Hall rend visite à des Inuits (1879 )

DOCUMENT C

QUELQUES NOTES LORS D’UN TRAJET EN TRAINEAU.

I. — INFORMATION RECUEILLIE LE 8 MAI 1869.

Alors qu’il était assis dans la tente d’Ow-wer, Crozier avait un petit livre et il prenait des notes. Dans la tente, il a dit "Ag-loo-ka wonger", en tapotant sa poitrine. A l’extérieur, il a dit qu’il allait à I-wil-lik, en faisant des gestes dans cette direction avec sa main. Pas de chien avec le groupe d’Ag-loo-ka; des now-yers, des oies et des canards attachés à la chaloupe. Seulement un homme très gras; les autres tous en mauvaise santé. Un homme avec Crozier dans la tente d’Ow-wer a dit, Tier-kin wonger. Un homme avec une dent du haut manquante et un avec des marques sur le bord ou l’arête du nez. On pense qu’il y avait peut-être des problèmes parmi les hommes; mais ce n’était pas le cas. Ils montaient la tente et se sont arrêtés, dévisageant les Inuits. Lorsque Crozier leur a parlé, ils se sont tout de suite remis au travail. Les Inuits ont laissé Crozier et ses hommes au campement et sont partis vers l’intérieur des terres soupçonnant qu’ils avaient abandonné des hommes affamés. Crozier leur a décrit la glace détruisant leur vaisseau, ses hommes qui mouraient; les Inuits ont pleinement saisi le sens de ses paroles plus tard. Un auvent sur le bateau, comme un toit. Crozier ne portait pas d’épée. Crozier et son groupe étaient dans une petite baie lorsque les Inuits les ont vus pour la première fois. Un homme louchait ou plissait des yeux. La même chaloupe trouvée sur le continent (ou plutôt une île, comme la marée est haute sur le côté ouest de l’anse de la pointe Richardson).

Pendant qu’il était dans la tente d’Ow-wer, Crozier a mangé un morceau de phoque, cru, à peu près de la grosseur de l’index et des autres doigts jusqu’à la première jointure.

II. — 11 MAI 1869.

Poo-yet-ta a été le premier Inuit à trouver les dépouilles des cinq blancs. Les dépouilles, certaines non enterrées, mais certaines couchées dans les parties hautes de l’île, proches les unes des autres et complètement vêtues; de la chair sur tous les os et non mutilées par les animaux. A côté du corps de Too-loo-a il y avait une conserve de viande. La conserve trouvée par Poo-yet-ta à côté du corps de Too-loo-a n’avait pas été ouverte. Elle a été ouverte par les Inuits qui y ont trouvé de la viande et beaucoup de tood-noo. Pas de mauvaises odeurs. Les Inuits ont mangé le contenu. La viande et le gras très sucrés et très bons. Un couteau de poche trouvé dans la poche d’un des cinq hommes.

La tombe des deux hommes (blancs) enterrés à la pointe de la terre du Roi-Guillaume sur le côté est de l’embouchure de la rivière Pfeffer a été trouvée par Nee-wik-tee-too, un Inuit neitchille maintenant mort. Sa veuve est la vieille femme avec la tête tremblotante du vingt-septième campement que j’ai vue lorsque j’y étais. Les corps enterrés en mettant des pierres autour et dessus; les dépouilles sur le dos et les mains pliées d’une manière très précise en travers de la poitrine de chacun; complètement vêtus; la chair sur tous les os. Dans le dos de chacun, il y avait un couteau suspendu. Les corps parfaits lorsque trouvés, mais les Inuits ayant laissé les dépouilles non enterrées après les avoir déterrées, les renards ont depuis mangé la chair et les tendons de tous les os. Un campement de blancs près de l’endroit où les deux hommes avaient été enterrés. Plusieurs aiguilles et un clou trouvés par les Inuits à ce campement.

Ces dépouilles ont été trouvées le même printemps que celles de cette île, Kee-u-na. Comme il n’y a aucun moyen de subsistance pour un être vivant sur cette île, elle est donc nommée Kee-u-na.

La chaloupe sur le côté ouest de l’anse – le côté ouest de la pointe Richardson – a été trouvée la même saison de la même année que les dépouilles de Kee-u-na. Un baril de poudre trouvé à la chaloupe et presque tout le contenu déversé sur le sol; un fusil ou deux trouvés là. La nature et l’utilité de ces choses inconnues des Inuits jusqu’à leur rencontre avec le Dr Rae en 1854 à la baie de Pelly. Poo-yet-ta avait vu les fusils d’Ag-loo-ka lorsqu’il était à Neitchille, mais il ne connaissait pas la nature du sable noir (poudre). Un igloo détruit en milliers de morceaux par un jeune fils de Poo-yet-ta et un autre garçonnet qui avaient joué avec la boîte à poudre et dedans il restait de la chose noire. Ils ont laissé tomber du feu dans la boîte par l’ouverture; leurs visages étaient terriblement brûlés et noircis après l’explosion; personne n’est mort, mais l’igloo complètement démoli. Lorsque trouvées, la tombe et la dépouille étaient dans le même état de perfection méthodique que l’étaient les deux à l’embouchure de la rivière Pfeffer. Cette tombe sur la terre du Roi-Guillaume franc nord de Kee-u-na. Le corps déterré et laissé déterré par les Inuits. L’homme blanc était très gros et grand, et par l’état des gencives et des dents il était très malade (mauvais état) comme l’a décrit In-nook-poo-zhee-jook.

