Aurore — Le mystère de l'enfant martyre
   
 
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La Presse 26 avril 1920, p. 1

LE CRIME DE SAINTE-PHILOMENE

GAGNON BATTAIT L'ENFANT DANS LE HAUT DE LA MAISON, PARCE QUE LA PIECE ETAIT PLUS LIBRE ET QUE SON FOUET "N'ACCROCHAIT PAS"

C'est le beau-frère du prévenu qui fait cette déclaration ce matin, en Cour d'Assises.- Il ajoute que Gagnon lui a dit que quand il flagellait l'enfant "le sang coulait".

LA MARATRE ENCOURAGEAIT L'ACCUSE

Un neveu du prévenu témoigne du fait qu'il a vu son oncle battre rudement la petite Aurore sur l'ordre de la marâtre.- Celle-ci a également battu la victime en présence du père de l'enfant.

"SI TU VEUX LA VOIR BATTRE, C'EST LE TEMPS", DIT UN JOUR L'ACCUSE A Mlle LEBEUF, SA NIECE, UN TEMOIN

[ Maison de Télesphore Gagnon, La Presse (Montréal),   ](Du correspondant de la PRESSE)
Québec, 26.-La procès de Télesphore Gagnon, accusé du meurtre de sa propre fille, Aurore, 10 ans, meurtre pour lequel la marâtre Marie-Anne Houde, (femme Gagnon) a déjà été condamnée au gibet, s'est continué ce matin, aux assises, sous la présidence de l'hon. juge Desy. L'accusé compte depuis samedi un nouveau défenseur. Mes J.-N. Francoeur et Marc-Aurèle Lemieux s'étant adjoint Me A. Lavergne. La Courrone n'a pas terminé sa preuve, mais tout porte à croire que l'affaire ne sera pas longue. Le président du tribunal, d'ailleurs, mène les choses rondement.

M. ARTHUR LEBEUF

Domicilié de Saint-Jean des Chaillons, beau-frère de l'accusé, il est le premier témoin entendu ce matin. Il dit connaître l'accusé depuis une dizaine d'années. Il est allé chez l'accusé, à Sainte-Philomène, l'été dernier. L'accusé lui a parlé d'Aurore, disant qu'elle était bien difficile et qu'il l'avait battue avec un fouet tressé. Le témoin a compris que l'accusé frappait fort sur le dos nu. Il lui a dit que cela n'avait pas de bon sens. L'accusé a répondu qu'il n'était pas "pour se laisser conduire par cette enfant."

"Elle est plus forte que ma femme", disait Gagnon. L'accusé lui a dit qu'il l'a battait dans le haut de la maison parce que la pièce était plus libre et que "son fouet n'accrochait pas". Quand il battait Aurore, l'accusé disait: "En as-tu assez", et Aurore répondait: "Je ne sait pas".

L'accusé a aussi dit au témoin que, lorsqu'il battait ainsi Aurore, "les jambes lui pliaient et que le sang coulait." En réponse à Me Francoeur le témoin dit que l'accusé lui a tenu ces propos hors la présence des enfants. Il ne se rappelle pas que l'accusé lui ait dit avoir battu Aurore l'année précédente. Il ne connaissait pas l'accusé pour un homme violent, mais plutôt pour un homme doux, tempéré, ne jurant pas.

MARGUERITE LEBEUF

Elle est la fille du témoin précédent et nièce de l'accusé, elle est ensuite entendu. Elle raconte que l'été dernier, elle est allée se promener une huitaine de jours chez l'accusé. Elle a vu souvent l'accusé frapper Aurore comme il a été dit. La mère encourageait l'accusé en disant qu'Aurore n'avait pas encore les fesses assez bleues.

Mlle Lebeuf a constaté des marques sur le corps d'Aurore, mais elle ne saurait jurer si ces marques avaient été causées par l'accusé ou sa femme. M. Lachance lui fait aussi raconter les mauvais traitements infligés à Aurore par la femme de l'accusé. C'est la répétition des faits relatés par ce témoins lors du procès de la femme Gagnon. M. Lavergne s'oppose à cette preuve, mais le juge la permet.

