LES PRISONNIERS DE BIDDULPH.

Le deuxième procès des hommes accusés du meurtre des Donnelly a débuté à London lundi dernier. Il y a plusieurs mois, nous avons constaté que ces personnes avaient été jugées sur des préjugés populaires, puis en avons fait part au procureur général. Le seul fait d’avoir tenté de changer de juridiction sentait la corruption judiciaire, même si dans les faits, cela n’a pas été admis par le juge qui a rejeté la demande de la Couronne auprès du conseil. On avait demandé que les prisonniers soient libérés sous caution une fois leur acquittement prononcé par la majorité d’un jury, parce qu’on jugeait que leur élargissement pour quelque temps était nécessaire pour leur permettre de réunir les sommes afin d’assurer de nouveau leur défense. Le rejet de cette requête par le procureur général était si gratuit, que celui-ci a pris une très lourde responsabilité en mettant ces hommes en accusation alors que leurs moyens de défense étaient plus ou moins sérieusement compromis. Puisque les vies de tant de gens ont déjà été exposées injustement et peut-être à tort, il devra, s’il veut avoir l’esprit tranquille, veiller à ce que les préjugés populaires, qui ont condamné trop tôt ces hommes, ne soient en aucune façon acceptés pendant la poursuite.

Le procureur général est tenu à un devoir particulier envers Purtell. Cet homme, un des prisonniers, s’appuie sur un alibi corroboré par le Dr McGrath. Après la mort du docteur, la défense ne pouvait plus recourir à son témoignage; car bien qu’il ait été consigné, il est inadmissible parce qu’il a été fait avant la date à laquelle un tel témoignage aurait pu être admissible. La vie de Purtell dépend par conséquent de la restriction arbitraire d’une loi. D’autres témoins en sa faveur ont été tués dans un accident de train depuis qu’ils ont déposé leur témoignage au dernier procès; cela met aussi sa vie en danger, en plus des opérations judiciaires. Alors que nous demandons à M. Mowat de recommander à l’avocat de la poursuite d’être raisonnable et de ne pas tenir compte des conclusions prévisibles issues des préjugés populaires envers les prisonniers en général, nous lui demandons avec encore plus d’insistance de présenter et de faire adopter sur-le-champ par la Chambre d’assemblée un bref projet de loi donnant à Purtell le bénéfice du témoignage du Dr McGrath et d’autres qui, ayant témoigné en sa faveur au premier procès, sont maintenant décédés.

Source: Unknown, "The Biddulph Prisoners," Irish Canadian, janvier 27, 1881.

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