groupe nombreux où il ne pourrait recevoir toute l’attention dont il croit avoir besoin.

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Aucun d’entre nous ne peut véritablement concevoir le genre de vie que vivaient, il y a 125 ans, le personnel et les patients de l’hôpital. Mount Hope, nom sous lequel on le connaissait à l’époque, devait être assez isolé, du moins selon nos critères modernes. Le trajet entre l’hôpital et les agglomérations environnantes comme Halifax, devait être long et ardu, particulièrement lorsque la température saisonnière était inclémente. On sait que le personnel de l’hôpital habitait généralement dans les environs immédiats de l’hôpital ou relativement près de celui-ci, par nécessité, probablement dans les maisons de l’ancienne raffinerie de sucre. Par conséquent, le personnel et les patients étaient constamment en étroit contact. Ce système n’était-il pas le précurseur du « concept de communauté thérapeutique » défini presque un siècle plus tard par le renommé Dr Maxwell Jones?

Étant donné que le gîte et le couvert étaient à cette époque, comme aujourd’hui, les principaux besoins d’un être humain et que nos attentes ne peuvent être évaluées qu’en fonction de l’époque dans laquelle nous vivons, les patients de cette époque ont-ils vraiment subi des épreuves abusives? Les logements des patients étaient certainement exigus, mais la méthode de chauffage, par propulsion d’air chaud, est encore largement utilisée aujourd’hui dans nos maisons. Soit dit en passant, une partie de l’équipement utilisé pour le chauffage est encore en place dans le sous-sol du bâtiment original (aujourd’hui l’aile nord). Les repas étaient enrichis de produits frais sans additifs comme des produits laitiers, de la viande et des légumes qui provenaient directement de la ferme de l’hôpital. Le menu manquait peut-être de variété, mais il n’en demeurait pas moins nutritif.

Les programmes de traitements des patients étaient, bien entendu, bien moins sophistiqués et efficaces que ceux des trente dernières années environ. Ils consistaient surtout en des soins de garde étalés sur de très longues périodes ou même à vie. En l’absence de chimiothérapie ou d’autres traitements avancés, qui n’ont été mis au point que plutôt récemment, on recourait à la force physique plus souvent qu’à présent pour maîtriser les patients. Toutefois, je ne peux pas croire que des chaînes de fer, comme on en a si souvent décrites, étaient souvent utilisées, sinon peut-être lors du transport de patients violents jusqu’à l’hôpital. Les patients étaient plus susceptibles d’être placés dans des cellules d’isolement lors de leurs épisodes violents mais, contrairement à la croyance populaire, ils n’étaient pas placés dans des cachots au sous-sol. Ces « cachots » étaient en fait des pièces de rangement ou des tunnels d’entretien et, pour autant que je sache, ont toujours été utilisés à ces fins.

Il serait négligent de ne pas profiter de cette occasion pour rendre hommage à nos prédécesseurs dans le domaine de la santé mentale, particulièrement ceux qui étaient à l’emploi de cet hôpital au cours de son premier siècle d’existence. Ils ont accompli leur devoir avec dévouement, dans ce qui devait être des conditions de travail défavorables, avec si peu de ressources à leur disposition.

Au cours des 25 dernières années, d’énormes progrès ont été réalisés dans le domaine des soins psychiatriques en général et plus particulièrement dans cet hôpital. Plusieurs nouveaux bâtiments ont été construits tant pour les patients que pour le personnel et les étudiants, de nouveaux traitements ont été mis au point, les patients ont maintenant plus de liberté de mouvement, on ne sépare plus les hommes des femmes, les unités de soins ne sont plus sous verrou et la nourriture servie correspond aux meilleures normes de qualité qui soient. Toutefois, le meilleur atout de cet hôpital demeure son personnel dévoué, sans qui un tel progrès n’aurait pas été possible. Nous pouvons espérer que nos successeurs des années à venir montreront le même dévouement et relèveront les défis avec le même esprit de coopération qui a été démontré par le personnel actuel. Les établissements psychiatriques du Canada où se manifeste cette coopération se voient accorder le plus haut niveau d'agrément par le Conseil canadien d'agrément des services de santé et, grâce à notre personnel, nous avons atteint cette norme élevée lors de chaque visite d'agrément tenue depuis.

V.F. Simpson
Directeur

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Service médical et psychiatrique

Plusieurs progrès ont été effectués dans les soins et les traitements administrés aux personnes atteintes de maladie mentale au cours des 125 années d’existence du Nova Scotia Hospital.

Avant 1858, il n’existait aucun hôpital psychiatrique dans cette province. Les gens atteints de maladie mentale étaient soignés à la maison par les membres de leur famille, résidaient dans des asiles de pauvres ou erraient, laissés à eux-mêmes. À cette époque, un mouvement démarrait en Amérique du Nord dont la mission était de construire des asiles pour fournir aux gens atteints de maladie mentale un refuge où, grâce à des soins compatissants, ils pourraient recouvrer la santé. Ce principe des asiles, bien connu à l’époque, est demeuré un complément aux traitements offerts aujourd’hui.

Dans la province, les efforts de Dorothea Dix, une philanthrope américaine, et du Dr Hugh Bell, qui était le maire d’Halifax, ont convaincu le gouvernement de construire le premier édifice du genre. Il a été bâti dans un milieu rural, sur un monticule du côté du havre en face de Halifax et a été nommé l’asile Mount Hope. Le bâtiment de brique comprenait deux étages. Le premier étage était réservé aux patients masculins et le deuxième, aux femmes, et il y avait également quelques pièces où résidaient des membres du personnel. C’est à partir de ces modestes débuts que le Nova Scotia Hospital a pris de l’expansion.

Les registres démontrent que l’état d’un bon nombre de patients s’est amélioré dans cette atmosphère de soins attentionnés, de repos et par l’utilisation judicieuse de l'ergothérapie à la ferme de l’hôpital. On a également noté que des citoyens intéressés et des organismes de la communauté avoisinante de Dartmouth visitaient les patients et les accompagnaient régulièrement lors de sorties, comme des balades en traîneau à cheval et en randonnées pédestres. Au cours des ans, l’hôpital s’est agrandi avec l’ajout de bâtiments, mais les méthodes de traitement ont peu changé jusque vers les années 1940, lorsque l’utilisation de l’électrothérapie a été reconnue comme un moyen efficace pour traiter la dépression et certains types de schizophrénie. Un grand nombre de patients se sont rétablis et un nombre plus élevé de patients ont regagné leur foyer.

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H.P. Poulos, MDCM
Directeur du service médical

Source: Nova Scotia Hospital, "Extraits de Nova Scotia Hospital: 125 Anniversary, 1858-1983" in Nova Scotia Hospital: 125th Anniversary, 1858-1983, (Darthmouth, NS: The Hospital, 1983), 8-11, 15-18.

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