Mlle Lebeuf rapelle la circonstance où la femme Gagnon lui dit: "Regarde comme elle lave bien la vaiselle quand je la bat", et les autres atrocités que l'on sait. M. Francoeur intervient.

-"Comme on est en tran [train] de refare [refaire] le procès de la femme Gagnon, dt-l [dit-il], on devrat [devrait] retrer [retirer] les témoignages entendus au cours du derner [dernier] procès. Ce sera mons [moins] long".

Le juge: "Vous n'êtes pas sérieux, M. Francoeur".

M. Francoeur: "Je suis très sérieux et c'est pour cela que je suis ici. La Couronne veut exposer devant le jury les faits prouvés contre la femme Gagnon, qui a été trouvée coupable et condamnée à mort. Cela est fait dans le but de jeter de la confusion dans l'esprit du jury appelé à juger Télesphore Gagnon."

...C'EST LE TEMPS

M. Lavergne proteste aussi mais le juge déclare qu'il permet cette preuve. Ce sera au jury à juger s'il y a présomption que l'accusé en a eu connaissance ou non. Le témoin déclare qu'un jour l'accusé lui a dit: "Si tu veux la voir battre c'est le temps". Puis il a pris un fouet qu'il a accroché aussitôt après dans la cuisine. Le témoin a alors sorti pour aller à la grange et elle ne sait pas ce qui s'est passé alors, elle ne sait pas si l'accusé a battu

A suivre sur la page 21

LE CRIME DE SAINTE-PHILOMENE

Suite de la première page

Aurore cette fois-là.

L'accusé était mécontent parce que sa femme venait de lui raconter des malpropretés qu'aurait faites Aurore. Une autre fois, comme la femme Gagnon débitait des atrocités sur le compte d'Aurore, l'accusé dit à sa femme: "C'est inutile de la battre, j'aime autant frapper sur le poêle que sur elle".

En réponse à M. Francoeur, Mlle Lebeuf dit qu'elle comprend que la femme Gagnon rapportait ces atrocités à son mari pour le "monter" contre Aurore. Elle n'a jamais dit à son oncle la façon dont sa femme traitait Aurore. Pourquoi ? Elle n'y a pas pensé ? Elle était allée là pour voir comment cela se passait.

Sur ce le témoin se retire.

SEANCE DE SAMEDI MATIN

Plusieurs témoins ont été entendus à l'audience de samedi avant-midi, dans l'affaire Gagnon. Voici le compte rendu des dépositions faites à cette séance, laquelle a été marquée par un incident. Tandis que le juge interrogeait lui-même un témoin, M. Francoeur crut devoir intervenir pour protéger son cient [client] et le témoin. Il s'ensuivit d'un échange de paroles assez acerbes entre le juge et M. Francoeur.

LE DETECTIVE COUTURE

Le premier témoin entendu samedi a été le détective Lauréat Couture. Il a raconté qu'il est allé à Sainte-Philomène le 13 février dernier en compagnie du coroner Jolicoeur et du Dr Marois.A la demande du coroner, il a fait transporter le cadavre d'Aurore Gagnon de la maison de l'accusée dans le soubassement de la sacristie. Après l'enquête du coroner, il a arrêté Télesphore Gagnon et sa femme. C'était après les funérailles d'Aurore, à la sortie de l'église.

Les mêmes objets qui ont servi à la preuve dans le procès de la femme Gagnon servent aussi à celui du mari: manche de hache, manche de fourche, fouet, tissonnier, corde, etc.

Le détective déclare qu'il a vu du sang sur les murs et le plancher de la chambre où couchait Aurore. Il ne saurait jurer que c'est bien du sang humain. Il y avait comme des traces de pieds dans ce sang sur le plancher. Cette chambre est éclairée par une fenêtre et il y passe un tuyau de poêle.

-Le coroner, demande M. Francoeur, vous a donné instruction d'arrêter l'accusé et sa femme?
-Il m'a donné instruction d'arrêter Télesphore Gagnon, sa femme et Marie-Jeanne Gagnon.
-Aviez-vous un mandat ?
-Non.
-Etes-vous allé plusieurs fois chez Télesphore Gagnon ?
-Oui.
-Quand y êtes-vous allé pour la dernière fois ?
-Hier.
-Savez-vous où est la chambre de l'accusée ?
— Je ne le sais pas.

