Aurore - Le mystère de l'enfant martyre
   
 

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Le Devoir 22 avril 1920, p. 8

A QUEBEC

CONDAMNEE A L'ECHAFAUD

LA FEMME GAGNON EST TROUVEE COUPABLE DU MEURTRE DE SA BELLE-FILLE, AURORE GAGNON. - LE JUGE PELLETIER A FIXE L'EXECUTION AU PREMIER OCTOBRE.

Québec, 22. - (D.N.C.) - Après quinze minutes de délibération, le jury a rendu, hier après-midi, vers 4 h. 30, un verdict de culpabilité contre la femme Gagnon, née Houde (Marie-Anne) qui était accusée d'avoir causé par de mauvais traitements la mort de sa belle-fille, Aurore Gagnon. Le juge Pelletier l'a immédiatement condamnée à être pendue le 1er octobre prochain.

Les plaidoiries et l'adresse du juge ont duré toute la journée. Le juge Pelletier, qui a parlé pendant trois heures, a été très sévère pour l'accusée dans son appréciation des faits de la cause.

Une foule considérable se pressait dans la cour criminelle lorsque le jury s'est présenté pour rendre son verdict. Après que le chef du jury eut déclaré tout court que les jurés étaient d'accord dans leur verdict: coupable de meurtre, le juge a suspendu l'audience pendant quelques minutes.

A la reprise, Me Fitzpatrick, procureur de la Couronne, a demandé que la sentence de mort soit prononcée contre l'accusée. Le juge a alors porté la sentence de mort suivant la formule usuelle. La femme Gagnon sera pendue le vendredi, 1er octobre prochain. En entendant la sentence, après qu'en son nom Me Francoeur eût déclaré qu'elle n'avait rien à dire, l'accusée a éclaté en sanglots. Le juge lui-même, étreint par l'émotion, a eu peine à terminer la sentence, et pleurait en disant d'une voix presque imperceptible: "Que Dieu ait pitié de votre âme". Lorsqu'il est descendu du banc, on a dû l'aider à regagner sa chambre où il s'est écrasé sur une chaise. Un silence profond régnait dans la cour et une émotion non moins grande se reflétait sur toutes les figures. Malgré l'effet qu'a produit sur elle la sentence de mort, l'accusée a pu sortir seule de la tribune des accusés, accompagnée des gardes, pour retourner à la prison.

Pendant l'adresse du juge, dont plusieurs passages ont été très pathétiques, on a remarqué que trois des jurés pleuraient.

C'est l'un des procès les plus sensationnels qui se soient déroulés aux assises de Québec, qui vient de se terminer. Le prochain sera très probablement celui des Remillard, également accusés de meurtre. Il se peut que le juge Pelletier, dont la santé laissait déjà à désirer, et qui a été fortement affecté par les graves et pénibles devoirs qu'il a été appelé à remplir en prononçant trois condamnations à mort en dix jours, ne puisse présider la fin du terme.

Source: Correspondant Le Devoir, "A Québec. Condamnée à l'échafaud," Le Devoir (Montréal), avril 22, 1920.

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