Les recherches pour retrouver Franklin au vingtième et au vingt-et-unième siècles

Au vingtième siècle, les recherches pour trouver des traces de la dernière expédition Franklin ont été poursuivies, parfois de façon opportuniste par des visiteurs voyageant dans la région pour d’autres motifs et, à d’autres occasions, de façon systématique par des professionnels au cours d’expéditions financées expressément pour trouver des éléments de preuve. Parmi les visiteurs, on retrouve Knud Rasmussen qui a fait des entrevues avec plusieurs Netsilingmiuts lorsqu’il a visité la région au début des années 1920, ce qui a permis de confirmer la continuation de la tradition orale inuite sur Franklin plusieurs décennies après la disparition des équipages. Au cours des décennies suivantes, d’autres visiteurs ont découvert de nouveaux renseignements ou des artéfacts. Les découvertes faites pendant les 75 années suivant la disparition de Franklin ont été réunies dans une carte détaillée de l’Amirauté de 1927, produite par Rupert T. Gould et reproduite ici.

Quant à l’apport des professionnels, on retrouve en 1984 l’archéologue Owen Beattie qui a examiné la dépouille émaciée de John Torrington, un des trois membres d’équipage de Franklin enterrés dans des tombes peu profondes à l’île Beechey où les navires ont hiverné en 1845-1846. Beattie a pu faire une analyse médico-légale qui a révélé la présence de facteurs ayant pu contribuer à la mort de Torrington et possiblement à celle de plusieurs autres membres d’équipage. En effet, Beattie a trouvé des niveaux élevés de plomb dans les os de Torrington et le plomb est un poison qui peut provoquer la maladie mentale et la mort. Cette découverte a mené à l’hypothèse selon laquelle l’empoisonnement par le plomb provenant d’une quelconque source à bord des navires pourrait avoir causé la mort ou la maladie des membres d’équipage.

Dans les années 1990 et au tournant des années 2000, le capitaine David Woodman a mené plusieurs expéditions pour retrouver les navires de Franklin. À l’aide de magnétomètres transportés par deux avions, son équipe a relevé plus de 60 objets de nature magnétique dont cinq correspondaient aux caractéristiques de l’Erebus et du Terror. Il a aussi collaboré avec Robert Grenier, archéologue principal de Parcs Canada, et avec l’archéologue Margaret Bertulli dans une expédition utilisant la technologie sonar pour étudier plus en profondeur les secteurs magnétiques prioritaires qu’il avait relevés en 1992. Woodman et d’autres collègues sont retournés en 1994, 1995, 2001, 2002 et 2004. Ils n’ont pas trouvé les navires, mais ils ont découvert des artéfacts ayant probablement appartenu aux équipages de Franklin sur une petite île au nord-est de l’île O’Reilly.

Les Inuits ont aussi joué un rôle important dans les expéditions du vingtième siècle. Louie Kamookak, un chercheur expérimenté de Gjoa Haven au Nunavut, a participé à plusieurs expéditions dans les années 1990 et 2000. En fait, il est la personne qui a participé au plus grand nombre d’expéditions. Dans les mêmes années, l’auteure Dorothy Eber a assemblé une importante collection de témoignages inuits dans diverses communautés possédant des renseignements sur les équipages de Franklin. Transmis de génération en génération, ces récits ont démontré le savoir remarquable des Inuits et ont également permis de trouver de nouveaux détails émanant de témoins inuits de l’époque Franklin.

L’exactitude et l’importance des témoignages inuits ont été démontrées de façon tangible par la découverte en 2014 de l’épave du vaisseau amiral de Franklin, le HMS Erebus, retrouvé par Parcs Canada et ses partenaires. Depuis les années 1860, les récits inuits parlent d’un navire abandonné dans les environs de l’île O’Reilly dans le golfe de la Reine-Maud. Leurs témoignages ont permis de concentrer les recherches et de retrouver le navire.

Parmi les nouveaux récits que les Inuits ont partagés avec Dorothy Eber se trouve le récit fascinant du possible hivernage d’un des navires de Franklin et de membres d’équipage à Imnguyaaluk (l’île de la Royal Geographical Society) au large de la côte ouest de l’île du Roi-Guillaume. Se pourrait-il qu’il s’agisse du navire retrouvé plus au sud près de l’île O’Reilly? Lisez les extraits des témoignages inuits.

Dans le cadre de l’expédition de Parcs Canada en 2016, l’équipe de l’ARF (Arctic Research Foundation) à bord du navire scientifique Martin-Bergmann a découvert l’épave du HMS Terror en bon état de conservation près de l’île du Roi-Guillaume.

Sunken ship