MADAME ARCADE LEMAY

Domiciliée à Sainte-Philomène, elle déclare qu'elle demeure dans une maison voisine de celle de l'accusé, à environ trois arpents.

M. Fizpatrick l'interroge:

-Télesphore Gagnon s'est marié deux fois, n'est-ce pas ?
-Oui.
-Quels enfants a-t-il eus de son premier mariage ?
-Marie-Jeanne, Aurore et Georges-Etienne.
-La femme de l'accusé était veuve quand elle s'est mariée à ce dernier ?
-Oui.
-Combien avait-elle eu d'enfants de son premier mariage ?
-Deux: Gérard et Georges
-Le jour de la mort d'Aurore Gagnon, êtes-vous allée dans la maison de l'accusé ?
-Oui.
-Y avez-vous vu l'accusé ?
-Il est arrivé là vers trois ou quatre heures de l'après-midi.
-Qu'a-t-il dit ?
-Il a demandé si l'on avait fait venir le curé. Sa femme a répondu que non. Il a fait remarquer qu'Aurore aurait bien dû se confesser de la façon dont elle se conduisait.
-L'accusé a-t-il fait quelque autre remarque?
-Il a dit: "Le monde va parler". J'ai ajouté: "Oui, le monde va parler et avec raison". Je vous ai averti que l'enfant avait besoin du médecin et rien n'a été fait."
-Qu'a-t-il répondu?
-Il n'a rien répondu.
-Avez-vous eu quelque autre conversation avec l'accusé quelque temps avant la mort d'Aurore?

Dans le cours de janvier dernier, Télesphore Gagnon et sa femme sont venus veiller chez nous. Il a parlé d'Aurore en disant: "Je l'ai battue, mais cela ne sert à rien de la battre, elle ne veut pas écouter, je ne la battrai plus. " Il parla de l'envoyer à l'Ecole de Réforme. Je lui fit remarquer que l'enfant était bien jeune pour cela et que le couvent conviendrait bien mieux. Il répondit que cela coûterait trop cher.

-Parlait-il souvent d'Aurore?
-Oui. Il disait que c'était une enfant bien dure à élever.

Une objection de M. Lavergne donna lieu à une expression d'opinion fort importante de la part du juge Désy. M. Lavergne faisait remarquer qu'avant d'exposer les mauvais traitement infligés à Aurore, il fallait que la Couronne prouvât la complicité de l'accusé avec sa femme.

Le Juge: "Comment? Voici une enfant de dix ans qui subit un martyr de six mois dans la maison de l'accusé. Il y a là une présomption brutale que l'accusé en a eu connaissance et qu'il a permis ce martyre.

"Si je vous constituais le gardien d'un chien, M. Lavergne, et que quelqu'un martyrisât ce chien dans une chambre voisine de la vôtre, je suis certain que votre instinct animal vous ferait avoir connaissance qu'on martyrise ce chien."

-Mais si l'accusé était absent, reprend M. Lavergne.
-Il n'était pas absent tout le temps, soutient le juge. Il vaut mieux tirer cette affaire au clair et exposer les faits. C'est la synthèse de mon opinion.

Le témoin fait ensuite la description de l'état dans lequel elle a trouvé Aurore Gagnon le jour de sa mort. Quand elle lui a parlé pour la dernière fois, elle lui a demandé si elle souffrait beaucoup et où elle ressentait le plus de mal. La petite lui a répondu que c'était surtout aux genoux qu'elle souffrait. Madame Lemay reconnaît la plupart des articles qu'on lui montre et qui ont été trouvés dans la chambre d'Aurore. Elle ne reconnaît cependant pas la paillasse. Elle se rappelle que c'est sur un petit drap gris qu'Aurore était couchée.

Interrogée par M. Francoeur, Madame Lemay dit que c'est à peu près dans le temps des fêtes que l'accusée et sa femme sont allés veiller chez les Lemay.

