Une zone de contacts

En plus d’être la terre ancestrale inuite et le site du passage du Nord-Ouest, l’Arctique du dix-neuvième siècle est un lieu de contacts interculturels. L’histoire rédigée par les Européens et l’histoire orale transmise par les Inuits ont généralement en commun le fait que les rencontres entre les deux cultures auraient été entamées au seizième siècle par les marins anglais Martin Frobisher et John Davis qui exploraient le détroit de Davis et la baie de Baffin. Au cours des trois siècles suivants, un contact interculturel généralement de courte durée et d’envergure limitée sera le fait de quelques commerçants et baleiniers qui passaient par cette région. Cependant, lorsque l’Amirauté britannique reprend sa quête pour le passage du Nord-Ouest au début du dix-neuvième siècle, plusieurs navires feront le voyage pour cartographier la région. Le contact entre les deux groupes se transformera, passant des sentiments de surprise et de peur au respect mutuel et à l’entraide.

Des stratégies différentes

Les modes de transport. Les explorateurs britanniques privilégiaient les grands navires en bois pour se rendre dans la région, y ajoutant des chaloupes et des traineaux pour les transports par voie terrestre. Ces gros navires et ces plus petites chaloupes étaient-ils appropriés pour les eaux arctiques souvent obstruées par les glaces? Jusqu’à quel point les traîneaux britanniques, très gros et encombrants, étaient-ils appropriés alors que les explorateurs devaient les tirer eux-mêmes pour les faire avancer? Comment se comparaient-ils aux traîneaux à chiens plus légers et aux moyens de transport maritime très différents des Inuits?

Le HMS  dans les glaces, 19e siècleLe HMS Erebus dans les glaces, 19e siècle

Plan de l’Amirauté pour une chaloupe et un taud en toile, 1847Plan de l’Amirauté pour une chaloupe et un taud en toile, 1847

La nourriture et le logement. Au cours des expéditions arctiques du dix-neuvième siècle, les Britanniques vivaient généralement à bord de leurs navires. Ils apportaient toutes leurs provisions, la plupart obtenues de stations de ravitaillement de la Marine royale à Deptford près de Greenwich à l’est de Londres. Les expéditions britanniques incluaient un grand nombre d’équipiers et n’avaient pas la flexibilité d’un petit groupe comme un groupe de chasseurs inuits.

Le temps occidental et le temps inuit

Une des différences majeures entre les deux cultures est difficile à voir, comme le soutient l’historien Lyle Dick dans un court essai ( « Une question de temps ») extrait de Muskox Land, l’histoire de l’île Ellesmere qu’il a rédigée.

Chronomètre de poche de l’expédition FranklinChronomètre de poche de l’expédition Franklin

Boussole d’inclinaisonBoussole d’inclinaison

Deux oculaires de sextantDeux oculaires de sextant

Apprendre les uns des autres

Les deux groupes avaient adopté des stratégies fort différentes pour survivre dans l’environnement arctique. Mais dans les années qui ont suivi l’expédition Franklin, chaque groupe à réagi à l’autre et en a été changé. Pour les Inuits de cette période, l’importance du contact était très limitée : ils étaient principalement intéressés par le bois ou le métal, des matériaux d’une grande rareté en Arctique. Lorsqu’ils ont découvert ces matériaux sur les navires de Franklin, ils en ont fait de nouveaux outils de travail ou de chasse. Pour leur part, les enfants aimaient jouer avec les nombreux artéfacts trouvés dans les navires.

Convaincus de la supériorité technologique de leur culture, les explorateurs, tout comme les autres Européens, considéraient souvent les Inuits et les autres nations autochtones comme des peuples « primitifs » et faisaient peu d’efforts pour étudier leurs modes de vie ou pour chercher à comprendre comment ils s’étaient adaptés aux rigueurs de l’Arctique, à tout le moins au début. Bien que la majorité des explorateurs européens de cette période, incluant des expéditions américaines et britanniques, ne cherchaient pas à rencontrer des Inuits ou à apprendre ce qu’ils savaient de l’expédition Franklin, les habiletés et le savoir des Netsilingmiuts ont néanmoins été d’un grand secours à plusieurs groupes d’explorateurs, dont les membres des expéditions de John Rae, de Francis Leopold McClintock, de Charles Francis Hall et de Frederick Schwatka, comme en témoignent de nombreux documents sur le site.

Découvrez l’histoire orale inuite dans la section Témoignages inuits . Ces témoignages ont été recueillis par Rae, McClintock, Hobson, Hall et Schwatka. Vous apprendrez comment le savoir inuit a aidé les Inuits non seulement à survivre, mais aussi à prospérer en Arctique.

Sunken ship