III. — CONVERSATION DANS UN IGLOO SUR L’ÎLE DE TODD, 14 MAI 1869.

Maintenant midi et l’épouse de Tük-pee-too présente dans notre iglou à ma demande, car j’avais compris qu’elle avait vu des os de squelettes des cinq hommes qui sont morts sur l’île Kee-u-na (île de Todd); son nom, E-vee-shuk. Avec l’aide de Jack comme interprète, je lui pose deux questions : as-tu vu quelque chose des hommes qui sont morts sur cette île? Réponse. Elle a vu cinq crânes d’hommes blancs qui sont morts ici il y a longtemps. As-tu vu Too-loo-ark? Réponse. Elle a vu les corps de quatre hommes blancs à un endroit sur l’île et Too-loo-ark un peu à l’écart des quatre. Lorsqu’elle les a vus la première fois chair et vêtements sur tous les hommes; les corps entiers; et après avoir monté les tupiks [tentes] tout près, les chiens ont dévoré presque toute la chair des kob-lu-nas. C’était quelque temps après avoir vu les cinq crânes qu’elle a dit avoir vus. Elle a vu ces corps entiers un hiver après que Poo-yet-ta les eut trouvés et les vêtements que ces hommes portaient étaient noirs; — leurs kum-mins (bottes) étaient du même type de cuir que la ceinture que j’avais donnée à In-nook-poo-zhe-jook; du cuir tanné des Etats-Unis. Ces hommes étaient-ils enterrés? Réponse. Non, ils étaient couchés comme ils étaient morts, sur le dessus du sol. Où sont les squelettes maintenant? Réponse. Sur l’île, certains à un endroit et certains à un autre, mais tous sont sous la neige; nous avons tenté de les trouver depuis notre arrivée ici, mais le couvert de neige est si épais, impossible de trouver même un os. Lorsque la neige est partie on peut voir les os. As-tu déjà entendu parler d’hommes blancs qui sont morts à Ke-ki-tuk-ju-a (île de Montréal)? Non, jamais. Es-tu déjà allée à l’endroit où la chaloupe avec plusieurs kob-lu-nas morts a été trouvée par les Inuits de l’autre côté du détroit? Oui, j’ai été là-bas. Où est cet endroit? Je lui montre maintenant la carte de Rae, je lui avais déjà montrée mais pas dans le même but. En vérifiant la position de la pointe Ogle, de l’île Miscononchie et de la pointe Richardson, elle met le doigt sur le côté ouest de l’anse du côté ouest de la pointe Richardson et dit que c’était l’endroit où la chaloupe avait été trouvée. Y as-tu vu des ossements d’hommes blancs? Elle en a vu; la terre est basse et boueuse là-bas; l’eau de mer est aussi près; elle a vu des morceaux de la chaloupe, après que les Inuits l’ont brisée. Est-ce que les os – les os de squelettes – peuvent être vus là depuis que la neige et la glace sont parties? Réponse. Elle ne pense pas car c’est si boueux là-bas et la boue est si liquide qu’ils ont tous sombré au fond. Elle continue : le corps d’un homme lorsque trouvé par les Inuits la chair est toute là et non mutilée sauf pour les mains sciées aux poignets – le reste beaucoup avait eu la chair coupée comme si un ou plusieurs l’avait coupée pour manger.

Je vais maintenant plus loin sur cette île que l’endroit où est notre igloo afin que cette femme me montre où elle a vu les cinq morts avant qu’ils ne soient mangés en partie par les chiens.

Tuk-pee-too et son épouse E-vee-shuk, avec un de leurs petits, ont marché avec moi, la femme m’amenant à l’endroit où les cinq hommes sont morts. C’est à l’extrémité sud-est de l’île à moins de 20 brasses de la rive. Je viens de marquer l’endroit où nous érigerons un monument sur lequel nous rendrons humblement hommage aux nobles morts.

Illustrations des sources (3)

À propos de ce document

  • Auteur: Charles Francis Hall
  • Publication: Narrative of the Second Arctic Expedition Made by Charles F. Hall
  • Publié par: Government Printing Office
  • Lieu: Washington D.C.
  • Date: 1879
  • Page(s): 606-608
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