-Qui a commencé à parler d'Aurore, est-ce l'accusé ou sa femme?
-Les deux en ont parlé. Je ne sais pas qui a parlé le premier. Ils disaient qu'elle était têtue. Je leur ai dit de la mettre au couvent et ils m'ont répondu que cela coûtait trop cher.
-Où l'accusé a-t-il passé l'hiver jusqu'à la mort d'Aurore?
-Au chantier. Il a passé quelques jours à la maison.
-Le jour de la mort d'Aurore, est-il venu de lui-même à la maison ou bien si on l'a envoyé chercher?
-Ils l'ont envoyé chercher.

Par le juge:

-Etait-ce loin de sa maison, son chantier?
-A trois ou quatre milles.
-La chambre d'Aurore était-elle chaude, le jour de sa mort ?
-Oui.
-C'est dans cette chambre que jouaient les enfants ?
-On les entendait jouer en haut.
-La femme de l'accusé vous a-t-elle dit devant lui qu'Aurore faisait des saletés par terre ?
-Oui.
-A-t-elle dit des choses graves sur le compte d'Aurore?
-Oui, mais je sais que c'étaient des menteries.

Et le témoin rapporte ici les atroces calomnies par lesquelles la marâtre noircissait Aurore en présence de son père, atrocités qui ne peuvent être toutes rapportées.

MADAME OCTAVE HAMEL

Elle est la demi-soeur de l'accusé. Elle est interrogée par M. Lachance:

-Vous connaissiez Aurore Gagnon ?
-Oui.
-Quand l'avez-vous vue vivante pour la dernière fois ?
-Je l'ai vue en janvier dernier.
-Quand l'aviez-vous vue avant cela ?
-Je ne l'avais pas vue depuis un an.
-Quelle sorte d'enfant était-ce au physique ?
-C'était une enfant "résolue"
-Où était-elle quand vous l'avez vue en janvier dernier ?
-Elle était dans la cuisine.
-Avez-vous remarqué quelque chose chez elle ?
-J'ai remarqué qu'elle avait la figure noire, les yeux enflés et les jambes plaquées. Elle avait froid et se tenait près du poêle.
-Qui vous fait dire qu'elle avait froid ?
-Elle tremblait.
-Avez-vous fait quelques remarques à l'accusée?
-Je lui ai fait remarquer qu'Aurore avait les yeux noircis.
-A-t-il dit comment cela se faisait qu'elle avait les yeux noircis?
-Il a dit qu'il ne savait pas pourquoi.
-Est-ce que vous n'avez pas lavé l'enfant?
-Oui, je l'ai lavée.
-A-t-il été question de corrections données à l'enfant?
-Mon frère m'a dit qu'il ne voulait plus la battre, vu que cela ne servait à rien.
-Est-ce qu'elle ne boitait pas?
-Oui, elle boitait. Elle dit qu'elle avait une écharde sous le pied.

Par le juge:

-A-t-elle dit cela d'elle-même?
-Non la femme de Télesphore a d'abord dit: "Tu t'es planté une écharde". Et Aurore a répondu oui.
-Etait-ce une enfant ordinaire?
-Oui, mais elle ne parlait pas.

Interrogée par M. Francoeur:

-Télesphore a-t-il dit quelque chose à Aurore ce jour là?
-Il lui a dit d'aller se coucher. Je lui ai dit de se couvrir comme il faut.
-La femme de l'accusé a-t-elle parlé des bobos d'Aurore?
-Elle a dit: C'est de la tuberculose. Nous allons tous mourir comme cela.
-La femme de l'accusé n'a-t-elle pas dit qu'Aurore avait fait une chute sur le panneau du poêle?
-Oui.
-Et qu'est-ce qu'Aurore a dit là-dessus.
-Elle a dit que c'était vrai.
-Quand Télesphore vous a dit que vous seriez surprise si vous voyiez la partie postérieure d'Aurore, qu'avez-vous compris?
-Je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire.

Me Francoeur demande ensuite au témoin de répéter les calomnies dont la marâtre abreuvait Aurore devant son mari. Madame Hamel répète quelques-unes de ces choses.

-Que disait l'accusé quand il entendait sa femme dire ces choses?
-Il disait qu'il était découragé et qu'il craignait de devenir fou.
-Avez-vous conseillé à la femme de Télesphore de faire quelque chose pour les humeurs d'Aurore?
-Je lui ai dit de la laver à l'eau bouillie. Elle m'a répondu qu'elle avait fait cela et que cela ne servait à rien. Elle dit qu'Aurore sortait dehors nu-pieds, qu'elle avait pris du froid et que c'était cela qui lui montait à la tête.
-Est-ce en présence de son mari que la femme a déclaré qu'elle ne voulait pas dépenser $50 pour faire soigner Aurore?
-Il était sorti.

Le juge:

-Eclaircissons bien ce point. C'est important. Rapportez tout ce que la femme de l'accusée a déclaré en présence de l'accusé.

Le témoin commence à répondre en hésitant. Me Francoeur veut intervenir.

-N'intervenez pas, dit le juge.
-J'ai le droit d'intervenir, dit Me Francoeur, dans l'intérêt de la justice. Le témoin est dans une situation délicate. C'est la soeur de l'accusé et elle commet souvent des confusions qui peuvent induire les jurés en erreur. J'ai le droit d'intervenir. Si la Cour prétend que je n'ai pas le droit d'intervenir, je me soumettrai, mais je soutiens que j'ai le droit. Que le juge pose des questions au témoin, mais qu'il ne procède pas comme il le fait.

Finalement, Madame Hamel déclare qu'elle n'a pas remarqué si telle ou telle chose a été dite par la femme de Télesphore en présence de ce dernier. Cela règle la question.

ADJUTOR GAGNON

Cultivateur, de Sainte-Philomène, il est le témoin suivant. Il est interrogé par M. Lachance. Il demeure à trois arpents de chez Télesphore Gagnon. Il est allé chez ce dernier le soir du 18 janvier. Télesphore était là. Il a remarqué qu'Aurore avait les yeux noircis. La mère a dit que c'était parce qu'elle était sortie dehors nu-pieds.

-Qu'a dit Télesphore ?
-Je ne me rappelle pas qu'il ait parlé.

N'a-t-il pas parlé d'Aurore ?

-Il a dit que c'était une enfant bien dure à élever. Il a dit qu'il l'avait battue, mais qu'il ne la battrait plus, parce que cela ne servait à rien.
-Que faisait Aurore pendant ce temps ?
-Elle lavait la vaiselle. Son père lui a dit: "M... tête de pioche, va laver la vaiselle."
-Avez-vous remarqué qu'elle avait quelque chose aux jambes et aux pieds?
-Non, je n'ai pas remarqué.

Le témoin relate ensuite les calomnies débitées par la marâtre contre Aurore.

EMILIEN HAMEL

Emilien Hamel, âgé de 16 ans, de Saint-Jean-Deschaillons, est le dernier témoin de cette audience. Il est le neveu de l'accusé. Il a demeuré une quinzaine de jours dans la maison de ce dernier à la fin de mars 1919. Il faisait du bois de chauffage sur la terre de son oncle. Un jour, sa tante a dit à son mari: "Bats-la, elle ne veut pas laver la vaiselle". Son oncle a pris un éclat de bois et il en a donné dix coups sur les jambes d'Aurore. Il la battait fort. Cela est arrivé deux fois.

-Que faisait Aurore durant ce temps?
-Elle pleurait.
-Et lui, que disait-il?
-Il ne disait rien.
-La condamnée a-t-elle battu Aurore devant son mari?
-Oui.
-Avec quoi?
-Avec une hart.

Le témoin ajoute qu'Aurore était une enfant qui se conduisait bien. En réponse à M. Francoeur, il dit que Télesphore Gagnon battait Aurore comme les autres parents battent généralement leurs enfants. A midi et trente, la Cour s'ajourne à ce matin, lundi.

Source: Correspondant La Presse, "Le crime de Sainte-Philomène. Gagnon battait l'enfant dans le haut de la maison, parce que la pièce était plus libre et que son fouet "n'accrochait pas"," La Presse (Montréal), avril 26, 1920.

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